Un logiciel abandonné, logiciel orphelin ou encore abandogiciel, abandoniciel, abandongiciel ou enfin abandonware (anglicisme critiqué) caractérise un logiciel que l'on considère comme abandonné par son éditeur (le logiciel n'est plus en vente par exemple). C'est une liberté que certaines personnes prennent sur la législation pour utiliser et partager gratuitement un logiciel protégé, sous réserve de prendre certaines précautions.
Par définition, l'invocation de l'utilisation gratuite d'un logiciel abandonné est illégale ; si un éditeur accorde l'utilisation gratuite d'un logiciel il devient un gratuiciel.
Le néologisme anglais abandonware, tiré de abandon (abandonner) et ware pour software (logiciel) a émergé vers 1997 de la banalisation de l'Internet et de l'apparition des sites mettant illégalement à disposition du contenu protégé. Par la suite certains de ces sites dits de warez se spécialisèrent dans les vieux jeux, se nommant alors oldwarez ou abandonwarez. Enfin la dénomination perdit le z terminal pour s'arrêter à abandonware dans le souci de se différencier des sites de pirates[1]. Ce terme anglais est largement employé par les francophones.
Les termes français utilisés sont " logiciel abandonné " ou " logiciel orphelin ".
En 2001, l'Office québécois de la langue française propose les synonymes " abandogiciel ", " abandoniciel " et " abandongiciel ", trois différentes contractions de " abandon " et " logiciel ", laissant à l'usage de faire son choix parmi ces trois possibilités[2]. Par la suite certains dictionnaires donnent la préférence à " abandogiciel ".
Le logiciel abandonné est un compromis entre les maisons d'édition du logiciel et les utilisateurs. Le principe est de ne pénaliser personne ; même avec une durée de droit d'auteur de 70 ans, si le logiciel n'est plus commercialisé depuis longtemps, il devient de manière tacite un orphelin. Cela ne le caractérise pas indéfiniment, et un logiciel recommercialisé par son éditeur ne doit plus être considéré comme abandonné.
Pour savoir si un logiciel est abandonné (car il est difficile de prouver que quelque chose n'existe pas, surtout quand les développeurs et/ou les éditeurs sont disparus), il faut postuler qu'il l'est. Alors le propriétaire fera peut-être valoir ses droits d'auteur et le logiciel ne sera plus un orphelin. Mais le plus simple reste de demander aux ayants-droit (s'ils existent) la permission.
Ce phénomène, débuté par des utilisateurs nostalgiques, donne un second souffle à des logiciels introuvables dans le commerce et que les amateurs achèteraient pourtant s'ils le pouvaient. Certains éditeurs l'ont compris, comme LucasArts qui a réédité ses plus grands jeux d'aventure "pointer-et-cliquer" sur CD-ROM. Ces jeux ne sont donc pas abandonnés.
La plupart des utilisateurs de logiciels abandonnés sont des nostalgiques qui veulent simplement jouer aux jeux qu'ils ont apprécié auparavant. Ce pèlerinage jonché de contraintes techniques (un vieux jeu ne fonctionnera pas forcément sur les ordinateurs récents) peut les mener à acheter de vieux ordinateurs uniquement pour faire tourner ce genre de programmes. D'autres se replongent dans l'histoire du logiciel et des jeux vidéo pour comparer réellement la production et la créativité d'hier à celle d'aujourd'hui. Il a permis, par exemple, de revoir et de faire fonctionner avec émotion le tout premier tableur (VisiCalc) jamais écrit au monde, qui tenait sur 27,5 ko (26,9 kio), l'éditeur Lotus ayant donné son accord.
Le logiciel abandonné remet en question la durée des droits d'auteur en informatique qui est de 70 ans. On s'aperçoit qu'en moins de 10 ans la vente et le service après-vente n'est plus assuré pour la très grande majorité des logiciels. Cela paraît inévitable vu la jeunesse du génie logiciel et surtout l'évolution exponentielle des ressources mémoire et de la puissance de calcul des machines. Il y a actuellement une disproportion entre la durée légale et la durée constatée. Fort heureusement, une majorité des éditeurs l'ont compris et ne sont pas très regardants sur les logiciels abandonnés.