Antibiotique - Définition

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Les antibiotiques (du grec anti : contre, et bios : la vie) sont des substances chimiques qui ont une action spécifique avec un pouvoir destructeur sur les micro-organismes. Elles sont dépourvues de toxicité pour les autres cellules.

Ces molécules peuvent avoir une action drastique, c’est-à-dire bactéricide; leur efficacité peut être également limitée à empêcher le développement des micro-organismes (action bactériostatique).

Le terme antibiotique est réservé à l'action d'une molécule (Une molécule est un assemblage chimique électriquement neutre d'au moins deux atomes, qui...) sur les bactéries. Pour les autres micro-organismes, nous devons employer le terme d'antifongiques pour lutter contre les champignons, ou d'antiviraux pour lutter contre les virus (Un virus est une entité biologique qui nécessite une cellule hôte, dont il utilise...).

Généralités

Description, spécificité

Une substance antibiotique est donc un médicament (Un médicament est une substance ou une composition présentée comme possédant...) qui a pour effet de tuer des bactéries de façon ciblée. Il se distingue d’un antiseptique (Un antiseptique, appelé aussi antibactérien, est une substance qui tue ou prévient...) qui détruit tout (Le tout compris comme ensemble de ce qui existe est souvent interprété comme le monde ou...) germe (En botanique, un germe est un embryon de plante contenu dans une graine. Le terme désigne...) et parfois même la cellule, de manière non ciblée. Remarque : un antiseptique est un désinfectant non ingéré.

Historique et importance de la découverte

Le premier antibiotique, identifié dès la fin du XIXe siècle par Ernest Duchesne, fut la pénicilline (Les pénicillines sont des antibiotiques bêta-lactamines. À la base, la...). Ses propriétés furent redécouvertes par hasard (Dans le langage ordinaire, le mot hasard est utilisé pour exprimer un manque efficient, sinon...) en 1928 par Sir Alexander Fleming (Sir Alexander Fleming (6 août 1881, Lochfield (Ayrshire) - 11 mars 1955,...) qui s'aperçut que certaines de ses cultures bactériennes dans des boîtes de Petri oubliées avaient été contaminées par les expériences de son voisin de paillasse sur un champignon : le penicillium notatum. Mais l’importance de cette découverte, ses implications et ses utilisations médicales ne furent comprises et élaborées qu’après sa redécouverte, entre les deux grandes guerres.

Nota : les antibiotiques existent en fait dans la nature, utilisés par exemple depuis des millénaires par certaines espèces de fourmis, mais nous ne l'avons constaté que très récemment.

Le premier antibiotique (de synthèse) a ouvert une voie nouvelle dans la lutte contre de nombreuses maladies qui étaient considérées comme incurables auparavant. Les antibiotiques ont augmenté l'espérance de vie (L'espérance de vie est une donnée statistique. Elle est censée permettre de connaître la durée...) de ceux qui y ont accès d'environ 15 ans. Comparativement, un médicament qui guérirait 100% des cancers n'augmenterait l'espérance de vie (La vie est le nom donné :) que de 5 ans.

Résistance croissante des bactéries

De nos jours (Le jour ou la journée est l'intervalle qui sépare le lever du coucher du Soleil ; c'est la...), beaucoup d’antibiotiques sont connus, mais leur surconsommation entraîne des résistances de certaines bactéries à certains d'entre eux, et même des multirésistances (cas du staphylocoque doré), au point (Graphie) de rendre à nouveau incurables les premières maladies que nous avions traitées avec succès avec les antibiotiques...

Le mécanisme le plus probable de cette résistance est sans doute que l’antibiotique utilisé crée une pression (La pression est une notion physique fondamentale. On peut la voir comme une force rapportée...) de sélection, qui favorise la sélection de mutations naturelles (même rares), qui confèrent à la bactérie (Les bactéries (Bacteria) sont des organismes vivants unicellulaires procaryotes, caractérisées...) une résistance à l’antibiotique en question et donc un avantage sélectif. Certaines bactéries (bactéries dites compétentes) sont capables d'intégrer de l'ADN exogène (présent dans le milieu) et donc d'acquérir potentiellement des gènes de résistance aux antibiotiques d'une autre espèce (Dans les sciences du vivant, l’espèce (du latin species, « type »...) bactérienne.

Comment choisir l'antibiotique à utiliser

Le choix de l'antibiotique dépend du germe responsable, de la localisation de l’infection et du terrain (insuffisance rénale ou hépatique, notion d’allergie...). Il peut être orienté par l'antibiogramme : le germe responsable est mis en culture (La définition que donne l'UNESCO de la culture est la suivante [1] :) dans une boîte de gélose contenant plusieurs pastilles d’antibiotiques qui vont inhiber plus ou moins le développement du micro-organisme (Un micro-organisme (du grec μικρός, mikrós,...), ce qui permet de comparer la sensibilité des bactéries à tel ou tel antibiotique.

un antibiogramme
un antibiogramme

Certains antibiotiques sont bactéricides, c’est-à-dire, tuent les bactéries. D’autres ne sont que bactériostatiques, c’est-à-dire empêchant le développement du germe.

Les familles d’antibiotiques

Il existe plus de 10 000 molécules antibiotiques, mais seulement une centaine, dont un quart pénicillines, sont efficaces et utilisables. La plupart des antibiotiques sont produits par des procaryotes, des champignons, des végétaux supérieurs, des animaux ou des lichens.

Le mode d’action des antibiotiques

Action sur la paroi bactérienne (La paroi bactérienne est un élément de la structure bactérienne présent chez toutes les...)

Ces antibiotiques agissent sur des cibles extracellulaires et ne sont actifs que sur les germes en croissance. Les cellules au repos ne sont pas perturbées par l’action de ces molécules.

Les antibiotiques bloquent la synthèse de la paroi, la cellule s’allonge sans faire de paroi (cloison) et elle explose sous l’effet de la pression osmotique interne (En France, ce nom désigne un médecin, un pharmacien ou un chirurgien-dentiste, à la...). Si on ajoute un stabilisant osmotique, on obtient un protoplaste.

Exemples :

  • la bacitracine
  • la pénicilline
  • les céphalosporines : ces protéines interviennent en insérant de courtes chaînes de peptidoglycane (Le peptidoglycane (ou muréine, ou mucocomplexe, ou mucopeptide) est un polymère de...) (PDG) dans la structure pariétale.

Action sur la membrane des cellules

  • La polymyxine : il s’agit d’un surfactant (détergent) qui agit avec les lipides membranaires et qui désorganise la bicouche phospholipidique membranaire. Ceci détruit l’intégrité de la membrane, les éléments hydrosolubles sortent de la cellule. Cette molécule est efficace sur les cellules en croissance et au repos.

Action sur l’ADN

  • La mitomycine est une molécule dont la structure est asymétrique. Elle se fixe sur les brins de l’hélice d’ADN et établit un pontage (Le pontage est une technique chirurgicale datant des années 1960 permettant de contourner les...) entre eux. Ceci empêche la réplication de l'ADN en bloquant la progression de l’ADN polymérase (Les polymérases (nom tiré de polymère) (EC 2.7.7.6/7/19/48/49) sont des enzymes qui...).
  • L’actinomycine : le mécanisme est identique à celui de la mitomycine, mais cette molécule est symétrique. En se fixant sur les deux brins d’ADN cette molécule bloque la progression de l’ARN polymérase.
  • Les sulfamidés sont des analogues structurels de molécules biologiques; ils ressemblent à des molécules normalement utilisées par la cellule. La cellule va les reconnaître pour ce qu'ils ne sont pas et les intégrer dans son métabolisme (Le métabolisme est l'ensemble des transformations moléculaires et énergétiques...), et, parce que ce sont des molécules analogues, les voies métaboliques seront bloquées. Ceci provoque une inhibition de la synthèse des bases nucléiques et la cellule meurt par carence en bases nucléiques.
  • Les quinolones et fluoroquinolones agissent sur la topologie (La topologie est une branche des mathématiques concernant l'étude des déformations...) de l'ADN. Ces molécules inhibent l'ADN gyrase qui contrôle (Le mot contrôle peut avoir plusieurs sens. Il peut être employé comme synonyme d'examen, de...) le surenroulement de l'ADN. L'inhibition de la gyrase empêche la réplication de l'ADN et donc la croissance des bactéries.

Action sur le ribosome (Les ribosomes sont des complexes ribonucléoprotéiques (c'est-à-dire composés de...) bactérien

Approximativement la moitié des antibiotiques utilisés en thérapeutique (La thérapeutique (du grec therapeuein, soigner) est la partie de la médecine qui...) (disposant de l'AMM) ont pour cible le ribosome bactérien, l'organite (En biologie cellulaire, les organites (parfois nommés organelles par anglicisme) sont les...) cellulaire qui est responsable de la synthèse des protéines (La synthèse des protéines est l'acte par lequel une cellule assemble une chaîne...). Ces antibiotiques se répartissent en plusieurs classes, de nature chimique et de mode d'action différents. La plupart interagissent avec l'ARN ribosomique.

  • Les aminoglycosides ou aminosides (exemples : streptomycine (La streptomycine est un antibiotique antibactérien cytostatique et cytotoxique. Il appartient...), gentamicine (La gentamicine est un antibiotique de la famille des aminoglycosides utilisé pour traiter...), amikacine) se fixent sur la petite sous-unité des ribosomes (30 Svedberg), empêchent la traduction de l’ARNm et conduisent à des erreurs de lecture.
  • Les phénicols (exemples : chloramphénicol (Le chloramphénicol est un antibiotique de la famille des phénicolés,...), thiamphénicol) bloquent la formation de la liaison peptidique. Ils se fixent sur la grosse sous-unité du ribosome bactérien (50 Svedberg) mais pas sur celle des ribosomes eucaryotes.
  • Les cyclines (exemples : tétracycline (La tétracycline est un antibiotique produit par une bactérie du genre Streptomyces. Elle...), doxycycline, auréomycine) : en se fixant sur la sous-unité (30 S), elles bloquent l’élongation de la chaîne (Le mot chaîne peut avoir plusieurs significations :) polypeptidique.
  • Les macrolides et kétolides (exemples : érythromycine, azithromycine) agissent sur la partie 50 S du ribosome et bloquent l’élongation de la chaîne polypeptidique.
  • La puromycine mime l’extrémité d’un ARNt, prend sa place dans le ribosome et bloque l’élongation de la chaîne polypeptidique.

Les résistances aux antibiotiques

Résistance naturelle

On peut parler de résistance naturelle si toutes les souches d’une même espèce sont résistantes à un antibiotique. C’est l’expression d’une propriété innée reflétant l’empêchement d’accéder à la cible ou l’absence de la cible. Exemple: l'imperméabilité des parois des bactéries Gram- ou leur absence de paroi.

Résistance acquise

La résistance acquise survient lorsque quelques souches d’une même espèce normalement sensibles deviennent résistantes. Cette résistance peut-être acquise par mutagenèse : c’est une résistance chromosomique.

Le phénomène de mutation est spontané avec une fréquence (En physique, la fréquence désigne en général la mesure du nombre de fois qu'un...) d’apparition de 10-6 à 10-7. C’est un événement rare. L’antibiotique n’est pas l’agent mutagène, il sélectionne seulement les mutants devenus résistants. Cela peut conduire à la résistance à toute une famille d’antibiotiques.

Les mutations sont indépendantes, donc les risques d’avoir des résistances par mutagenèse à plusieurs antibiotiques sont rares. Une double résistance multiplie les probabilités d’apparition de résistance à chaque molécule, c’est-à-dire 10-14.

Autres types de résistance

Les bactéries ont la capacité de transférer l’information génétique (La génétique (du grec genno γεννώ = donner naissance) est...). La plupart de ces cas de résistances se rencontrent à l’hôpital. C’est une information génétique exogène qui est récupérée par la bactérie.

Le premier cas de résistance fut observé en 1951 sur un patient (Dans le domaine de la médecine, le terme patient désigne couramment une personne recevant...) japonais. Il souffrait d'une infection à shigelle (Les shigelles, les bactéries du genre Shigella, sont des Enterobacteriaceae pathogènes...) (une entérobactérie, c’est-à-dire un bacille gram-, immobile). La shigelle provoquait une dysenterie (La dysenterie est une maladie infectieuse du côlon chez l’humain, qui peut être...) qui pouvait être soignée par des sulfamidés, mais elle était devenue résistante à ces sulfamidés. Les chercheurs ont démontré que cette résistance était accompagnée par des résistances in vitro à d’autres antibactériens.

Ils ont isolé dans le tube digestif d’autres malades des souches d’Escherichia coli (une autre entérobactérie, très répandue dans l’eau, le sol, le lait et les selles) qui avaient acquis une résistance aux sulfamidés par un transfert horizontal (Horizontal est une orientation parallèle à l'horizon, et perpendiculaire à la...) entre les deux espèces.

Mécanismes de transfert d’élément génétique

Les bactéries peuvent transférer des éléments mobiles de leur génome : plasmides et transposons.

Souvent les bactéries ont rassemblé plusieurs gènes de résistance sur leur plasmide (Un plasmide désigne en microbiologie ou en biologie moléculaire une molécule d'ADN...) et l’échangent.

  • Le transfert vertical (Le vertical (rare), ou style vertical, est un style d’écriture musicale consistant en...) est évident entre bactéries de même espèce.
  • Le transfert horizontal intervient en revanche dans les échanges entre bactérie Gram+, Gram- ou dans le sens (SENS (Strategies for Engineered Negligible Senescence) est un projet scientifique qui a pour but...) Gram+ vers Gram-. L’inverse, Gram- vers Gram+, n’est pas réalisable car les gènes de Gram- ne sont pas exprimés chez Gram+.
  • La transduction : le vecteur (En mathématiques, un vecteur est un élément d'un espace vectoriel, ce qui permet...) est un bactériophage (Un bactériophage (ou phage) est un virus n'infectant que des bactéries. En grec, phageton...). En se répliquant, le phage intègre une partie du génome (Le génome est l'ensemble du matériel génétique d'un individu ou d'une...) bactérien. En quittant la cellule, il emporte des gènes supplémentaires (bactériens) qui pourront être transfectés dans une autre bactérie. Ce système est efficace, mais les échanges sont limités en taille (le phage ne peut pas transférer un long morceau d'ADN bactérien) aux organismes proches phylogénétiquement pour la reconnaissance phage/bactérie.
  • La transformation : la bactérie acquiert et incorpore de l’ADN exogène nu présent dans son environnement (L'environnement est tout ce qui nous entoure. C'est l'ensemble des éléments naturels et...). Cela peut être de l’ADN d’une bactérie morte qui, une fois capté, permet l’expression de ses gènes par la nouvelle bactérie. C’est un événement très rare qui existe chez les bactéries Gram-.
  • La conjugaison : l’ADN est transféré d’une bactérie donatrice à une bactérie réceptrice au cours d’un contact cellulaire étroit (pilus). C’est le mode de transmission de transfert horizontal.

Modalité de résistance chez la bactérie

  • Le brouillage : la bactérie synthétise des protéines qui peuvent séquestrer l’antibiotique ou le dégrader pour le rendre inoffensif (hydrolases, transférases...). Ce brouillage peut se faire à l’extérieur (bêta-lactamase sur les antibiotiques de la famille des pénicillines) de la cellule, comme à l’intérieur.
  • Le camouflage : la bactérie peut modifier la cible de l’antibiotique. Celle-ci n’est plus reconnue et devient insensible à l’antibiotique.
  • Le blindage : la bactérie empêche l’accès de l’antibiotique aux cibles intracellulaires, par :
    • modification de la perméabilité membranaire;
    • mise en place d’un système d’expulsion de l’antibiotique. Une pompe (Une pompe est un dispositif permettant d'aspirer et de refouler un fluide.) membranaire refoule l’antibiotique qui entre dans la cellule.
  • L’esquive : la bactérie substitue une autre molécule à la cible. L’antibiotique, en se fixant sur ce leurre, ne remplit pas son rôle.

Résistances acquises courantes

  • Le pneumocoque (Streptococcus pneumoniae) a développé une résistance par modification d’une protéine (Une protéine est une macromolécule biologique composée par une ou plusieurs...) membranaire spécifique où se fixent les pénicillines (la PLP) imposant des doses plus élevées d’antibiotique (typiquement, l’amoxicilline), voire contraignant à prescrire une céphalosporine de 3e génération (souvent la ceftriaxone). Les résistances en France sont documentées depuis 1978. En 2000, on comptait environ 50% de souches résistantes, en particulier dans les grandes villes.
  • Les staphylocoques méti-résistants, particulièrement redoutables, sont insensibles aux pénicillines (chez-eux aussi par modification de leurs PLP), mais aussi par production d’une bêta-lactamase et d’une méticilinase. Les infections à staphylocoque méti-R sont typiquement des infections nosocomiales sévères, responsables d’une lourde mortalité. Les glycopeptides sont une alternative thérapeutique classique.
  • La production de bêta-lactamase concerne plusieurs souches bactériennes : gonocoques, haemophilus influenzae, anaérobies, entérocoques.

La surconsommation : un problème de santé publique (La santé publique peut être définie de diverses manières. On peut en effet la...)

Les spécialistes critiquent dans ce contexte (Le contexte d'un évènement inclut les circonstances et conditions qui l'entourent; le...) la prescription parfois trop à la légère (fréquente) de certains antibiotiques (surprescription), y compris quand ils sont inefficaces (contre les virus par exemple).

Le phénomène serait aussi amplifié par l’usage de doses trop faibles (y compris dans des médicaments en vente libre)[1] ou sur une durée trop courte (moins de 8 jours), ou trop longues, ainsi que par la présence d'antibiotiques dans les viandes d'élevage industriel (ils sont utilisés massivement pour accélérer la croissance des bovins par exemple).

Les résistances mènent parfois les épidémiologistes à préconiser un usage (L’usage est l'action de se servir de quelque chose.) raisonné des antibiotiques (un peu à la manière de la gestion internationale concertée par l’OMS des médicaments antipaludéens).

Les antibiotiques sont sans effet sur les virus ; toutefois, il arrive que ceux-ci soient prescrits dans le cas où l’organisme est affaibli, pour éviter que celui-ci ne devienne vulnérable à des bactéries. Malheureusement, encore trop nombreux (en France) sont les médecins qui prescrivent systématiquement des antibiotiques pour des affections virales, alors qu'ils ne seront pas efficaces et qu'ils ne font que renforcer la résistance des bactéries aux antibiotiques.

Ces résistances aux antibiotiques deviennent extrêmement préoccupantes, elles sont l'objet (De manière générale, le mot objet (du latin objectum, 1361) désigne une entité définie dans...) d'avertissements réguliers des agences gouvernementales et internationales. Par exemple :

  • plus d'un tiers des affections au staphylocoque doré (Le staphylocoque doré (Staphylococcus aureus) est l'espèce la plus pathogène du...) sont désormais impossibles à traiter avec les antibiotiques, causant amputations et décès. Il est probable que les 3/4 des 4 200 décès pour infections nosocomiales soient le fait de bactéries multirésistantes aux antibiotiques. [2]
  • la résistance du pneumocoque à la pénicilline G est passée en France, de 0,5% à 45% entre 1984 et 2001. La France - qui est un des pays (Pays vient du latin pagus qui désignait une subdivision territoriale et tribale d'étendue...) les plus grands consommateurs d'antibiotiques - compte le plus grand nombre (La notion de nombre en linguistique est traitée à l’article « Nombre...) d’échecs thérapeutiques contre des pneumocoques totalement résistants à la pénicilline.[3]

AntibioQuizz[4]

  • Les antibiotiques détruisent-ils tous les microbes ?
Les antibiotiques sont des médicaments capables d’inhiber ou de détruire certaines bactéries. Ils ne sont d’aucune utilité sur les autres types de microbes comme les parasites, les virus ou les mycoses (champignons). En outre, ils ne traitent pas directement les symptômes d’une infection (fièvre, douleurs...).
  • Peut-on devenir résistant aux antibiotiques ?
Ce n’est pas le corps humain (Le corps humain est la structure physique d'une personne.) qui devient résistant à l’antibiotique mais les bactéries elles-mêmes en devenant moins sensibles au médicament ou plus du tout. Il s’agit d’un phénomène naturel, lié à l’évolution des espèces ; au contact des antibiotiques, les bactéries sensibles à l’antibiotique administré disparaissent, mais d’autres parviennent à survivre ou s’adaptent grâce à des modifications de leurs gènes. On dit alors qu’elles ont développé des résistances.
  • Les bactéries résistantes aux antibiotiques deviennent-elles plus nombreuses ?
À chaque fois que des antibiotiques sont utilisés lors d’un traitement, le risque de sélection existe : les bactéries sensibles disparaissent, mais d’autres peuvent s’adapter et survivre.
Les hôpitaux, les maisons de retraites, les crèches et les écoles favorisent également le développement des résistances, car, dans ces bâtiments, se côtoient des personnes souvent traitées par antibiotiques. Cette promiscuité favorise la transmission des nouvelles bactéries résistantes d’un individu aux autres.
  • Les enfants sont-ils plus souvent porteurs de bactéries résistantes que les adultes ?
Selon une étude française menée en 1999 sur des enfants, près de 53% des pneumocoques, responsables entre autres d’otites, de pneumonies, de méningites... étaient résistants à l’antibiotique de référence, la pénicilline.
La même étude menée sur des adultes a montré que seulement 40 % de ces bactéries étaient résistantes à cet antibiotique.
Cette différence peut s’expliquer :
- par une plus grande consommation d’antibiotiques par les enfants. En 2002, une étude a montré que les enfants de moins de 3 ans ont reçu quatre fois plus d’antibiotiques que le reste de la population;
- par le fait que les enfants sont plus souvent malades que les adultes et en plus, reçoivent trop facilement des antibiotiques, alors que de nombreuses infections respiratoires, rhumes et autres otites, sont en fait dues dans 80 % des cas à des virus, contre lesquels les antibiotiques sont totalement inefficaces. Par exemple dans le cas de la bronchiolite (Une bronchiolite est une infection virale respiratoire touchant les petites bronches du nourrisson...) du nourrisson (On désigne par le mot nourrisson la période entre l'âge d'un mois et de deux ans...), le meilleur des traitements consiste en une kinésithérapie (La masso-kinésithérapie est l'application d'exercices basés sur des principes...).
  • La santé (La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste...) des enfants est-elle menacée par les bactéries résistantes ?
Il devient effectivement de plus en plus difficile de soigner des otites ou des méningites, puisque les bactéries ne sont pas toutes détruites par l’antibiotique prescrit.
Ce qui pousse les médecins à donner deux antibiotiques différents qu’ils pensent complémentaires, comme pour prendre les bactéries en tenaille, et de plus à augmenter les doses.
  • Le fait de prendre dans l’avenir moins d’antibiotiques inutiles, va-t-il permettre de réduire la résistance des bactéries ?
Il est difficile aujourd’hui de répondre à cette question ! Car il n’y pas encore eu réellement en France, sur l’ensemble de la population, de changement significatif dans la prescription des antibiotiques, et il n’y a donc pas assez de recul.
Cependant, si on se réfère à certains autres pays, et à une expérience test réalisée dans le département des Alpes-Maritimes, il s’avère qu’un lien entre moins d’antibiotiques et le développement moins rapide de la résistance des bactéries, peut effectivement être rapidement observé.
Antérieurement à l’expérience, les médecins avaient observé, sur une durée de 4 années, une augmentation de 20% de la présence de pneumocoques résistants chez les enfants. Après une campagne (La campagne, aussi appelée milieu rural désigne l'ensemble des espaces cultivés...) d’information, à laquelle ils ont adhéré, la prise d’antibiotiques a baissé de 10% et la résistance n’a plus augmenté, restant à un même niveau de 64% de bactéries résistantes.

Actualités

  • L’Agence française de sécurité sanitaire (Comme son nom l'indique la sécurité sanitaire traite de la sécurité et de la...) des produits de santé a pris la décision de retirer du marché, après le 30 juin 2003, quinze médicaments contenant des antibiotiques, censés soulager les rhumes, rhinopharyngites et sinusites. Ces médicaments jugés " non utiles à la guérison " et comme " pouvant favoriser l’apparition et la diffusion des résistances bactériennes " étaient, pour la plupart, proposés en solutions nasales, en sprays ou en gouttes. Il s’agit : de Cortifra, Framyxone, Frazoline, Isofra, Pivalone neomycine, Polydexa neosynephrine, Rhin ATP, Rhinobiotal 1,25%, Rhinotrophyl, Rhinyl, Soframycine 1,25%, Soframycine 100 g, Soframycine hydrocortisone, Soframycine naphazoline.
    Il a été estimé que le recours à la solution physiologique pour laver le nez (Le nez (du latin nasus) est chez l'homme la saillie médiane du visage située au-dessus de...) et au paracétamol (Le paracétamol, aussi appelé acétaminophène, est la substance active de...) ou à l’aspirine pour soulager la fièvre (La fièvre est l'élévation de la température corporelle chez un être à...) et la douleur (La douleur est la sensation ressentie par un organisme dont le système nerveux détecte un...), pouvaient les remplacer avantageusement.
  • La décision a été prise récemment (septembre 2005) par le Ministère de la Santé (Le Ministère de la Santé peut faire référence :) de dérembourser de nombreux médicaments qui contenaient des antibiotiques (parmi les plus connus : Solutricine, Lysopaïne), pour éviter d'accroître ces phénomènes de résistance, extrêmement préoccupants.

Notes et références

  1. mais le nombre de ces médicaments (comme Lysopaïne ou Solutricine) a diminué fortement récemment en France (à partir du 30 septembre 2005), en particulier pour réduire ces risques.
  2. Sur 10 000 personnes -estimation ancienne- qui succombent chaque année (Une année est une unité de temps exprimant la durée entre deux occurrences d'un évènement lié...) à une infection nosocomiale (Les infections nosocomiales sont les infections contractées dans un établissement de...), environ 7 500, soit les ¾, seraient victimes de bactéries multirésistantes aux antibiotiques: "Les maladies nosocomiales"
  3. La consommation d’antibiotiques a baissé
  4. AntibioQuizz réalisé d’après les communications des professeurs Patrick Choutet et Pierre Dellamonica à des journaux de vulgarisation.
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