Le terme mondialisation désigne le développement de liens d'interdépendance entre hommes, activités humaines et systèmes politiques à l'échelle du monde. Ce phénomène touche la plupart des domaines avec des effets et une temporalité propres à chacun. Il évoque aussi parfois les transferts internationaux de main-d'œuvre ou de connaissances.
Ce terme est souvent utilisé aujourd'hui pour désigner la mondialisation (Le terme « mondialisation » désigne l'expansion et l'harmonisation des...) économique, et les changements induits par la diffusion (Dans le langage courant, le terme diffusion fait référence à une notion de...) mondiale des informations sous forme numérique (Une information numérique (en anglais « digital ») est une information...) sur Internet (Internet est le réseau informatique mondial qui rend accessibles au public des services...).
Le terme " mondialisation " apparaît dans la langue française en 1964 dans le cadre de travaux économiques et géopolitiques; il signifie l'accroissement des mouvements de biens, de services, de main-d’œuvre, de technologie (Le mot technologie possède deux acceptions de fait :) et de capital à l’échelle internationale.[1] . Il désigne initialement le seul mouvement d'extension des marchés des produits industriels à l'échelle des blocs géopolitiques de la Guerre froide. Longtemps cantonné au champ (Un champ correspond à une notion d'espace défini:) académique, il se généralise au cours des années 1990, d'une part sous l'influence des thèses d'émergence d'un " village global " portées par le philosophe Marshall McLuhan (Herbert Marshall McLuhan (21 juillet, 1911 - 31 décembre, 1980) est un éducateur, un philosophe,...), et surtout par le biais des mouvements antimondialistes et altermondialistes, qui attirent, par leur dénomination même, l'attention du public sur l'ampleur du phénomène.
Dans le monde (Le mot monde peut désigner :) anglophone, la popularisation du terme globalization et son usage (L’usage est l'action de se servir de quelque chose.) comme terme fourre-tout a accentué le débat (Un débat est une discussion (constructive) sur un sujet, précis ou de fond, annoncé à l'avance,...) académique. Il est maintenant admis que le terme désigne le développement de l'interdépendance au niveau mondial. À partir de cette définition (Une définition est un discours qui dit ce qu'est une chose ou ce que signifie un nom. D'où la...) générale chaque grand courant académique met l'accent sur la dimension (Dans le sens commun, la notion de dimension renvoie à la taille ; les dimensions d'une pièce...) qui lui parait la plus pertinente. Par exemple, certains universitaires comme Manuel Castells (Manuel Castells, né en 1942 à Barcelone, est professeur de sociologie et de planification urbaine...) [2] se concentrent sur le lien entre les dimensions économiques et sociales. D'autres, comme John Urry [3], mettent l'accent sur la complexité (La complexité est une notion utilisée en philosophie, épistémologie (par...) croissante qui caractérise tous les échanges humains (économiques, culturels et politiques). On peut aussi noter que le terme et sa popularité sont liés aux problématiques de développement, comme le montre Jan Nederveen Pieterse[4]. Les polémiques qui agitent le milieu universitaire anglophone reflètent l'existence d'un débat planétaire (Un planétaire désigne un ensemble mécanique mobile, figurant le système solaire...). Urry est anglais mais Castells est espagnol et Pieterse hollandais.
Le lecteur de ces lignes doit donc garder à l'esprit que les termes globalization et mondialisation et les sens (SENS (Strategies for Engineered Negligible Senescence) est un projet scientifique qui a pour but...) qui leur sont attribués reflètent toujours le point (Graphie) de vue (La vue est le sens qui permet d'observer et d'analyser l'environnement par la réception et...) et le courant de pensée des énonciateurs.
La distinction entre ces deux termes est propre à la langue française. Le mot anglais (US) original est globalization, repris par la plupart des autres langues. En Anglais, les différentes approches globalization/mondialisation sont explorées par différent courants de pensées. Le terme anglophone globalization couvre largement le même débat que la différence sémantique francophone. Comme dans le monde francophone, différentes personnes donneront différents sens aux termes, mettant l'accent sur la dimension (Dans le sens commun, la notion de dimension renvoie à la taille ; les dimensions d'une...) économique, culturelle ou politique, en fonction de leur appartenance, consciente ou non, à tel ou tel courant de pensée.
D'un point de vue étymologique, monde (univers) et globe sont suffisamment proches pour que mondialisation et globalisation soient synonymes dans leur emploi initial en langue française (1964 pour le premier, 1965 pour le second).
Toutefois, la proximité de "globalisation" avec l'anglais et la particularité de mondialisation a amené une divergence sémantique.
En français, le terme "globalisation" désigne l'extension supposée du raisonnement économique à toutes les activités humaines et évoque sa limitation au globe terrestre. Par contre le terme "mondialisation" désigne l'extension planétaire des échanges qu'ils soient culturels, politiques, économiques ou autres. Dans ce cadre l'expression monde peut désigner en outre l'espace proche de la terre (La Terre est la troisième planète du Système solaire par ordre de distance...), accessible par des moyens aéronautiques ou spatiaux (satellites), ou prendre des significations propres à chaque culture (La définition que donne l'UNESCO de la culture est la suivante [1] :) (le monde chinois…). En revanche, l'expression "globalisation financière" s'est imposée pour désigner la constitution d'un marché mondial intégré des capitaux. Par ailleurs, les problèmes d'environnement (L'environnement est tout ce qui nous entoure. C'est l'ensemble des éléments naturels et...) se posent désormais à l'échelle mondiale, par exemple la déforestation ou la pollution (La pollution est définie comme ce qui rend un milieu malsain. La définition varie selon le...) due au développement des transports.
La différence sémantique peut s'envisager sous un autre angle (En géométrie, la notion générale d'angle se décline en plusieurs concepts...). Certains voient dans le terme globalisation la simple transposition du terme anglais en français, globalisation étant synonyme de mondialisation. D'autres voient une différence de nature entre les deux termes et considèrent la globalisation comme une étape après la mondialisation, qui la dépasserait et consisterait en une dissolution des identités nationales et l'abolition des frontières au sein des réseaux d'échange mondiaux.
Complètement (Le complètement ou complètement automatique, ou encore par anglicisme complétion ou...) générique, le terme mondialisation désigne un processus historique par lequel des individus, des activités humaines et des structures politiques voient leur dépendance mutuelle et leurs échanges matériels autant qu'immatériels s'accroître sur des distances significatives à l'échelle de la planète (Une planète est un corps céleste orbitant autour du Soleil ou d'une autre étoile de...). Elle consiste en l'interdépendance croissante des économies et contribue à l'expansion des échanges et des interactions humaines[5].
La genèse du terme explique que ce processus soit le plus souvent envisagé sous le seul aspect de la mondialisation économique, développement des échanges de biens et de services, accentuée depuis la fin des années 1980 par la création de marchés financiers au niveau mondial. Toutefois s'y ajoutent :
En toute rigueur, il conviendrait ainsi de parler des mondialisations, afin de distinguer le domaine considéré (économie, culture, politique) et la période historique envisagée.
Si la mondialisation est un processus qui se traduit dans les faits, le mondialisme est une idéologie. Celle-ci affirme le caractère inéluctable de la mondialisation et son incompatibilité avec la structure de l'État-nation, son caractère inhérent à vouloir apporter la paix définitive par l'instauration d'un gouvernement mondial passant par un humanisme. Le mondialisme en tant que tel ne constitue cependant pas une idéologie constituée. On le retrouve au sein d'idéologies plus vastes, allant du néolibéral à l'internationalisme d'extrême-gauche.
Un glissement du sens du terme vers sa seule acception néo-libérale a donné naissance aux termes d'antimondialisation et d'altermondialisation pour désigner des courants de pensée visant respectivement à limiter le processus de mondialisation ou à en modifier le contenu.
Aussitôt que la mondialisation s’est imposée comme phénomène planétaire, on a cherché à la définir. Deux conceptions, qu’on peut dire " unitaire " et " conflictuelle et plurielle " s’affrontent autour (Autour est le nom que la nomenclature aviaire en langue française (mise à jour) donne...) de l’explication de ce phénomène[9] [10].
Selon la conception unitaire, la mondialisation évoque la notion d’un monde uni, d’un monde formant (Dans l'intonation, les changements de fréquence fondamentale sont perçus comme des variations de...) un village planétaire (Le village planétaire (en anglais Global Village), est une expression de Marshall McLuhan, de son...), d’un monde sans frontière (Une frontière est une ligne imaginaire séparant deux territoires, en particulier deux...). Ceci dans une approche géographique, idéologique ou économique. Cette conception est soutenue par des organisations internationales ou institutions internationales (notamment le FMI, l’OMC et autres), par le courant idéologique notamment le mondialisme. Elle est également partagée par quelques analystes[11].
Définir la mondialisation comme l’unification du monde signifie que l’on parle de l’interpénétration des cultures, des technologies et des économies (intégration dans l’économie mondiale). De ce fait, les expressions comme culture mondiale ou civilisation mondiale, gouvernance mondiale, économie mondiale, voire même citoyen mondial sont de plus en plus utilisées.
Si l’approche unitaire de la mondialisation bénéficie des atouts du XXIe siècle (c’est-à-dire le progrès et révolution de la technologie qui renforce l’intégration physique (La physique (du grec φυσις, la nature) est étymologiquement la...), l’internationalisation et l’expansion des mouvements financiers ; et la position du capitalisme, seul système économique et centre de l’économie mondiale), il est suivi, cependant, par toutes les critiques fusant sur l’économie de marché ou le capitalisme.
La conception qui définit la mondialisation comme l’unification du monde contient par ailleurs une position intellectuelle qui prône plus d’ouverture pour arriver à une paix mondiale, une suppression totale des frontières. En revanche, même si cette conception présenterait l’avantage de créer dans l’homme le germe (En botanique, un germe est un embryon de plante contenu dans une graine. Le terme désigne...) de l’espoir, elle resterait cependant restrictive dans la mesure où elle négligerait les autres manifestations de la mondialisation.
Opposée à la conception unitaire, la conception conflictuelle et pluraliste considère la forme actuelle de la mondialisation comme la source de nos problèmes. Elle met en avant une approche de coopération plutôt que de mise en concurrence, qui est le principe de base de la forme actuelle de la mondialisation. Les sympathisants les plus farouches de cette conception sont les courants altermondialiste et antimondialiste. Elle est également partagée par quelques analystes indépendants. Les problèmes que pose cette approche de la mondialisation sont ceux de l'hétérogénéité, de l'incompatibilité, de la fragmentation et de l'intégration, de l'ordre et du désordre, de l'inégalité, de l'exclusion et de la solidarité, de la domination, de l'exploitation, des affrontements idéologiques et des relations humaines qui sont souvent régies par des rapports de force (Le mot force peut désigner un pouvoir mécanique sur les choses, et aussi, métaphoriquement, un...).
Cette conception présenterait selon ses tenants l’avantage d’appréhender un peu plus clairement les éléments divers de ce phénomène aux multiples aspects alors que la première s’articulerait autour d’un seul point. Du fait d’être défendue par les altermondialistes, cette conception est généralement vue comme une théorie (Le mot théorie vient du mot grec theorein, qui signifie « contempler, observer,...) économique et sociale proche du socialisme, notamment parce qu'elle prend la défense des plus pauvres. La vision de l'altermondialisme est davantage de coopération que de mise en concurrence des populations.
Voir aussi l'article mondialisation économique
Si le vocable " mondialisation " est récent, il désigne cependant différentes périodes de l'Histoire, dont certaines anciennes [12].
Les hommes du XVIIe siècle ou des siècles antérieurs avaient des représentations du monde différentes des nôtres. La terre était peuplée de moins de 700 millions d'habitants. On ne peut donc pas vraiment parler de mondialisation.
On constate pourtant que des évènements politiques et culturels majeurs ponctuent l'Histoire :
Ces changements s'accompagnent d'une extension considérable de l'espace connu ainsi que des échanges économiques, technologiques et culturels entre civilisations.
L'étude des échanges de biens de ces époques incite à penser que l'historiographie du XIXe siècle a sous-estimé l'importance des échanges matériels et culturels entre civilisations éloignées jusqu'à la fin du Moyen Âge. Par exemple :
Aux XVe et XVIe siècle, le mouvement de la Renaissance entraîne un grand bouleversement : l'imprimerie apparaît, on prend conscience de la rotondité de la terre, les européens font de grandes découvertes.
Pendant le siècle (Un siècle est maintenant une période de cent années. Le mot vient du latin saeculum, i, qui...) des Lumières, la diffusion de la presse, la prise de conscience de l'héliocentrisme (L'héliocentrisme est une théorie physique qui place le Soleil au centre de l'Univers, ou...), l'industrialisation et la colonisation entraînent d'autres types de bouleversements, que Montesquieu analyse en ces termes : " Aujourd'hui nous recevons trois éducations différentes ou contraires : celles de nos pères, celles de nos maîtres, celle du monde. Ce qu'on nous dit dans la dernière renverse toutes les idées des premières ".
Le XIXe siècle marque véritablement l'essor de la révolution industrielle correspondant à la période appelée contemporaine par les historiens. Le ressort essentiel du processus est alors l'abaissement des coûts de transport (Le transport, du latin trans, au-delà, et portare, porter, est le fait de porter quelque chose, ou...), avec la généralisation (La généralisation est un procédé qui consiste à abstraire un ensemble de...) de la machine à vapeur (La machine à vapeur est une invention dont les évolutions les plus significatives datent...) et celui des coûts de communication (La communication concerne aussi bien l'homme (communication intra-psychique, interpersonnelle,...) avec le télégraphe (Le télégraphe (du grec τηλε têlé, loin et...). Ces deux éléments permettent la mise en communication des différentes parties du globe et d'importants transferts d'hommes, de biens et de savoirs en fonction des inégalités de peuplement, de richesse et de pouvoir.
Le XIXe siècle (entendu au sens des historiens, il commence avec la Révolution française et finit avec la Première Guerre mondiale) voit ainsi se dérouler des flux (Le mot flux (du latin fluxus, écoulement) désigne en général un ensemble d'éléments...) de population à l'échelle planétaire. Alors qu'en Europe, la Révolution agricole éloigne les paysans de leur campagne (La campagne, aussi appelée milieu rural désigne l'ensemble des espaces cultivés...) et que les villes absorbent avec difficulté la hausse soudaine de la population du vieux continent (Le mot continent vient du latin continere pour « tenir ensemble », ou continens...) (elle quadruple entre 1750 et 1900), les occidentaux migrent massivement à travers le monde (Amériques, Australie (L’Australie (officiellement Commonwealth d’Australie) est un pays de...), Algérie…). Ces flux de population modifient en profondeur la répartition de la main-d'œuvre au niveau mondial.
Au niveau économique, l'industrialisation rend possible le développement d'échanges de produits manufacturés entre pays (Pays vient du latin pagus qui désignait une subdivision territoriale et tribale d'étendue...) industrialisés et en cours d'industrialisation, tandis que la colonisation entraîne des flux de matières premières depuis les colonies vers l'Europe. L'impact économique de ces échanges est cependant faible au regard de celui induit (L'induit est un organe généralement électromagnétique utilisé en électrotechnique chargé de...) par les migrations mondiales.
La colonisation a également pour effet d'intégrer l'essentiel de la planète dans un espace politique commun, et de favoriser des transferts financiers entre pays ainsi que vers les colonies.
Dans le domaine culturel, la multiplication (La multiplication est l'une des quatre opérations de l'arithmétique élémentaire...) des récits de voyage (Un voyage est un déplacement effectué vers un point plus ou moins éloigné dans un but personnel...) ou des modes comme le japonisme montrent la montée en puissance (Le mot puissance est employé dans plusieurs domaines avec une signification particulière :) dans l'imaginaire européen d'autres cultures, elles-mêmes souvent mises à mal par la colonisation. Jules Verne (Jules Verne, né le 8 février 1828 à Nantes et mort le...) fait faire à Philéas Fogg Le Tour du monde en quatre-vingts jours, grâce au génie technique européen. À cette époque cependant, le mondialisme trouve sa première expression d'ampleur sur le socle du marxisme avec la fondation des Internationales.
Les débuts du XXe siècle sont marqués par une méfiance croissante à l'égard des échanges mondiaux, entraînant le repli de nombreux pays sur eux-mêmes au détriment du processus de mondialisation.
Si le début du XXe siècle freine la mondialisation, la deuxième moitié du XXe relance et accélère ce processus. Après 1945, celui-ci reprend, de manière très inégale en fonction des domaines. La reconstruction de l'Europe ainsi, la mise en place du bloc soviétique puis les décolonisations limitent la portée des échanges de biens et de services. La mondialisation s'inscrit alors plutôt dans la création d'organisations internationales, ONU, Banque mondiale, FMI ou GATT, ainsi que dans la généralisation des produits de la culture (La Culture est une civilisation pan-galactique inventée par Iain M. Banks au travers de ses...) des États-Unis, en particulier le cinéma (On nomme cinéma une projection visuelle en mouvement, le plus souvent sonorisée. Le terme...).
Alors que le terme est déjà utilisé, ce n'est que vers 1971 que les échanges de biens retrouvent, en part du PIB mondial, leur niveau de 1910 et que reprend véritablement la mondialisation économique. Appuyée sur la baisse des coûts de transport (Le transport est le fait de porter quelque chose, ou quelqu'un, d'un lieu à un autre, le plus...), celle-ci désigne essentiellement le développement des échanges en biens manufacturés entre pays riches et nouveaux pays industrialisés (Les nouveaux pays industrialisés (NPI) sont les pays qui ont amorcé un important...) (Corée du Sud (Le sud est un point cardinal, opposé au nord.), Taiwan, Brésil, Argentine…), qui représentent 80% du commerce mondial. Au sein du COMECON, la planification (La planification est la programmation d'actions et d'opérations à mener) favorise de même d'importants échanges de biens, largement en isolation vis-à-vis du reste du monde.
Au début des années 1980, de vastes zones géographiques (Afrique, essentiel de l'Asie) ainsi que les secteurs primaire (agriculture) et tertiaire (services) restent hors du processus de mondialisation économique, tandis que les flux de population restent faibles. Par ailleurs, l'amélioration des flux d'information ainsi que l'assouplissement des lois portant sur l'investissement étranger favorisent la mise en place de marchés financiers d'échelle internationale.
L'évaluation des conséquences de la mondialisation économique comprend plusieurs volets, très contrastés selon la richesse du pays considéré.
Pour les pays riches, la mondialisation économique comporte deux bénéfices essentiels. Le premier profite au consommateur, qui a accès à un éventail plus large de biens (diversité) à un prix plus faible que s'ils étaient fabriqués dans le pays même. Quantitativement, cet effet est considérable, et peut être appréhendé en additionnant les gains des consommateurs à l'achat de produits textiles chinois. Le second bénéfice profite aux détenteurs du capital, qui obtiennent un meilleur rendement de leurs capitaux.
Les pays riches souffrent en revanche de la délocalisation de leurs industries intensives en main-d'œuvre peu qualifiée, ainsi que de la concurrence accrue entre pays riches eux-mêmes. Quantitativement peu importants, ces effets posent cependant des problèmes du fait qu'ils sont localisés, touchant particulièrement certains individus ou certaines régions, alors que les gains sont répartis sur l'ensemble de la population. Ceci dit, la part de la population active en concurrence avec la main-d'œuvre peu qualifiée des pays en voie de développement n'est seulement que de 3%.
Cependant, les niveaux scientifique (Un scientifique est une personne qui se consacre à l'étude d'une science ou des sciences et qui...) et technologique de la Chine et de l'Inde se rapprochent très vite des standards occidentaux, et la qualité des télécommunications (Les télécommunications sont aujourd’hui définies comme la transmission à distance...) font que la concurrence directe des populations actives concerne maintenant les classes moyennes (délocalisation des call centers par exemple), et les ingénieurs (tous les grands groupes de logiciels ont une antenne (En radioélectricité, une antenne est un dispositif permettant de rayonner (émetteur) ou de...) en plein essor en Inde).[réf. nécessaire]
Certaines études quantitatives économétriques tentant d'évaluer ces deux aspects seraient arrivées à la conclusion que les gains des pays riches à la division (La division est une loi de composition qui à deux nombres associe le produit du premier par...) internationale du travail sont supérieurs aux pertes (délocalisations, désindustrialisation). Le problème des pays riches face à la mondialisation économique serait donc avant tout un problème de répartition de gains afin de pouvoir indemniser les perdants en leur accordant une part des gains proportionnée à leur perte.
Toutefois l'objectivité de ces études est actuellement remise en question, la plupart d'entre elles étant réalisées par des organismes internationaux prônant eux-mêmes la mondialisation lorsqu'ils n'en sont pas eux-mêmes les artisans (Banque mondiale, Fonds monétaire international, OMC)[14].
Durant ces deux dernières décennies, la mondialisation n'a pas été porteuse (Une porteuse est un signal sinusoïdal de fréquence et amplitude constantes. Elle est...) de croissance en Europe. Elle aurait plutôt été génératrice d'iniquités et de dégâts environnementaux. Malgré cet échec, le dogme néo-libéral sur les vertus du libre échange continue à être relayé par la plupart des économistes comme si la théorie des avantages comparatifs de Ricardo s'appliquait au monde actuel.
La mondialisation économique incite également les pays riches à se faire concurrence en matière (La matière est la substance qui compose tout corps ayant une réalité tangible. Ses...) de réglementation, de protection sociale, de fiscalité et d'éducation. Le bilan de cette concurrence est actuellement impossible à établir. Selon les opinions, elle conduit à un moins-disant dans divers domaines, ou elle privilégie les États les plus efficaces à maîtriser leur train (Un train est un véhicule guidé circulant sur des rails. Un train est composé de...) de vie, ou enfin elle met en évidence les inefficacités des différents modèles sociaux et certains vont jusqu'à parler alors de dumping social.
Les mouvements sociaux ne pouvant réellement s'exprimer de manière efficace qu'au niveau de l'État-nation, face à un pouvoir politique de proximité, la mondialisation empêche la lutte des classes et risque à terme de détruire les protections sociales mises en place dans les États développés.
Jusqu'à la crise asiatique, les nouveaux pays industrialisés semblaient les grands gagnants de la mondialisation économique. Profitant d'une main (La main est l’organe préhensile effecteur situé à...) d'œuvre qualifiée et à faible coût, ils ont bénéficié d'investissements très importants en provenance des pays riches comme l'aide financière apportée au Japon par les États-Unis après la seconde ( Seconde est le féminin de l'adjectif second, qui vient immédiatement après le premier ou qui...) guerre mondiale, ce qui leur a permis de construire (Le permis de construire ou permis de construction est un document officiel qui autorise la...) une économie moderne et un système de formation solide, de sortir de la pauvreté. La crise asiatique a cependant montré l'étendue de leur dépendance à l'égard de marchés financiers prompts à l'emballement spéculatif comme à la panique.
Le bilan de la mondialisation économique pour ces pays est ainsi très contrasté, avec d'un côté des pays, comme la Corée du Sud ou Taiwan définitivement classés parmi les pays riches, d'autres, Thaïlande, Philippines (La République des Philippines est un pays constituée d'un archipel de...), ont du mal à se remettre de la volatilité (En finance, la volatilité est une mesure de l'instabilité du cours d'un actif financier. Elle...) des investissements, et d'autres encore bénéficient très largement de la mondialisation au niveau du pays, mais avec une répartition très inégale de ces gains (Brésil, Chine).
Au niveau économique, les pays les plus pauvres restent largement en dehors du processus de mondialisation. Celui-ci requiert en effet des institutions stables, un respect du droit, de la propriété privée, une absence de corruption ainsi qu'un certain développement humain (santé et éducation) que ne présentent pas la plupart de ces pays. Leur ressource économique principale, l'agriculture, reste dominée par les stratégies protectionnistes des pays riches, sauf pour les cultures propres aux pays pauvres.
Après la deuxième guerre mondiale les marchés financiers étaient réglementés nationalement et cloisonnés. Sous l'influence des différents acteurs mais aussi du FMI et de la Banque Mondiale ("consensus de Washington") les marchés ont subi une triple évolution dite "les trois D": déréglementation (abolition des contrôles des changes et des restrictions aux mouvements de capitaux) , désintermédiation ou accès direct (Un logiciel fait un accès direct (aussi appelé accès aléatoire) à un...) des opérateurs aux marchés financiers sans passer par des intermédiaires et décloisonnement (éclatement des compartiments qui existaient). À partir de la fin des années 1970 un marché intégré des capitaux s'est peu à peu mis en place à l'échelle mondiale.
Au-delà des aspects géographiques c'est donc une nouvelle logique (La logique (du grec logikê, dérivé de logos (λόγος),...) financière qui s'est instaurée, c'est pourquoi les spécialistes parlent plutôt de "globalisation" financière que simplement de mondialisation. On peut dire qu'aujourd'hui une sphère (En mathématiques, et plus précisément en géométrie euclidienne, une...) financière globalisée existe eu sein de l'économie mondiale.
La mondialisation introduit une explosion (Une explosion est la transformation rapide d'une matière en une autre matière ayant un...) sans précédent dans l'Histoire des flux financiers à l'échelle du monde, qui est engendrée en grande partie par les facilités d'échanges informatiques sur la Toile.
La globalisation financière a favorisé le financement des entreprises et celui des balances des paiements. En supprimant les obstacles à la circulation (La circulation routière (anglicisme: trafic routier) est le déplacement de véhicules automobiles...) du capital elle a donné une impulsion sans précédent aux marchés financiers. Force est cependant de constater que les vrais gagnants au jeu de la finance internationale moderne sont surtout les firmes multinationales, les Trésors publics, les établissements de crédit et les investisseurs institutionnels.
Les risques liés au développement des marchés financiers sont nombreux :
- Contrairement à la logique industrielle la logique financière privilégie le court terme ;
- La volatilité des marché s'est accrue, entraînant une instabilité des taux d'intérêts et des taux de change ;
- Les risques systémiques engendrés soit par des pertes économiques importantes ou par une perte de confiance se transmettent plus facilement à l'ensemble de l'économie (théorie des dominos) provoquant alors des difficultés financières, des faillites, l'effondrement du prix de certains actifs, etc.
La globalisation financière a donné naissance à des risques nouveaux en engendrant des instabilités nouvelles. La question de la maîtrise (La maîtrise est un grade ou un diplôme universitaire correspondant au grade ou titre de...) de cette globalisation se pose aujourd'hui avec acuité car les États et les institutions (FMI, Banque mondiale...) ont montré leur impuissance lors de crises importantes.
Une régulation (Le terme de régulation renvoie dans son sens concret à une discipline technique, qui se...) mondiale semble pour l'instant (L'instant désigne le plus petit élément constitutif du temps. L'instant n'est pas...) inaccessible : faut-il mettre en place une taxation comme le préconise James Tobin ? Peut-on réformer les institutions internationales ? Faudra-t-il une crise systémique (La systémique - du grec « systema », « ensemble...) majeure pour que les États trouvent un terrain d'entente ?
L'accès d'un nombre (La notion de nombre en linguistique est traitée à l’article « Nombre...) croissant d'individus à des réseaux d'information et de communication communs conduit à deux effets :
La mondialisation, accordant dans son mode de régulation un primat à l'international sur le national, peut être lue comme une accélération (L'accélération désigne couramment une augmentation de la vitesse ; en physique,...) d'un phénomène mondial d'intégration économique commencé dès le XVIe siècle, processus inégal sur le plan géographique et progressif à l'échelle temporelle. Elle crée de nouveau défis d'organisation (Une organisation est) institutionnelle et de répartition des pouvoirs politiques à l'échelle du monde.
Les outils traditionnels de la politique publique, fiscalité et réglementation, perdent de leur efficacité dans un environnement mondialisé. Leur application demande alors la coopération de plusieurs États, toujours délicate à obtenir et à maintenir.
La mondialisation génère des agents économiques, des moyens d'information et des flux financiers dont l'ampleur échappe au contrôle (Le mot contrôle peut avoir plusieurs sens. Il peut être employé comme synonyme d'examen, de...) de la structure des États-nations. De ce fait, la plupart des gouvernements déplorent leur impuissance face à ces phénomènes tant que les relations internationales ne sont pas réglées par d'autres règles que l'intérêt des États.
Au niveau européen, il faut noter l'existence d'une certaine volonté d'harmoniser les comptabilités nationales, en vue de définir une typologie normalisée des agents économiques en unités institutionnelles et en secteurs institutionnels.
L'accélération récente de la mondialisation entraîne une diversification et une autonomisation des acteurs transnationaux. Elle impose aux organisations internationales (Banque mondiale, FMI, OCDE, Forum de Davos, G8) de redéfinir leurs discours et leurs actions[15].
Des ONG (organisations non gouvernementales) tentent de combler ce vide (Le vide est ordinairement défini comme l'absence de matière dans une zone spatiale.), mais elles manquent de légitimité pour prétendre représenter les citoyens du monde, et sont souvent marquées par des idéologies partisanes.
De leur côté les syndicats ont compris l'intérêt d'aborder la question du travail selon une approche mondialisée, en se regroupant dans une Confédération syndicale internationale.
Aujourd'hui, 4% de la population mondiale vit en dehors de son pays de naissance.
Les flux humains de migration permanente sont les grands oubliés de la mondialisation. Même si en 2002, les États-Unis accueillaient le nombre d'immigrants le plus important de son histoire, ce nombre était faible au regard de sa population en comparaison de cette proportion au cours des années 1920. Dans l'ensemble du monde, les mouvements de population sont quantitativement faibles. La mobilité internationale durable reste le sort des plus défavorisés, déplacés par les guerres, ou l'apanage des mieux formés à la recherche (La recherche scientifique désigne en premier lieu l’ensemble des actions entreprises en vue...) de la meilleure rémunération pour leurs compétences.
La mondialisation met en évidence des inégalités de revenus à l'intérieur des pays développés (dirigeants / employés) et entre pays développés, pays en développement et pays pauvres[16].
Encore, cette inégalité de revenus ne doit pas cacher le fait qu'elle reflète le plus souvent des différences considérables dans les modes de vie.
La hausse de niveau de vie (Le niveau de vie fait référence à la qualité et quantité des biens et services dont dispose la...) et la baisse des coûts de transport ont largement contribué à l'extension du tourisme international, qui passe de 25 millions de personnes en 1950 à 500 millions en 2000. Toutefois, le tourisme international est essentiellement composé de ressortissants de pays riches visitant d'autres pays riches (les pôles récepteurs et les pôles émetteurs). Le tourisme en direction des pays pauvres est le plus souvent concentré sur un petit nombre de localisations, avec un effet assez faible sur le développement d'ensemble du pays d'accueil.
Les risques écologiques sont également en partie globalisés et menacent les grands équilibres. Certains aspects des crises écologiques prennent une dimension mondiale, notamment le changement climatique et ses différentes caractéristiques : effet de serre (L'effet de serre est un processus naturel qui, pour une absorption donnée d'énergie...), risque de perturbation des courants marins, perte de biodiversité (La biodiversité est la diversité naturelle des organismes vivants. Elle s'apprécie...), déforestation, etc.
La prise de conscience de la crise écologique (En écologie, une crise écologique se produit lorsque le milieu de vie d'une espèce ou d'une...) a poussé les scientifiques à penser l'écologie globalement, selon la formule de René Dubos (" penser globalement, agir localement ") : les experts de l'écologie globale parlent d'écosphère, de biosphère (La notion de biosphère désigne à la fois un espace et un processus auto-entretenu (jusqu'à ce...),... Poussés par les ONG, les dirigeants du monde se réunissent lors de sommets de la Terre pour définir des politiques de développement durable (Le développement durable (traduction de Sustainable development) est une nouvelle conception...). Ces politiques ont des transpositions sur les territoires et les entreprises, cherchant à croiser les trois aspects que sont l'environnement, le social, et l'économique.
Certaines approches tendent à appréhender les risques globalement selon leurs caractéristiques écologiques, sociales et économiques : normes sur les risques globaux (se traduisant par des normes sur les données (Dans les technologies de l'information (TI), une donnée est une description élémentaire, souvent...) employées sur la Toile) [17], protocole de Kyoto, etc.
La forme actuelle de la mondialisation repose sur deux facteurs essentiels [18] :
Le premier facteur explique la mise en place d'une division internationale du travail, puisqu'il peut être rentable de faire fabriquer une marchandise (Une marchandise est un produit de l'activité humaine, direct ou indirect, essentiellement...) dans un pays pour la transporter et la vendre dans un autre. La généralisation de ce procédé à l'ensemble du processus de production (un bien est fabriqué en plusieurs étapes correspondant à autant de pays différents) entraîne la croissance d'interdépendances économiques d'autant plus fortes que les échanges le sont. La France et l'Allemagne en sont un exemple. Ce phénomène constitue essentiellement une continuation (En informatique, la continuation d'un système désigne son futur, c'est-à-dire la...) de ce qui avait été amorcé au XIXe siècle.
Ce processus trouve sa contrepartie dans la volonté des pays les plus riches de diminuer les droits de douane existant entre eux ainsi que ceux portant sur leurs produits dans les pays moins industrialisés. Les négociations du GATT puis de l'Organisation mondiale du commerce voient ainsi une diminution considérable des barrières douanières ainsi que l'élargissement de ce processus à l'agriculture et aux services.
La grande nouveauté de la mondialisation du début du XXIe siècle est la mise en place de technologies de l'information (TIC), en sources ouvertes ou fermées, elles aussi à l'échelle mondiale. Avec l'accès à ces outils, la mondialisation touche autant les individus que les États ou les entreprises, avec une perception très variable (En mathématiques et en logique, une variable est représentée par un symbole. Elle...) selon les individus.
Le premier effet de cette mutation technologique est la financiarisation de l'économie et le développement des entreprises multinationales et transnationales. La meilleure information sur les différences de coûts entre les pays permet en effet aux capitaux de circuler sans l'intermédiation des banques en permettant l'établissement de marchés financiers intégrés au niveau international.
La prise de conscience de l'unicité de la planète face aux problèmes écologiques est une caractéristique fondamentale (En musique, le mot fondamentale peut renvoyer à plusieurs sens.) de la fin du XXe siècle et du début du XXIe. Plusieurs évènements ont en effet marqué ce début de millénaire (Un millénaire est une période de mille années, c'est-à-dire de dix siècles.) sur le plan écologique et sociétal. Les questions écologiques engagent désormais la responsabilité des entreprises. Elles trouvent leur expression dans le développement des Organisations non gouvernementales (WWF, Médecins sans frontières, etc.), qui deviennent des interlocuteurs des entreprises, parmi d'autres parties prenantes.
Ces enjeux de globalisation entraînent la nécessité de politiques d'innovation, dans lesquelles la gestion des connaissances et la propriété intellectuelle ont encore plus d'importance que les outils de communication pure.
Contrairement aux facteurs purement financiers, la mondialisation des technologies de l'information du type web, internet et autres medias touche directement les individus. L'exposition à des produits culturels étrangers (dessins animés japonais, cinéma indien, danses d'Amérique (L’Amérique est un continent séparé, à l'ouest, de l'Asie et...) du Sud…) n'est plus le privilège d'une élite. Elle fait prendre conscience de la diversité des cultures au niveau mondial.
On perçoit confusément que la mondialisation, qui s'accompagne d'enjeux de développement durable, correspondrait au début d'un nouveau cycle historique.
Le philosophe Michel Foucault (Paul Michel Foucault, né le 15 octobre 1926 à Poitiers et mort le...) parle d'épistémè pour une conception du monde. Notre époque correspondrait selon lui à un nouvel épistémè, qu'il qualifie d'hypermodernité.
L'historien René Rémond pense qu'il existe des cycles dont les caractéristiques sont le changement des représentations du monde, conduisant à de nouvelles représentations sociales, le changement des modes de diffusion de l'information et de la connaissance, la lecture scientifique des textes fondamentaux, et la remise en honneur de la culture antique…
Par exemple, la Renaissance du XIe siècle fut une période de remise en honneur des auteurs grecs et latins et de changement de conception du monde (rotondité de la terre) ; la Renaissance des XVe et XVIe siècles étendit la redécouverte de la culture antique à l'art et aux techniques, et apporta l'imprimerie. Le siècle des Lumières vit un changement important de représentation du monde avec la fameuse " révolution copernicienne ". Notre époque voit aussi apparaître des représentations du monde différentes avec les nouvelles théories cosmologiques, l'apparition d'internet, etc.