De Lorean Motor Company - Définition
De Lorean était un constructeur automobile fondé par John De Lorean en 1975. La compagnie est surtout connue pour avoir fabriqué le modèle DMC-12 (d'ailleurs souvent appelé simplement "De Lorean"), une voiture de sport en acier inoxydable et à portes papillon. La compagnie est connue pour son existence courte et mouvementée dans le monde de l'automobile : en effet, De Lorean a fait faillite en 1982. Son fondateur a alors été accusé, à tort semble-t-il, de trafic de drogue pour renflouer son entreprise. Cependant, il a été acquitté, la justice considérant que John De Lorean avait été piégé par le FBI.
Histoire
Les débuts
La compagnie DMC (pour De Lorean Motor Company) a été fondée le 24 octobre 1975 à Detroit, dans le Michigan par l'homme d'affaires John De Lorean, qui souhaitait réaliser le véhicule de ses rêves. À l'époque, De Lorean était un ingénieur et un homme d'affaire d'avant-garde, déjà bien connu des milieux de la jet-set. L'investissement initial est essentiellement venu de prêts de la Bank of America, grâce à des partenariats ainsi que de diverses sources privées. Des contrats ont également été passés avec les revendeurs qui devenaient actionnaires de la compagnie s'ils acceptaient de proposer la voiture à la vente.
De Lorean a cherché à travers le monde des pays dans lesquels il pourrait être aidé financièrement pour construire ses usines. Il a ainsi pensé à l'Irlande, mais Des O'Malley, alors ministre de l'industrie et du commerce s'est déclaré contre le soutien de ce projet. De Lorean allait donc s'établir à Puerto Rico lorsque la NIDA (Agence pour le développement de l'Irlande du Nord) lui fit une proposition pour qu'il établisse son usine en Irlande du Nord et puisse ainsi créer des emplois dans cette région qui en avait alors grand besoin. L'usine fut donc installée à Dunmurry près de Belfast avec plus d'une centaine de millions de dollars de subventions de l'État.
L'usine
La construction de l'usine a commencé en octobre 1978 dans la banlieue de Belfast, et les 6 bâtiments d'une superficie totale de 61 000 m² furent terminés en 16 mois. L'usine avait été située à la frontière entre deux communautés d'obédiences différentes, d'un côté catholiques, de l'autre protestants. L'usine avait donc deux entrées différentes de chaque côté, mais il s'agissait plus d'un avantage pratique que d'une séparation religieuse.
L'entrée en production était prévue en 1979, mais les délais de mise au point furent largement dépassés, et les premiers véhicules ne sortirent des chaînes de fabrication qu'au début 1981. Les ouvriers étaient dans leur grande majorité inexpérimentés, et pour une bonne partie, ceci représentait leur premier emploi. Il est possible que cela ait joué dans les problèmes de qualité qui ont touché les premiers modèles (panneaux de carrosserie mal ajustés, jeu dans les portes etc.). Des efforts ont été faits pour améliorer la qualité, avec notamment l'établissement de Quality Assurance Centers dans les régions de vente afin de rapporter les problèmes et de les résoudre. Ainsi, si les De Lorean étaient vendues sans garanties, dès 1982, la compagnie offrait une garantie de 5 ans ou 50 000 miles sur ses véhicules.
La DMC-12
Article détaillé : De Lorean DMC-12
L'accueil de la DMC-12 fut mitigé. Malgré les longues listes d'attentes d'acheteurs, le prix de 25 000 dollars US était assez élevé pour le marché, surtout pour les nombreux acheteurs qui considéraient la DMC-12 comme sous-motorisée et peu pratique. La carrosserie en acier inoxydable était une idée intéressante, mais en pratique, sa surface gardait les traces de doigts si elle n'était pas nettoyée avec un produit spécial et elle était difficile à peindre, y compris en sortie d'usine : ainsi, toutes les De Lorean sortaient avec la même teinte argentée. Quelques revendeurs ont cependant peint leurs véhicules pour les rendre un peu plus originaux. De son côté, la société a essayé de concevoir quelques teintes de peinture translucide pour permettre plusieurs couleurs tout en conservant la teinte brillante de l'acier, mais aucune De Lorean ne fut vendue avec cette peinture. La transmission était soit une boite automatique 3 rapports, soit une boite manuelle 5 vitesses. Un intérieur gris a été proposé en 1981 pour changer de l'intérieur noir classique, ainsi qu'une gamme d'accessoires pour personnaliser sa DMC-12.
La fin de l'aventure
La demande plus faible que prévue, et les coûts plus élevés qu'escompté ont été fatals pour les comptes de DMC dès la fin de l'année 1981. Le seuil de rentabilité était estimé aux alentours de 10 000 à 12 000 véhicules vendus par an, mais les ventes annuelles sont restées plafonnées à 6 000 unités.
En réponse à la chute des revenus de l'entreprise, un plan de restructuration est lancé. Une holding, la "DeLorean Motors Holding Company" serait formée, regroupant la DeLorean Motor Company et ses filiales DeLorean Motor Cars Limited (fabricant), DeLorean Motor Cars of America (le distributeur américain) et DeLorean Research Partnership (recherche et développement). En janvier 1982, au vu des interrogations sur la viabilité d'une telle entreprise, la compagnie a dû annuler l'émission d'actions qui auraient dû lui rapporter 27 millions de dollars.
John De Lorean a alors tenté de convaincre le gouvernement britannique de lui accorder une aide mais celle-ci lui fut refusée tant qu'il ne trouverait pas d'appuis auprès d'autres investisseurs. En 1982, John De Lorean est devenu la cible du FBI et du DEA américain dans une affaire de trafic de drogues. Arrêté en octobre 1982, il est accusé d'avoir tenté de faire entrer en contrebande un volume équivalent à 24 millions de dollars de cocaïne. La preuve en était une cassette vidéo montrant De Lorean discutant de cette marchandise avec des agents du FBI sous couverture. Anthony Pelicano, l'avocat de De Lorean a démontré avec succès que son client avait été contraint à participer à l'affaire par les agents qui l'avaient approché initialement en tant qu'investisseurs potentiels. Acquitté, sa réputation fut cependant ternie à jamais. Après le verdict, il a d'ailleurs déclaré : "M'achèteriez-vous une voiture d'occasion à présent ?".
Au final, jamais les fonds nécessaires à la remise à flot de l'entreprise ne furent rassemblés. La compagnie fit faillite en 1982, emportant avec elle 2 500 emplois et prés de 100 millions de dollars d'investissements. Le gouvernement britannique a bien essayé de faire revivre certaines parties de l'usine, mais sans grand succès, et l'usine fut fermée. De Lorean s'est quant à lui retiré en Nouvelle-Angleterre, se plaignant que son entreprise avait fermé ses portes pour des raisons politiques.
Il semble qu'environ 9 200 DMC-12 aient été produites entre 1981 et 1982 (les estimations varient). Certains modèles 1983 existent : fabriqués à la fin 1982, ils ont été assemblés par l'entreprise KAPAC qui a racheté le stock restant lors de la banqueroute.
La De Lorean DMC-12 a connu une gloire mondiale lorsqu'elle a servi de base à une machine à remonter le temps dans la trilogie Retour vers le futur (1985 – 1990).
De nos jours
Une grande partie des 9 200 De Lorean produites sont encore sur les routes après 20 ans (les estimations parlent de 6 000 véhicules restants). Autour de la DMC-12, il s'est formée une communauté très active de passionnés et de clubs de possesseurs. Un bon nombre de sociétés ont été créées après la faillite de la De Lorean Motor Company afin de fournir les pièces et assurer l'entretien : la plupart existent encore. En particulier, la DeLorean Motor Company of Texas (sans lien avec la société d'origine) possède le stock original des pièces restantes de l'usine, des stocks américains et des revendeurs.
De nombreuses améliorations ont été proposées depuis la fin de la production pour corriger certains défauts de la voiture et pour en améliorer les performances. La DMC-12 étant généralement considérée comme sous-motorisée, toute une panoplie de modifications ont été envisagées pour améliorer ou même changer son moteur contre un plus puissant.
En 2005, il est possible d'acheter une De Lorean entièrement restaurée pour environ 30 000 euros, alors qu'un véhicule en bon état mais non restauré se négocie à environ 15 000 euros.
Delorean, DeLorean ou De Lorean ?
DeLorean est la plupart du temps écrit sans espace. Les documents de la société écrits à la machine utilisent un espace par contre, il s'agirait donc de la forme choisie par la compagnie. Dans les documents composés, une demi-espace est plus souvent utilisée entre les deux parties du nom, il en va de même pour les représentations stylisées, par exemple sur les voitures elles-mêmes. L'utilisation de cette demi-espace a probablement influencé la vision de beaucoup de gens pour ne pas voir d'espace du tout.
Le nom du fondateur de la compagnie s'écrivait à l'origine John Delorean. À un certain moment dans sa vie il a commencé à utiliser exclusivement la forme plus européenne De Lorean à la place. Pendant la période de fonctionnement de la société, il a utilisé exclusivement la version avec espace lorsqu'il écrivait son nom dans un cadre professionnel.