Bounty (navire) - Définition

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Le HMAV Bounty (His Majesty's Armed Vessel Bounty) ou encore HM Bounty, est entré dans l'histoire suite à la mutinerie d'une partie des membres de son équipage le 28 avril 1789.

Section en coupe de la Bounty d'après une relation de William Bligh
Section en coupe de la Bounty
d'après une relation de William Bligh "Voyage dans les mers du sud", 1792

Caractéristiques générales

Contexte historique

Avec l'indépendance des 13 colonies d'Amérique du Nord, un lucratif commerce triangulaire prend fin. Les navires des colonies chargeaient dans les ports de la côte Est de l'Amérique de la farine, qu'ils revendaient aux Antilles britanniques ou elle servait à nourrir les esclaves des plantations de canne à sucre. À la place ils chargeaient du sucre, du rhum et d'autres denrées coloniales à destination des îles Britanniques, d'où ils repartaient vers leurs ports d'origine avec des produits manufacturés.

Ce commerce est dénoncé par les Britanniques à la fin de la guerre malgré la réprobation des Américains, mais aussi des planteurs des îles. Ceux-ci peinent à trouver de nouvelles sources d'approvisionnement pour nourrir leurs esclaves, le prix des denrées alimentaires devient excessif. Joseph Banks, le célèbre naturaliste, a observé lors de son voyage avec le capitaine Cook sur l'Endeavour, les Tahitiens se nourrir de fruits de l'arbre à pain. Ces derniers, une fois cuits, présentent une chair blanchâtre semblable à de la mie de pain. Les problèmes d'approvisionnement des esclaves aux Antilles lui laissent entrevoir l'intérêt qu'il y aurait à introduire et acclimater l'arbre à pain pour nourrir les esclaves.

La Royal Society en soumet le projet au roi George III, passionné de géographie, qui l'accueille avec enthousiasme. L'Amirauté rachète un navire et, sur les recommandations de Joseph Banks, nomme le lieutenant William Bligh, alors officier en demi-solde qui est passé à la marine marchande pour continuer de naviguer. Ce dernier doit cette recommandation à ses qualités d'excellent marin, et au fait qu'il a navigué avec Cook comme maître d'équipage sur le HMS Résolution et s'est lié d'amitié avec Joseph Banks.

Histoire

Avant son achat par la Royal Navy, le 26 mai 1787, le Bounty était un navire charbonnier du nom de Bethia.

Le 16 août 1787, le lieutenant de vaisseau William Bligh prend le commandement du Bounty. Le Bounty appareille le 23 décembre 1787 ; le début de la traversée est marqué par une tempête qui oblige le navire à relâcher à Ténériffe pour réparer et réapprovisionner. À cette occasion éclate le premier conflit entre le capitaine Bligh et son équipage : suite à la disparition de fromages Bligh supprime la ration de fromage quotidienne. L'équipage grogne car il suspecte Bligh d'avoir détourné ces fromages à son profit. Au cours de la traversée de l'Atlantique Sud les mesures d'hygiène prises par Bligh permettent de ne déplorer aucun malade. Il fait ainsi procéder à la fumigation et à l'aération des entreponts, ainsi qu'au séchage des affaires personnelles.

Afin d'épargner les rations, Bligh décide de remplacer les deux livres quotidiennes de pain par une livre de citrouilles achetées à Ténériffe. La répugnance de l'équipage vis-à-vis des citrouilles avariées provoque un nouvel accès de colère de Bligh. Chaque punition se concrétise par une série de coups de fouet administrée au fautif…

En avril le Bounty se présente au cap Horn. Pendant un mois entier, au milieu de la tempête, le Bounty essaie de passer le Horn. Les pompes sont mises en action toutes les heures. Au bout de trente jours de combat, Bligh jette l'éponge et ordonne de virer de bord afin de retraverser l'Atlantique pour rallier Tahiti en passant par l'Océan Indien.

Le 23 mai 1788, le Bounty passe le cap de Bonne-Espérance où il relâche durant un mois pour procéder aux réparations indispensables, permettre à l'équipage de prendre un peu de repos et compléter le ravitaillement. Le 20 août le Bounty aborde les côtes de Tasmanie, à la pointe sud-est de l'Australie, pour se réapprovisionner. Un matelot décède des suites d'une infection.

Le 26 octobre 1788, après dix mois de traversée, le Bounty touche la pointe Vénus au nord de Tahiti après 27 086 nautiques (soit 50 163 km), à la moyenne de 108 milles (200 km) par jour. L'accueil des Tahitiens, qui se souviennent des passages de Cook et de celui du capitaine Bligh, est chaleureux. L'accueil des Tahitiennes fut tout particulièrement apprécié par l'équipage (il convient ici de préciser que les mœurs des Tahitiens étaient tout à fait différentes de celles des marins [qui, rappelons-le, étaient des Occidentaux] : ceux-ci n'y voyant qu'une sorte de tourisme sexuel tandis que ceux-là agissaient tout naturellement selon leurs propres règles d'accueil et de politesse).

Mais rapidement les vols continuels des Tahitiens - des " chapardeurs nés " d'après James Cook- (même remarque que plus haut : les Tahitiens ne volent pas, ils échangent sans demander, considérant les biens matériels comme futiles) obligent l'équipage, méfiant, à surveiller le navire au mouillage. Néanmoins la douceur des insulaires, la facilité du troc et la beauté de l'île contrastent fortement avec la rudesse des épreuves que l'équipage venait de traverser et avec le caractère inflexible et coléreux du capitaine Bligh. Habilement, Bligh obtient de Tinah, le chef des Tahitiens, l'échange de plants d'arbres à pain contre des hachettes, limes, vrilles, scies et des miroirs.

La traversée ayant été plus longue que prévue, Le Bounty arrive à la mauvaise période, et Bligh est contraint de prolonger son séjour sur l'île : la récolte des arbres à pain va durer 6 mois. Ils seront conservés dans des pots et certains dans des paniers spéciaux, et placés dans l'entrepont du Bounty, spécialement aménagé pour ce transport un peu particulier. Durant cette période l'équipage profitera de l'accueil des Tahitiens, des festivités permanentes, du troc facile (quelques clous contre un cochon de lait…).

Le chirurgien du Bounty, grand buveur, décède durant cette période.

Quelques temps plus tard, la décision de Bligh de s'approprier tous les porcs que l'équipage a ramenés à bord provoque de nouveaux incidents. Les rapports entre Bligh et son équipage se dégradent un peu plus. En janvier 1789 le capitaine d'armes et 2 matelots désertent dans le canot du bord en emmenant des armes, des munitions et des provisions. Pourchassés, ils se rendent le 22 janvier. Malgré leur repentir, le capitaine Bligh les condamne à 24 coups de fouet pour le capitaine d'armes et 48 coups pour les matelots. Cette punition est très mal acceptée par l'équipage. Les officiers subissent également les réprimandes de Bligh.

L'accès de colère suivant de Bligh est déclenché lorsque l'on découvre que des voiles ont moisi dans la soute (inondée par les pluies car elle n'était pas étanche). Bligh accuse l'équipage de négligence vis-à-vis de l'entretien des voiles. Les hommes sont démoralisés par toutes ces injustices.

La mutinerie

La Bounty quitta Tahiti le 4 avril 1789. Le 28 avril, Fletcher Christian déclencha la fameuse mutinerie. Onze des 42 membres d'équipage suivirent la mutinerie et 31 restèrent fidèles au capitaine Bligh. Le capitaine Bligh embarqua à bord d'un canot avec 18 hommes. Les autres durent rester à bord pour aider à la manœuvre. Le capitaine Bligh réussit l'exploit incroyable d'emmener le canot de 7 mètres surpeuplé jusqu'à Timor, soit un voyage de 3 618 miles nautiques (6 710 km) en 41 jours.

Entre temps, les mutins se dirigèrent vers l'île de Tubuai où ils essayèrent de s'installer. Trois mois après, ils retournèrent à Tahiti pour y déposer 16 membres d'équipage, dont l'officier Peter Heywood. Fletcher Christian, huit hommes d'équipage, 6 Tahitiens et 11 femmes, dont une avec un bébé, partirent à bord de la Bounty en espérant échapper à la Royal Navy.

Ils débarquèrent sur l'île de Pitcairn et brûlèrent le navire le 23 janvier 1790.

Le sort des mutins, recherchés par la Royal Navy, resta inconnu jusqu'à ce qu'un baleinier, le Topaz, s’arrêta sur l'île pour prendre de l'eau en septembre 1808. Un seul mutin, John Adams, était encore en vie. Il vivait avec 10 femmes et leurs enfants.

Les habitants actuels de Pitcairn sont les descendants des mutins.

Les mutins restés à Tahiti furent capturés quelques mois plus tard par un vaisseau britannique venus les chercher, le Pandore. Enfermée et enchaînée, une partie des mutins périt dans le naufrage de ce vaisseau qui suivit son départ pour la Grande-Bretagne. Les survivants du naufrage durent encore survivre au retour qui se fit dans des conditions déplorables.

Le procès en Grande-Bretagne fut retentissant. Bligh, rentré le premier, avait déjà publié sa version des faits, désignant ses bonnes têtes et ses mauvaises. Et en oubliant complètement d'autres… Bien que sa sévérité fut connue dans la Navy et jugée tyrannique, l'opinion publique lui était largement favorable. Les témoignages s'accumulèrent, plus ou moins confus en ce qui concerne le rôle précis de chacun lors de la mutinerie. Certains n'échappèrent à la potence que grâce à la clémence du roi.

Œuvres

Le drame du Bounty inspira de nombreux artistes :

  • John Byron : L'Île, ou Christian et ses compagnons ;
  • Jules Verne : Les Révoltés de la Bounty;
  • Charles Nordhoff et James Norman Hall : Les Révoltés de la Bounty ; (vraisemblablement l'œuvre la plus fidèle à la réalité)
  • Robert Merle : L'Île (excellent roman an-historique, dont l'auteur admet qu'il ne se base que sur les grandes lignes de l'Histoire pour construire son récit)
  • Les Simpson : La deuxième partie de l'épisode Histoires d'eau"
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