Les Classe J sont une série de très grand voiliers de compétion construits de 1930 à 1937 selon la jauge "J" universelle de 1903. Réservés à une élite argentée venue de l’aristocratie britannique et du monde des affaires américain au début du siècle, ces navires participaient à des régates, notamment la Coupe de l'America. Ils sont le symbole du yacht luxueux et sportif.
Les grands yachts de la classe J furent construits à l’occasion des Coupes de l’America 1930, 1934, 1937. Dix au total, six américains et quatre Britanniques. Leur origine sont étroitement liées à la Coupe de l’America
Au mois de mai 1851, l’Exposition Universelle de Londres est inaugurée. Une compétition nautique est organisée : la Coupe de Cent Guinées, autour de l’île de Wight. La goélette America gagne largement, symbole des toutes dernières technologies d’Amérique, notamment des voiles en coton. La Coupe de l’America est créée, et va rester pour longtemps la propriété du New York Yacht Club. Seulement la première édition pose problème. America a couru en temps réel, et battu des adversaires de toutes tailles, l’affrontement est inégal. On recherche donc une formule de jauge pour voir s’affronter des bateaux de différentes formes, longueurs, surface de voilure, en toute égalité. La première formule classait les bateaux selon la surface mouillée et attribuait un handicap en seconde par mille parcouru. La solution était loin d’être satisfaisante. En 1871, on définit le match à deux, la coupe se dispute entre un defender et un challenger. Les Américains peuvent changer de defender en cours de régate, et modifier le règlement. Ils introduisent alors dans la Jauge le déplacement d’eau du bateau. À partir de 1881, les goélettes sont remplacées par des sloops. En 1885, la surface de voilure est prise en compte dans la Jauge. Jusqu’en 1903, la longueur n’est pas limitée. Les bateaux deviennent de plus en plus élancés, une longueur à la flottaison faible. Un architecte se détache dans la construction des defender, Nathaniel Greene Herreshoff, dans son chantier de Bristol (Rhode Island). Les bateaux deviennent gigantesques, ainsi le Reliance de 43,78 mètres de longueur hors tout et 27,33 mètres de longueur de flottaison, le tout sur toilé. Il devient urgent de limiter le gigantisme. La nouvelle formule inclut donc l’élancement et la finesse de la coque. Elle est appliquée en 1920. Les classes J apparaissent pour la prochaine édition.
L’édition 1929 est reportée pour cause de crise économique. En 1930, Sir Thomas Lipton est résolu à engager son cinquième défi, Shamrock V. Celui-ci se plie à la Jauge Universelle. La longueur de flottaison est comprise entre 23,15 et 26,50 mètres, la longueur hors tout fixée à 36,60 mètres, un déplacement de 160 tonnes, un mat de 50 mètres maximum. Les régates se courent en temps réel, à partir du coup de canon. Le gréement aurique disparait, pour laisser sa place au gréement bermudien. Les régates s’effectuent à Newport, à Rhode Island. C’est Charles Nicholson qui pour la première fois, dessine le défi britannique. Coté américain, William Starling Burgess dessine l’Enterprise. Les nouvelles règles introduisent la prédominance de la technique et du dessin dans la construction des bateaux. Les syndicats constructeurs s’organisent de façon très méticuleuse. Harold Vanderbilt fait basculer le sien dans le professionnalisme, avec un état major pour les choix tactiques, des primes au mérite. Enterprise, par la conception de son syndicat, mais aussi avec son mat profilé Duralumin rivé, ses 23 winches, entraîne le yachting dans le tournant de la course moderne. Shamrock, empreint de tradition avec un mât en bois, est logiquement battu. C'est le débt de l'ère des Classe J.
Il n’en reste aujourd’hui que 5 dans le monde, entièrement restaurés.
Construction | Nom | Pays | Armateur | Architecte | Description |
1930 | Shamrock V | Grande-Bretagne | Sir Thomas Lipton | Charles Nicholson | coque en bois |
1934 | Endeavour | Grande-Bretagne | Thomas Octave Murdoch Sopwith | Charles Nicholson | |
1933 | Velsheda | USA | W.F. Stephenson | Charles Nicholson | coque en acier, restauré en 1997, mât en fibre de carbone de 56 m de haut |
Adaptation Classe J | Nom | Pays | Armateur | Architecte | Description | |
1931 | Candida | Grande-Bretagne | Herman Andreae | Charles Nicholson | ||
1931 | Astra | Grande-Bretagne | Mortimer Singer | Charles Nicholson | ||
1931 | White Heather II | |||||
2003 | Cambria | 23 M JI de 1928 |
La Classe "J", proposée par Nathanael Herreshoff comme une variante de la règle internationale dans laquelle la surface de voilure n'est pas limitée. La taille du bateau est donc définie par les caractéristiques suivantes :
Le chantier Camper & Nicholsons est un des constructeurs de classe J. Au début du siècle, c’est un chantier à la vogue, une marque de renom, signe d’une grande technologie. Les constructions sont réalisées à partir de plans des meilleurs architectes de l’époque. Charles Nicholson commença à concevoir des plans, pendant que son frère Benjamin engageait les équipages. Le prix du bateau était alors sans limite, le propriétaire ne suivait les régates que depuis la terrasse du club de yachting. L’architecte avait carte blanche sur le plan financier et technique.
Lors des débuts de la coupe de l’America, le chantier s’imposa naturellement. On lui doit tous les Classe J britannique porteurs du défi aux américains. Il détint le monopole sur cette catégorie, tant en construction qu’en rénovation, transformation. Aujourd’hui, la flotte entière des Classes J porte sa griffe. Il faut dire que peu de chantiers pouvaient répondre aux exigences de cette classe bien particulière.