L' effet Allais, aussi appelé anomalie d'Allais, est un phénomène physique observé en 1954 par l'économiste et polytechnicien français Maurice Allais et pour lequel ce dernier a reçu, en 1959, le prix Galabert de la Société Française d'Astronautique. Ce phénomène constituerait selon lui une réfutation de la théorie de la relativité restreinte mais bien que l'effet ait pu être reproduit indépendamment par d'autre expériences (voir plus bas), l'interpretation d'Allais est marginale et ne suscite pas l'adhésion de la communauté physique.
L'effet se produirait lors d'une éclipse: la course normale du pendule paraconique durant une éclipse totale de soleil serait modifiée. Lors de l'éclipse solaire de 1959, le professeur Allais a tenté en vain de démontrer sa théorie. Les observations de l'effet Allais sont rares et plutôt contradictoires, non seulement à cause de la rareté de telles éclipses, mais aussi parce qu'aucun protocole d'expérimentation rigoureux n'aurait été respecté [réf. nécessaire].
Saxl et Allen (1970) ont tenté une approche différente de la même expérience, qui n'a jamais pu être retentée par la suite et est donc depuis invalidée (Kuusela, 1991; Jun, 1991). Une expérience plus récente effectuée en Chine durant l'éclipse de 1997 (Weng et al., 2000) semblait confirmer les idées de l'économiste, mais l'expérience n'est guère concluante car le protocole n'exclu pas de nombreux biais. Des observations plus rigoureuses, en Zambie et Australie entre 2001 et 2002 concluent également à des anomalies. Mais les expérimentateurs eux-mêmes se rangent du côté d'une explication par les phénomènes de mouvements de masses d'air, explication définitivement retenue par T. van Flandern (voir l'article en référence).
Maurice Allais a toute sa vie professé une admiration sans bornes pour Henri Poincaré, comme lui ancien élève (parmi les plus brillants[1]) de Polytechnique et de l'École des Mines, tant pour ses travaux en mathématiques et en physique qu'en épistémologie. En revanche Allais n'a aucune estime pour Albert Einstein qui n'est à ses yeux qu'un plagiaire de Poincaré et d'Hendrik Antoon Lorentz[2]. Le travail d'Allais apparaît au moment où plusieurs personnalités s'intéressant à l'histoire des sciences, y compris plusieurs polytechniciens, comme Allais, considérent qu'Henri Poincaré a été injustement spolié du crédit de la découverte de la relativité restreinte.
Allais reproche également à Einstein d'accorder trop d'importance à l'esthétique d'une théorie[3] par rapport au respect des faits (on prête parfois à Einstein l'affirmation que si l'expérience de Michelson-Morley avait été en contradiction avec la théorie de la relativité, il en aurait déduit que les faits étaient faux[4]), et prétend que l'attitude d'Einstein est non-scientifique[réf. nécessaire][5]. Allais ne voit au contraire une théorie (au sens de description de la réalité) que comme représentation commode dont la validité ne repose que sur le respect des faits[6], revendiquant par là de suivre Poincaré[7]. Tout en critiquant le manque de soumission d'Einstein à l'expérience, Allais lui-même cite tout de même Einstein se disant prêt à revoir sa théorie au vu de l'expérience de Miller, ce qui montre que les précédentes phrases d'Einstein doivent être lues avec des réserves.[8]
Maurice Allais a consulté aux résultats des mesures de Michelson et Morley ainsi qu'aux vérifications ultérieures (en particulier Miller en 1925-26). Il en a personnellement conclu que:
D'après Allais, ces résultats seraient dus à une propriété du vide, un éther, qui procurerait des propriétés anisotropiques à l'espace. Le développement de sa théorie lui fit postuler l'effet portant son nom. Plus simple à réaliser qu'une expérience d'interférométrie, c'est vers cette vérification qu'il porta ses efforts. Il décrit ses théories dans son livre, Anisotropie de l'Espace, publié en 1997.
Sa théorie conduit à une vitesse de la lumière dépendante de la direction (puisque la Terre se déplace de 8 km/s par rapport à l'éther selon Allais). Autrement dit, (et c'était son but) Allais recuse l'interprétation d'Einstein de l'expérience de Michelson-Morley, alors que des versions plus récentes de cette expérience excluent une variation de la vitesse de la lumière selon la direction supérieure à 2x10-13 en valeur relative. Allais est donc contredit par des expériences postérieures de vérification de la relativité restreinte.
La théorie développée par Allais lui-même pour expliquer les résultats semble donc réfutée. Arrivent ensuite des accusations [réf. nécessaire] contre la méthode même d'Allais: d'abord, le fait d'avoir remis en cause un fondement de la physique alors qu'il n'était pas possible d'exclure une explication purement météorologique est une démarche incorrecte scientifiquement. Plus généralement les chercheurs institutionnels se placent dans des laboratoires isolés des influences météorologiques pour tester la théorie de la gravitation. Ensuite, les articles d'Allais mèlent remise en cause de la relativité et les accusations de plagiat contre Einstein:[2] si Allais considère que les deux sujets convergent dans sa démarche, le procèdé peut apparaître comme une argumentation ad hominem contre Einstein.