Science - Définition

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La science (du latin scientia, connaissance) relève Historiquement de l'activité philosophique, et fut pendant longtemps un exercice spéculatif visant à élucider les mystères du monde par l'exercice de la raison. À la fin du Moyen Âge, la science s'est progressivement détachée de l'emprise de la théologie et de la philosophie. Au cours de son histoire, elle s'est structurée en disciplines scientifiques : mathématiques, chimie, biologie, physique, mécanique, optique, astronomie, économie, sociologie…

Aujourd'hui, la science désigne à la fois une démarche intellectuelle reposant idéalement sur un refus des dogmes et un examen raisonné et méthodique du monde[1] et de ses nécessités visant à produire des connaissances résistant aux critiques rationnelles, et l'ensemble organisé de ces connaissances.


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Mais proposer une définition, celle-ci ou une autre, c'est déjà adopter un point de vue particulier : l'idée que définir la science est simplement possible, ce qui est loin de faire l'unanimité. Il faut en effet prendre avec la plus grande prudence cette sorte d'exercice. Alan Chalmer, après avoir examiné les principales théories de la science du XXe siècle, écrit " qu'il n'existe pas de conception éternelle et universelle de la science [...] Rien ne nous autorise à intégrer ou à rejeter des connaissances en raison d'une conformité avec un quelconque critère donné de scientificité. "[2] Après avoir également constaté qu'aucun des critères de démarcation suggéré par les épistémologues du XXeme siècle n'a arraché l'assentiment général, Robert Nadeau écrit pour sa part qu'on " ne peut apparamment formuler un critère qui exclut tout ce qu'on veut exclure, et conserve tout ce qu'on veut conserver "[3]

La définition proposée ci-dessus n'échappe évidemment pas à ce constat. Ainsi, non seulement un certain " dogmatisme " n'est-il pas absent de la démarche scientifique, mais il participe à sa bonne marche[4]. Les références à la raison et à la méthode sont également très discutables, lorsque l'on examine les pratiques concrètes des chercheurs[5]. L'idée même d'une production de connaissance est problématique : nombre de domaines reconnus comme scientifiques ne produisent pas de connaissances, mais des instruments, des machines, des dispositifs techniques[6].

Pour autant, cela ne signifie pas nécessairement, comme l'écrit Paul Feyerabend, que " la science est beaucoup plus proche du mythe qu'une philosophie scientifique n'est prête à l'admettre. "[7] Un sociologue comme Raymond Boudon s'appuie ainsi sur la notion d'airs de famille[8] pour critiquer l'idée que l'absence de définitions claires de la science déboucherait nécessairement sur le relativisme : " [Les] conclusions relativistes ne tiennent que grâce à l'a priori selon lequel à tout sentiment de distinction doit correspondre une distinction soit objective, soit sociale. En revanche, elles disparaissent lorsque l'on admet que les notions de " progrès " , d'" objectivité ", de " vérité ", de " science " [...] se matérialise[nt] de mille façons entre lesquelles il y a seulement des airs de familles. "[9]

Cette situation, poursuit Raymond Boudon, n'est pas propre à la notion de science ou aux notions qui lui sont attachées : " même un concept comme celui d'" or " qui paraît pourtant désigner une matière bien définie (comme on dit), ne correspond pas du tout, jusque dans ses usages scientifiques, à une définition arrêtée une fois pour toutes [...]. Les notions de notions de " roman ", de " tragédie ", de " drame ", d'" opéra wagnérien ", de " sociologie ", d'" économie ", de " romantisme ", de " fonction ", de " structure " sont également des mots de cette nature. " Ce qui n'empêche pas, ajoute-t-il, que " nous puissions dans bien des cas les utiliser avec une sûreté complète. "[10] La compréhension des airs de famille propres à la science nous permettrait ainsi de saisir le sens cette notion sans plus - ni moins - de difficultés que celui de " roman " ou de " drame ". Ce sont ces airs de famille que la définition proposée ci-dessus tente maladroitement de rendre pour la notion de science.

Qu'est ce que la science?

Ce manque d'assurance dans les tentatives de compréhension de la science ne reflête nullement l'image que s'en font le grand public et les scientifiques eux-mêmes. Beaucoup tiennent pour claire l'idée d'une science bien définie.

La doxa

" The public has, until recently, viewed science as infallible, hence the strong reaction when some of its applications have been shown not to be beneficial. "[11]

Philosophie spontanée des savants

" Scientists normally go about their business without much thought of the general nature of their activities. "[12]

  • réalisme métaphysique
  • réalisme épistémologique

Comprendre la science

Les tentatives de compréhension, et de définition, de la science, émanent déjà des scientifiques eux-même, qui se forgent certaines représentations de leurs propres pratiques, et les diffusent auprès du grand public. Ces "philosophies spontanées" ne résistent cependant que rarement à l'analyse.

Ces analyses de la science (on parle parfois de métasciences) ont tout d'abord porté sur la science comme corpus de connaissance, et ont longtemps relevé de la philosophie et de l'épistémologie, (l'analyse de chaque discipline particulière relevant des épistémologies régionales).

Au cours du XX, la sociologie a commencé à saisir la science sous l'angle institutionnel.

Depuis le début des années 1980, les sciences sociales cherchent à dépasser l'étude de l'institution science pour aborder l'analyse du contenu scientifique.

Si les tentatives de définition stricte de la science par la philosophie se sont soldées par un échec largement reconnue, les approches sociologiques n'ont pas permis non plus de dégager une conception bien nette de cet objet.

Philosophie des sciences

Henri Poincaré, grand philosophe et grand scientifique.
Henri Poincaré, grand philosophe et grand scientifique.

Considéré comme un corpus de connaissance, l'étude de la science relève de l'épistémologie et de la philosophie des sciences.

Les approches philosophiques sont souvent normatives : il s'agit de définir les critères permettant de distinguer la bonne science de la mauvaise, la science des non sciences et des pseudo-sciences.

Les premières spéculations philosophiques visant à élucider le problème de la connaissance remontent à l'Antiquité grecque, et furent en particulier développées par Aristote. Les grands schémas de pensée qui y furent développés n'ont en rien perdu leur actualité, et nous retrouvons aujourd'hui des oppositions pensées il y a plus de deux millénaires.

Contexte de justification et contexte de découverte

La philosophie des sciences et l'épistémologie ne se préoccupent traditionnellement que du contexte de justification. C'est là que se logerait la spécificité du discours scientifique.

Science et rationalité

La science se revendique comme l'application de la raison à l'exploration du monde qui nous entoure.

Problème de l'induction

La science ne fonctionne pas par méthode déductive pure. Une série d'expériences ne validerait en effet des résultats qu'effectués à une date et en un endroit particuliers, sans possibilité logique de les généraliser. Bertrand Russell mentionne dans son ouvrage Science et religion (chapitre La science est-elle superstitieuse ?) ce qu'il nomme le scandale de l'induction, et qu'il voit comme un mal nécessaire.

La science comme langage

A la recherche de critères

Il s'agit de trouver le moyen de distinguer clairement science et pseudo-science.

Les propositions de critères sont innombrables (Nadeau)

Un exemple méconnu : l'opérationnalité proposé par Jean Ladrière (Universalis)

L'échec du projet fondationnaliste

Ce projet visait à établir des critères clairs permettant de s'assurer de la vérité d'une proposition, et en particulier d'une loi causale ou statistique : " on peut dire qu'en ce qui concerne les sciences empiriques tout au moins, le projet fondationnaliste a échoué : il n'a pas réussi à montrer comment pouvait être fondée la relation, d'abord entre expérience immédiate et énoncé d'observation, ensuite entre terme observationnel et terme théorique, enfin entre énoncé singulier et énoncé universel ou probabiliste. "[13] Cet échec, qui est en particulier celui des tentatives visant à résoudre le problème de l'induction, ruine l'espoir de faire tenir la notion de "science" dans la définition de sa méthode.

Le falsificationnisme

Chalmers expose les limites de la solution apportée par Popper au problème de la démarcation entre science et non science, qui est bien loin d'avoir l'universalité qui lui est généralement accordée[14]. Chalmers prend soin de préciser qu'il n'est pas vrai que " tout point de vue soit aussi bon qu'un autre ", dénonçant ainsi le relativisme. Mais il n'en fait pas moins ce constat : il n'existe pas de critères de scientificité universellement valables.

L'anarchisme épistémologique

Le relativisme

Devant les difficultés soulevées par le problème de la démarcation, le relativisme apparait comme une solution radicale : si la distinction entre le scientifique et le non scientifique est si difficile à saisir, c'est qu'elle n'a aucune existence en soi. Il est toujours loisible de tracer des frontières entre science et non science, mais elles restent toujours contingentes, relative à une époque et un lieu particulier.

Les approches sociologiques

La Sociologie des sciences aborde la science comme phénomène social, comme une institution sociale.

Longtemps abandonnée aux épistémologues et aux philosophes, la science a commencé à être l'objet de l'attention des sociologues au milieu du XXème siècle, avec les travaux fondateurs de Robert K. Merton, qui décrit la science comme un système normé (normes qui peuvent être inscrites, par exemple, dans le système d'évaluation par les pairs). Avec lui, la sociologie commence donc à s'intéresser à la science, non en tant que corpus de connaissance, mais en tant que communauté sociale.

La science est également en interaction avec la société. Ces relations entre science et société sont également l'objet de l'attention des sociologues.

Les structures sociales de la sciences

Merton respecte la distinction entre contexte de découverte et contexte de justification. Laissant le second à l'épistémologie, il ne porte son regard au premier, pour analyser les normes guidant les pratiques des scientifiques.

Ouvrir la boîte noire

A la suite des travaux de Kuhn, les sociologues dénoncèrent cette distinction, et firent porter leurs investigation sur le processus de production des connaissances lui-même.

Le constructivisme social

Dans les années 1980 s'est développé un courant de la sociologie des sciences critiquant l'idée que les fait scientifiques avaient une existence en soi.

La science comme idéologie

La science apparait alors comme une idéologie, qui justifie sa position dominante par des appels rhétorique aux catégories de la Vérité ou de la Réalité.

Les science studies

Les sciences studies sont un courant récent regroupant des études interdisciplinaires des sciences, au croisement de la sociologie, de l'anthropologie, de la philosophie ou de l'économie.

Vers une épistémologie sociale

Les positions des sociologues et philosophes ont longtemps été opposées. Cette opposition commence cependant à s'estomper.

Une science insaisissable?

Peut-être pas de définition claire : " While there is no shortage of approaches to the demarcation problem, it is not at all clear that philosophers of science have ‘solved’ it. Indeed, some writers have concluded that it is impossible to draw a clear and definite line between science and non-science "[15]

" In practice, scientifc activity does not accord exactly with any proposed representational or philosophical model, i.e. it cannot be strictly defined or deliminited from all other activities. "[16]

" En pratique, l'entreprise scientifique ne se conforme pas exactement à un quelconque modèle précis dictant les règles de sa conduite. "[17]

Mais un problème encore ouvert : " Au XXe siècle, les épistémologues ont suggéré divers critères de démarcation, sans qu'aucun cependant ne parvienne à arracher l'assentiment général. [...] On ne peut apparamment formuler un critère qui exclut tout ce qu'on veut exclure, et conserve tout ce qu'on veut conserver, même si, par ailleurs, tous s'entendent pour dire qu'il existe bel et bien telle choses que des énoncés (ou des activités) scientifiques [...]. Ce qui semble indiquer que le problème de la démarcation est bien réel et que pour l'épistémologie tout au moins, il demeure entier. "[18]

Différentes tentatives d'élucidation de la nature de la science ont été faites. Mais si aucune n'a débouché sur définition de critères universellement valable, mais toutes ont enrichi notre compréhension de la science.

Quelques airs de familles de la science

Si les analyse présentées dans la section précédentes n'offrent aucune réponse universellement satisfaisante à la question de la scientificité, nous avons vu en introduction que les différentes formes que peut prendre la science partagent quelques airs de famille. Nous en distinguerons ici de quatre sortes, en suivant la définition (forcément insatisfaisante) de l'introduction :

  • un certain "refus des dogmes" ;
  • un certain "rapport au monde" ;
  • un certain usage de la "raison" ;
  • une certaine "résistance aux critiques rationnelles".

Une pratique intellectuelle qui s'éloignerait trop de ces impératifs idéaux ne pourrait plus prétendre au statut de science. La discussion de ces "airs de famille" permettra précisément de saisir les limites de cette définition.

Il ne s'agit pas ici de trancher la question de la nécessité de ces impératifs. Les relativistes expliqueront à leur propos qu'ils ne sont que le reflet d'une époque et d'une idéologie singulière. Leurs adversaires défenderont au contraire l'idée qu'ils sont la conséquence nécessaire d'une recherche du vrai et d'une exploration du réel. Quoi qu'il en soit, nous tâcherons ci-dessous de les dessiner à grands traits.

Refus des dogmes

La science ne s'est pas constituée historiquement contre les dogmes religieuxcitation nécessaire. Les relations entre science et religion ont cependant été très conflictuelles en Europe jusqu'au XIXe sièclecitation nécessaire.

Se frotter au monde

Il y a dans la démarche scientifique l'idée qu'il faut aller à la rencontre de la "réalité", se frotter à quelque chose qui résiste.

Une démarche méthodique

Ziman, p. 145

Cette methode n'exclue pas l'imagination, le sens de l'esthétisme, le recours à l'analogie, ...

Exposition aux critiques rationnelles

Pluralités de la science

La science est plurielle, elle peut se manifester de mille façons. Mais cette pluralité elle-même est plurielle : il existe plusieurs manières de différencier les sciences.

Différentes facettes de la science

La science, comme l'ont montré les paragraphes précédents, peut-être conçue comme un corpus de connaissances et de méthodes, mais aussi comme une institution, ou encore une idéologie.

Différentes catégories de science

On classe également les sciences selon :

  • leur but : sciences appliquées, sciences fondamentales ;
  • leur méthode : sciences nomothétiques et sciences idiographiques, sciences expérimentales et sciences d'observation ;
  • leur objet : sciences empiriques (sciences naturelles, sciences sociales, sciences humaines), sciences logico-formelles.

Il ne faut pas se laisser abuser par ces grandes catégorisations, qui peinent à rendre compte de réalités plus complexes. Une même science peut ainsi être pour partie expérimentale, pour partie observationnelle. Il faut également prendre garde de ne pas tomber dans l'excès inverse qui consisterait, face à la complexité du réel, à nier qu'il puisse y avoir de profondes différences entre les différentes formes de recherche scientifique.

Selon leurs buts

Les sciences appliquées (qu'il ne faut pas confondre avec la technique en tant qu'application de connaissances empiriques) produisent des connaissances en sorte d'agir sur le monde, c'est à dire dans la perspective d'un objectif pratique, tandis que les sciences fondamentales visent prioritairement l'acquisition de connaissances nouvelles. On ne peut cependant classer a priori une discipline particulière dans un domaine ou dans un autre. Les mathématiques, la physique ou la biologie peuvent ainsi aussi bien être fondamentales qu'appliquées, selon le contexte. Certaines disciplines restent cependant plus ancrées dans un domaine que dans un autre. La cosmologie est par exemple une science exclusivement fondamentale. L'astronomie est également une discipline qui relève dans une grande mesure de la science fondamentale. La médecine, la pédagogie ou l'ingénierie sont au contraire des sciences essentiellement appliquées (mais pas exclusivement).

Sciences appliquées et sciences fondamentales ne sont pas cloisonnées. Les découvertes issues de la science fondamentale trouvent des fins utiles (ex : le laser et son application au son numérique sur CD). De même, certains problèmes techniques mènent parfois à de nouvelles découvertes en science fondamentale. Ainsi, les laboratoires de recherche et les chercheurs peuvent faire parallèlement de la recherche appliquée et de la recherche fondamentale. Par ailleurs, la recherche en sciences fondamentales utilise les technologies issues de la science appliquée, par exemple la microscopie, les possibilités de calcul des ordinateurs...

La science fondamentale ne doit pas être identifiée à une pure activité intellectuelle et spéculative, elle exige parfois des moyens considérables.

De ce point de vue, Stokes distingue quatre types de pratiques scientifiques.

On entend souvent aujourd'hui[réf. nécessaire] que science fondamentale et science appliquée ne pourraient plus être distinguées. Outre qu'une telle idée est déjà ancienne[19], elle est très discutable[réf. nécessaire]

Selon leurs méthodes

Une première distinction de cet ordre peut être faite entre les sciences nomothétiques et les sciences idiographiques. Les premières cherchent à établir des lois générales pour des phénomènes susceptibles de se reproduire. On y retrouve bien évidemment la physique ou la biologie, mais également des sciences humaines ou sociales comme l'économie, la psychologie ou même la sociologie. Les secondes s'occupent au contraire du singulier, de l'unique, du non récurrent. Cette classe de sciences pose évidemment problème. Cependant, l'exemple de l'histoire montre qu'il n'est pas absurde de considérer que le singulier peut être justiciable d'une approche scientifique.

La chimie : science expérimentale.
La chimie : science expérimentale.

Une seconde distinction peut porter sur le recours, ou non, à la démarche expérimentale. Les sciences expérimentales, comme la physique ou la biologie, reposent sur une démarche active du scientifique, qui construit et contrôle un dispositif expérimental reproduisant certains aspects des phénomènes naturels étudiés. Ces sciences emploient la méthode expérimentale. Les résultats des expériences ne sont pas toujours quantifiables (exemple : l'expérience de Konrad Lorenz avec les oies grises, en éthologie). Lorsqu'il n'est pas possible de contrôler un environnement expérimental, les scientifiques peuvent avoir recours à l'observation. Lorsqu'une discipline se forme autour de cette démarche, on parle alors de sciences d'observation. L'astronomie ou l'économie en sont des exemples classiques. Mais la frontière n'est jamais nette : il existe une économie expérimentale, et la physique des hautes énergies permet d'une certaine façon de tester expérimentalement certaines théories astronomiques. À ce diptyque expérimentation / observation, s'ajoute aujourd'hui la simulation informatique.

Selon leur objet

On peut enfin distinguer les sciences empiriques et les sciences logico-formelles.

Les premières portent sur le monde empiriquement accessible, et partent de notre expérience sensible de ce monde. Elles regroupent :

  • les sciences de la nature, qui ont pour objet d'étude les phénomènes naturels ;
  • les sciences humaines, qui ont pour objet d'étude l'Homme et ses comportements individuels et collectifs, passés et présents.

De leur côté, les sciences logico-formelles (ou sciences formelles) explorent déductivement, selon des règles de formation et de démonstration, des systèmes axiomatiques. Il s'agit par exemple des mathématiques ou de la logique[20] (la question du statut de science des mathématiques est discutée).

Cette typologie n'est pas unique, voir l'article Typologie épistémologique.

Différentes disciplines

Les disciplines ne se distinguent pas seulement par leurs méthodes ou leurs objets, mais aussi par leurs institutions : revues, sociétés savantes, chaires d'enseignement, diplômes, ...

Il ne faut cependant pas croire que les disciplines sont précisément définies, et qu'elles se distinguent parfaitement les unes des autres. Leur périmètre est souvent flou, et peut varier selon les époques et les lieux.

De surcroît, les disciplines sont elles-mêmes structurées en sous-disciplines, qui à leur tour peuvent également être structurées. Et toutes ces structures disciplinaires peuvent se chevaucher.

Thèse de l'unité de la science

Une histoire plurielle

Plusieurs histoires sont possibles : l'histoire des connaissances scientifiques, celle des institutions, celle des conceptions de la science, celle des "pensées" scientifiques, mais aussi celle des disciplines.

Des connaissances anciennes

Alors que la science n'était pas encore née, certaines des connaissances qui la constituent aujourd'hui étaient déjà bien formée. En astronomie ou en mathématiques, les hommes ont très tôt développé un savoir proto-scientifique.

La pensée scientifique

Mais il faut attendre la grèce du Ve siècle av. J.C. pour voir apparaître l'embryon d'une pensée scientifique.

Les institutions de la science

Ce n'est encore que beaucoup plus tard que la science s'institutionnalise réellement, au cours du XVIIe d'abord, cette institutionnalisation s'accélérant au XIXe et XXe.

C'est à ce moment là que le mot "science" prend son sens actuel. "Scientifique" apparaIt peu après.

Structuration de la science

La science s'est structurée en disciplines, qui chacune ont leur histoire. Joseph Ben David est l'un des grands auteurs ayant fait porter sa réflexion sur le mécanisme de formation des disciplines.

La science contemporaine

La science deviendrait ou serait aujourd'hui une " technoscience ".

De grandes transformation depuis les années 1970, en particulier en ce qui concerne la PI (Pestre).

L'histoire des sciences

cette discipline a considérablement évoluée depuis la fin des années 1970.

L'histoire des sciences n'est pas réductible à la construction d'une chronologie des découvertes scientifiques. Les historiens visent à élucider les mécanismes de production de la connaissance scientifique.

La dynamique de la science

Ces logiques qui gouvernent les mécanismes de production de la connaissance sont de deux ordres : collectifs et individuels.

Dynamiques collectives

La science est fondamentalement une entité collective

Le rôle des controverses

Les controverses sont à la fois un moteur et une fenêtre sur la dynamique de la science.

La tension essentielle

La science avance entre tradition et hétérodoxie.

Logiques de la découverte

A cette dynamique collective de la science s'ajoute les moteurs des pratiques scientifiques individuelles. Il s'agit là d'un sujet qui fut longtemps ignoré des épistémologues et des philosophes des sciences, au nom de la distinction entre contexte de découverte et contexte de justification. La découverte scientifique n'était justiciable que d'une analyse psychologique. Cette distinction s'estompe aujourd'hui, et les philosophes commencent à porter leur regard sur les pratiques concrètes des scientifiques.

La libido sciendi

Imagination et esthétique

Le rôle de l'analogie

Une science incarnée

La science n'est pas une démarche éthérée. Elle s'inscrit dans une réalité concrète, avec ses métiers, ses instruments, ses lieux, ses institutions. Elle est elle-même une institution.

Les instruments de la science

La science ne pourrait se développer sans la technique et la technologie qui l'accompagne. Cela va des techniques de souffleur de verre jusqu'aux dispositifs ultra-technologiques des détecteurs de particules.

Les lieux de la science

La science a ses lieux, le laboratoire pour commencer.

Les métiers de la science

Cela ne se résume pas à la figure du chercheur

L'institution science

La science n'est pas une pure abstraction. Elle est également une institution.

La science comme institution : la recherche scientifique. C'est classiquement la sociologie qui se préoccupe de cette face de la science.

Cette institution a une histoire

L'ensemble des actions entreprises en vue d'améliorer et d'augmenter l'état des connaissances dans un domaine scientifique constitue la recherche scientifique. L'organisation et la prise en charge des activités de recherche constituent un enjeu important de compétitivité et de prestige pour toutes les nations.

La recherche scientifique est devenue depuis quelques décennies un enjeu majeur pour le développement économique. C'est dans cette perspective que furent développés des outils statistiques visant à mesurer la production scientifique d'une nation, d'une région, d'une institution ou d'un individu.

Cette institution science porte également des éléments idéologiques.

Mesurer la science

La scientométrie est un ensemble de techniques bibliométrique appliquées à la mesure des caractéristiques des systèmes scientifiques.

Politiques de la science

Si l'organisation de la science est dans une large mesure le fait des scientifiques eux-mêmes, elle peut également être orientée ou structurée par des décisions politiques.

La puissance de la science

Cette puissance de la science peut se comprendre de deux manières : d'une part dans sa capacité à expliquer le monde et à changer nos représentations, d'autre part à le transformer.

Le pouvoir explicatif

La question de savoir si la science peut tout décrire est discutée

Les applications de la science

Science et technique

La fin du modèle linéaire

La technologie

Economie de la science

La science s'inscrit de deux manières dans les débats économiques : comme objet d'étude, elle attire l'attention des économistes qui tentent d'en saisir la dynamique et d'en comprendre la nature[21] en mobilisant leurs propres instruments conceptuels. Comme enjeu, elle est au coeur des débats sur l'économie de la connaissance[22].

La science comme objet économique

Pendant longtemps, la science fut considérée par les économistes comme un stock de connaissance nourissant la croissance économique.

La science comme enjeu économique

La science est depuis longtemps, depuis Roger Bacon au moins, un enjeu économique.Depuis quelques décennies, la place de la science dans le système économique sest considérablement accrue avec le développement de ses applications industrielles, et plus généralement de la technoscience.

Enseignement de la science

Les universités sont au coeur de l'enseignement des connaissances scientifiques.

Science et société

Dans une lettre du 2 juillet 1830 adressée à Legendre, C.G.J. Jacobi écrit: " M. Fourier avait l’opinion que le but principal des mathématiques était l’utilité publique et l’explication des phénomènes naturels; mais un philosophe comme lui aurait dû savoir que le but unique de la science, c’est l’honneur de l’esprit humain, et que sous ce titre, une question de nombres vaut autant qu’une question du système du monde. "[23] Le débat est toujours d'actualité.

Le grand public et la science

La compréhension de la science par le grand public est l'objet d'études à part entière, des revues sont consacrées à ce sujet (Public Understanding of Science).

La vulgarisation

Science et expertise

Différentes formes de dialogue

Du modèle de l'instruction publique à la co-construction des savoirs.

Les enjeux éthiques

Science et religion

Philosophiquement, la notion moderne de la science est apparentée à l'immanentisme, qui est une forme de rationalisme agnostique développée par Kant et Spinoza. Cette origine philosophique de la science explique en grande partie les difficultés épistémologiques et éthiques contemporaines.[réf. nécessaire]

Science et démocratie

Autonomie de la science

Science et culture

Les mondes scientifiques et culturels peuvent entretenir aujourd'hui des relations difficiles. Cela n'a cependant pas toujours été le cas, et l'on peut encore observer des relations étroites entre ces deux mondes. La science peut bien sûr être mobilisé pour développer ou améliorer les techniques artistiques. Mais son rôle ne se limite pas à cela. Elle peut également être source d'inspiration, et même être consitutive d'un champ artistique.

Le scientisme

Critiques de la science

La science est l'objet de critiques qui visent non seulement ses conséquences, mais également ses principes mêmes. Nous commencerons par présenter ces dernières.

La science, figure de l'orgueil humain

La science, instrument du désenchantement

" It is sometimes claimed (Appleyard, 1992), that science erodes belief in a transcendential God. "[24]

Une science aveugle au spirituel

Cette forme de critique de la science vise avant tout son matérialisme.

Une science aliénante

La science au service de la guerre

La science contre la démocratie

Une science de dominants

Ces critiques émanent en particulier des cultural studies, qui visent à dévoiler les soubassements idéologiques de la science. Elle ne serait que l'instrument de domination des mâles occidentaux.

Méta-sciences : les études sur la science

Notes et références

  1. Le monde doit d'entendre ici comme l'ensemble du réel, et non seulement comme le monde empirique. Il s'agit en particulier de ne pas exclure a priori les sciences formelles. Ces sciences ne sont certes pas empiriques, mais il serait déraisonnable d'affirmer sans précaution qu'elles ne portent pas sur le réel, ou sur un certain aspect de ce réel.
  2. Alan F. Chalmers, Qu'est-ce que la science ? Popper, Kuhn, Lakatos, Feyerabend, La Découverte, 1987, p. 267
  3. Robert Nadeau, Vocabulaire technique et analytique de l'épistémologie, PUF, 1999, p. 126
  4. Cette question du dogmatisme scientifique est abordée par des auteurs comme Michael Polanyi, Thomas Kuhn ou, en France et plus récemment, Bernadette Bensaude-Vincent. Nous y reviendrons dans la suite de l'article
  5. Les anthropologues des sciences occupent une place importante dans la critique des idéalisations de ces notions de raison et de méthode en science, qui de surcroît apportent le risque d'une certaine circularité de la définition de la science (la science pouvant être définie par la méthode, la méthode par la science)
  6. Nous reviendrons ce dernier point en examinant les " quadrants " de Donald Stokes, mais également les analyses de Terry Shinn sur la recherche technico-instrumentale
  7. Paul Feyerabend, Contre la méthode, esquisse d'une théorie anarchiste de la connaissance, Éditions du Seuil, 1979, p. 332
  8. Cette notion d'"air de famille" est proposée par Wittgenstein pour nommer ce qui peut lier les différentes manifestations de ces notions qui, comme la science, échappe à toute tentative de définition. Ce n'est cependant pas avec l'exemple de la science que le philosophe de Cambridge illustre ce que peut être un air de famille, mais avec la notion de jeu : " considère par exemple les processus que nous appelons "jeux" […]. Qu'ont-ils tous de commun? […] tu ne verras rien de commun à tous, mais tu verras des ressemblances, des parentés, et tu en verras toute une série. […] Je ne saurais mieux caractériser ces ressemblances que par l'expression d'"air de famille" […]. " (Wittgenstein, Recherches philosophiques, Paris, Gallimard (NRF), § 66-67, 2004 [1er ed. 1953], p. 64).
  9. Raymond Boudon, L'art de se persuader des idées douteuses, fragiles ou fausses, Paris, Fayard (Points Essais), 1990, p. 359. Boudon explique dans ce passage que ces notions " sont de type polythétique ". Cette notion a été forgée par l'anthropologue Rodney Needham (1975, " Polythetic classification : convergence and consequences ", Man, 10(3), pp. 349-369.) : tandis que la représentation monothétique exige la présence d’au moins un caractère commun à toute la classe identifiée, la classification polythétique exige simplement que chaque membre de l’ensemble considéré partage au moins un caractère important avec au moins un autre élément de la classe. Pour rendre plus intuitive cette définition abstraite, Boudon s'appuie sur la notion wittgensteinienne d’air de famille
  10. Raymond Boudon, L'art de se persuader des idées douteuses, fragiles ou fausses, Paris, Fayard (Points Essais), 1990, p. 338
  11. D. Boulter, Public perception of science and associated general issues for the scientist, Phytochemistry 50 (1999), p. 5.
  12. D. Boulter, Public perception of science and associated general issues for the scientist, Phytochemistry 50 (1999), p. 1.
  13. Rober Nadeau, Vocabulaire technique et analytique de l'épistémologie, PUF, 1999, p. 272
  14. Il serait intéressant d'étudier de plus près les raisons du succès de la définition poppérienne de la science auprès des scientifiques
  15. David B. Resnik, A Pragmatic Approach to the Demarcation Problem, Stud. Hist. Phil. Sci., Vol. 31, No. 2, pp. 249–267, 2000
  16. D. Boulter, Public perception of science and associated general issues for the scientist, Phytochemistry 50 (1999), p. 2.
  17. Murray Gell-Mann, Le quark et le jaguar, 1997 (lien), p. 99
  18. Robert Nadeau, Vocabulaire technique et analytique de l'épistémologie, PUF, 1999, p. 126
  19. Ainsi, en 1949 déjà, le sociologue Henri Lévy-Bruhl, après avoir écrit qu'il " [importe de] maintenir une distinction nécessaire entre la science et ses applications ", ajoutait : " Je sais que cette distinction n'est plus à la mode, et que l'on se gausse de l'appellation de "science pure", comme si ceux qui l'emploient prétendaient l'opposer à une science inférieure "impure". " (Lévy-Bruhl H., 1949, " Pas de science dirigée ", la Revue Socialiste, 27, avril 1949, pp. 249-255.
  20. Certaines approches de l'économie appartiennent également à cette catégorie (voir École autrichienne d'économie)
  21. Les économistes ne sont cependant pas directement impliqués dans les débats, évoqués dans les premiers paragraphe, visant à élucider l'être de la science. Ils importes les concepts où les critères forgés par les philosophes ou les sociologues pour nourrir leurs propres nalyses
  22. mais ne doit pas être confondue avec elle, l'économie de la connaissance incluant également, par exemple, l'étude de l'impact du niveau d'éducation de la population sur la richesse d'une nation
  23. C.G.J. Jacobi, letter to Legendre, July 2, 1830, in Gesammelte Werke, Vol. I, Berlin (1881), p. 454.
  24. D. Boulter, Public perception of science and associated general issues for the scientist, Phytochemistry 50 (1999), p. 6.
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