Moins médiatique que le pic pétrolier, le pic gazier ou Peak Gas est le moment où la production mondiale de gaz naturel culminera, et où les réserves mondiales seront donc à moitié consommées.
La Russie, l'Iran et le Qatar détiennent tous trois près des 2/3 des réserves mondiales de gaz naturel, avec respectivement 27 %, 15 % et 14 % du total. Viennent ensuite "16 nains", avec des réserves comprises entre 1 et 5 % du total (par ordre décroissant des réserves) : Arabie saoudite, EAU, USA, Nigeria, Algérie, Venezuela, Irak, Kazakhstan, Turkménistan, Indonésie, Malaisie, Australie, Norvège, Chine, Ouzbékistan et Égypte.
Le gaz naturel est donc une richesse beaucoup plus concentrée géographiquement que le pétrole.
Le gaz est compliqué à transporter ; avant la première crise pétrolière, on préférait brûler dans des torchères en sortie de puits le gaz qui était extrait en même temps que le pétrole. Depuis, on le transporte principalement par gazoduc ; la solution maritime (méthaniers, terminaux portuaires de liquéfaction) est très coûteuse. Par conséquent, seuls 4 pays s'approvisionnent significativement par méthaniers :
Les autres pays tètent essentiellement, via gazoducs, directement leur gaz des lieux d'extraction, et donc ne peuvent s'approvisionner que sur leur continent, les gazoducs ne traversant pas les océans. Ce fait essentiel donne à la Russie et à l'Iran une carte maîtresse dans leurs relations avec l'UE, l'Inde et la Chine.
La quasi-rupture d'approvisionnement en gaz russe de plusieurs pays d'Europe, survenue début janvier 2006, a démontré au grand public la faible sécurité énergétique de l'Europe.
Il est situé entre 2008 (Mr Bakthiari) et 2045 selon les sources. Compte tenu des particularités géostratégiques ci-dessus, c'est la date du pic gazier par continent qu'il est important de déterminer.
Avec le déclin des gisements britanniques et le plafonnement prochain (2010) de ceux de la Norvège, tandis que la production gazière devrait plafonner à partir de 2010, moins pour des raisons géologiques que pour des des questions technico-économiques (incapacité de la Russie à développer les infrastructures de production), le pic gazier devrait survenir d'ici 2010.
C'est sans doute cet événement majeur, apparemment assez inattendu, qui a motivé les États-Unis à avoir une politique énergétique beaucoup plus... agressive : à défaut de gaz, les USA consomment plus de pétrole.
L'arrivée de ces pics régionaux explique le développement rapide de la filière GNL (gaz naturel liquéfié) permettant d'alimenter les pays de l'OCDE en gaz d'origine plus lointaine (Moyen-Orient).
Parce que le gaz était initialement un sous-produit d'extraction du pétrole, l'habitude a été prise d'indexer le cours des contrats d'achat de longue durée sur le prix du baril de pétrole. De ce fait, le prix du gaz s'est artificiellement envolé en Europe en 2005-2006, alors qu'il n'y avait pas de déséquilibre offre-demande et que le Pic gazier était lointain.
En 2005, seulement un quart du gaz produit était échangé selon des mécanismes de trading ; la majorité des échanges restent encore gouvernés par ces contrats de longue durée passés entre un opérateur (ex: GDF) et un producteur (ex: Gazprom). Les mouvements globaux de dérégulation poussent à réduire la proportion de contrats au profit du trading, ce qui poussera le prix du gaz à s'envoler dès que l'offre et la demande ne s'ajusteront plus parfaitement, comme c'est le cas depuis le début du siècle pour le pétrole.
Pour que le trading puisse se développer, il faut que les trois grands marchés régionaux actuels (Amérique, Europe, Asie) soient connectés de façon plus flexible que des gazoducs : c'est pourquoi un grand nombre de méthaniers sont actuellement en construction partout dans le monde.