Messerschmitt Bf 109 - Définition

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Messerschmitt Bf 109 G-6
Rôle Avion de chasse
Équipage
1 pilote
Motorisation
Moteur DB 605A à injection directe de 1475 ch
Dimensions
[[Image:{{{plan3vues}}}|300px]]
Envergure 9,92 m
Longueur 9,03 m
Hauteur 2,59 m
Surface alaire 16 m²
Masses
À vide 2 673 kg
Maximale 3 400 kg
Performances
Vitesse maximale 621 km/h
0,47 Mach
Plafond 12 200 m
Distance franchissable 571,3 km
Armement
Interne 1 canon MG 151/20 de 20 mm et
2 mitrailleuses MG 131 de 13 mm
Externe 250 kg des bombes
Avionique

Le Messerschmitt Bf 109 est un avion de chasse conçu dans les années 1930, par l'ingénieur allemand Willy Messerschmitt, en réponse à une demande d'offre du ministère de l'Air allemand pour la conception d'un chasseur moderne devant équiper la Luftwaffe naissante. Autour du moteur le plus puissant disponible, un Jumo à 12 cylindres en V inversé, Messerschmitt dessina la cellule la plus fine possible, reprenant des techniques très novatrices qu'il avait développées pour l'avion de tourisme Bf 108. Le prototype Bf 109, très supérieur à ses concurrents, fut finalement choisi, malgré l'inimitié du ministre de l'Air, Erhard Milch, envers Messerschmitt.

Suite à sa participation à la guerre d'Espagne, le Bf 109 fut remotorisé par un moteur Daimler Benz, pour pratiquer de façon encore plus efficace les nouvelles tactiques de combat aérien qu'il avait permis de mettre au point. La première partie de la Seconde Guerre mondiale, vit une domination sans partage de cet avion et de sa doctrine d'emploi. Seul le Supermarine Spitfire britannique, put alors lui tenir tête lors de la bataille d'Angleterre. Le Bf 109 fut le chasseur préféré de nombreux pilotes allemands, y compris des as tels qu'Adolf Galland ou Hans-Joachim Marseille, et cela même après le déploiement du Focke-Wulf 190, qui dans l'absolu était une meilleure machine.

Cependant l'avion était arrivé au bout de son potentiel d'évolution. Les versions suivantes ne parvinrent pas à maintenir l'avantage acquis et se révélèrent d'un pilotage plus difficile, réservé à des pilotes expérimentés dont la Luftwaffe ne disposait plus qu'en nombre limité. Il resta néanmoins un adversaire redoutable jusqu'à la fin aux mains d'un bon pilote. Ce fut le principal chasseur allemand avec 33 000 exemplaires produits.

Les débuts

Willy Messerschmitt avait fondé sa compagnie Messerschmitt Flugzeugbau GmbH en mars 1926, en partie financée par le gouvernement bavarois. Mais suite à des problèmes économiques, ce dernier lui demanda d'intégrer la Bayerische Flugzeugwerke (BFW) d'Ausburg, déjà existante, en septembre 1927, comme concepteur principal. De leur collaboration naît le Messerschmitt Bf 108 Taifun qui rencontre enfin un succès commercial.

Image:Hermann Goering und Willy Messerschmitt.jpg
Willy Messerschmitt debout aux côtés d'Hermann Göring lors d'une réunion le 27 février 1941
Bf 109 G-2 no Dreans of the Wings Museum in São Carlos, Brésil
Bf 109 G-2 no Dreans of the Wings Museum in São Carlos, Brésil

Bf 108, le précurseur

Conçu très tardivement pour participer au Challenge international des avions de tourisme de 1934, le Bf 108 est un avion (quadriplace) très en avance sur son époque, si on le compare au vainqueur de ce Challenge (aile haute à haubans, train fixe) : monoplan à aile basse, fuselage préfabriqué en aluminium type semi-monocoque, train rentrant, aile monolongeron, forte charge alaire, becs à fente automatiques de bord d'attaque. Toutes ces innovations se retrouvent sur le Bf 109. Le Bf 108 a été utilisé par la Luftwaffe comme avion de liaison, et fabriqué sous licence en France pendant la guerre et après la guerre avec des moteurs Renault.voir "secret weapons over normandy".

Premières collaborations avec la Luftwaffe

Willy Messerschmitt et la Bfw se trouvent aussi un ennemi acharné, en la personne d'Erhard Milch, ancien directeur de la Deutsche Lufthansa, devenu entre temps le ministre à la tête du Reichsluftfahrtministerium (RLM), le ministère de l'Air allemand, suite à l'échec d'un projet d'avion de ligne, alors que Milch dirigeait la Lufthansa. Si bien que lorsque la toute nouvelle Luftwaffe publie en 1934 ses spécifications pour ses futurs avions de combat, BFW n'est pas contactée pour prendre part à la compétition.

Néanmoins, encouragée par l'enthousiasme qu'a suscité le Bf 108, en particulier chez de nombreux officiers de la nouvelle Luftwaffe, l'équipe de la Bayerische décide d'y répondre quand même avec son propre projet. L'appareil dont l'étude est ordonnée est un chasseur monoplan rapide armé d'une paire de mitrailleuses de calibre 7,92 mm et capable d'être équipé des nouveaux moteurs développés par Junkers et Daimler-Benz. Messerschmitt sait que, s'il veut l'emporter, il doit concevoir un avion qui écrase la concurrence par ses performances. Il prend beaucoup de risques au niveau des choix technologiques. Il choisit d'employer une construction monocoque pour le fuselage et met en application sa technique de construction légère où il essaye de regrouper l'ensemble des efforts de la structure au niveau d'un seul élément structurel et non d'un bâti.

Tout l'avion va être conçu autour d'une forte cloison coupe-feu en arrière du moteur. Les attaches du bâti-moteur, les longerons d'ailes, la partie arrière du fuselage et le train d'atterrissage s'y raccordent. Pour la structure de l'aile, il décide d'innover là aussi en n'employant qu'un longeron avant et non deux. Le longeron dessiné en forme de I est suffisamment robuste pour encaisser les efforts de flexion subis par la voilure. De même, avec une charge alaire de 130 kg/m², il choisit d'aller au delà de la charge alaire maximale imposée à 100 kg/m², car la surface d'aile supplémentaire aurait inutilement freiné l'avion à grande vitesse. En contrepartie, Messerschmitt étudie des dispositifs hypersustentateurs pour garder une vitesse minimale et une manœuvrabilité acceptable. Ainsi, des becs à fente de bord d'attaque à fonctionnement automatique et de grands volets permettent à l'avion de rester contrôlable à basse vitesse.

Du Bf 108 au Bf 109

En 1935, malgré l'opposition de Milch, la Bayerische Flugzeugwerke est enfin admise à participer à la compétition. Sa proposition est le Bf 109A ou 8-109, selon la désignation du RLM, dont le prototype, le Bf 109 V1 (V pour Versuchsflugzeug, prototype), vole dès septembre 1935 puis se voit envoyé au centre d'essai de la Luftwaffe à Rechlin. Le prototype, dans un premier temps, ne suscite pas l'enthousiasme des pilotes d'essai. Ceux-ci lui reprochent son train étroit et fragile et sa forte inclinaison au roulage qui rend les manœuvres au sol dangereuses. Sont critiqués aussi, sa forte charge alaire, son poste de pilotage exigu et complètement fermé. Après quelques vols les pilotes changent rapidement d'avis, l'avion se révélant très rapide et agile une fois en l'air.

Le V1, avait été doté d'un moteur d'importation britannique Rolls-Royce Kestrel VI de 695 cv, en attendant que les moteurs allemands soit disponibles. Il est rejoint en octobre par le Bf 109 V2 qui, lui, est motorisé par un des premiers Jumo 210A. Les moteurs sortent cependant au compte goutte et il faut attendre mai 1936 pour que le Bf 109 V3, le premier armé, avec sa paire de MG 17 de 7,92 mm sur le capot moteur, vole. Entre temps, Arado et Focke-Wulf ont abandonné la compétition et seuls le Bf-109 et le Heinkel He 112 restent en course ; le premier étant considéré comme nettement supérieur, en particulier il est plus rapide en palier de 30 km/h, pique et grimpe mieux. Cependant, le Heinkel a encore la préférence des instances dirigeantes et le RLM commande donc une présérie de dix appareils de chaque type. En mars, la nouvelle que le Spitifire a été mis en production provoque un début de panique pour la Luftwaffe, et le 12 parait un document qui donne la priorité au Bf-109 qui est lancé en production, alors que l'on demande à Heinkel de revoir sa copie.

Le début de la production et l'essai en Espagne

[[|thumb|250ppx|un Bf-109E de la Légion Condor]] Comparé aux futurs chasseurs britanniques armés de huit mitrailleuses, l'armement du V-3 est jugé insuffisant avec ses deux MG-17 de 7,92 mm de capot. La série de Bf-109A est alors annulée au profit de la B, mieux armée. Le premier Bf 109B de présérie, le V4, vole 23 septembre 1936, il est identique au V3, à l'exception de l'emport d'une troisième mitrailleuse installée entre les deux rang de cylindres et tirant à travers le cône d'hélice, la mitrailleuse sera par la suite remplacée par un canon de 20 mm MG FF. Mais les vibrations et l'échauffement provoqués par le tir de ceux-ci posent encore trop de problèmes et les armes montées à travers le moteur sont apparemment abandonnées pour les avions suivants. Les mois suivants, le V5 et le V6 suivent, équipés eux du moteur Jumo 210B fournissant 635 cv. Les premiers de série les suivent peu après, les B1, motorisés eux par un Jumo 210D de 640 cv entraînant une hélice bipale fixe Schwarz en bois, ils sont affectés au Jagdgeschawder (escadre de chasse) JG-132 Richtoffen dans le but de tester leur capacités opérationnelles. Cette hélice assez peu efficace, cède la place à une bipale à pas variable VDM, copie sous licence de l'Hamilton Standard américaine, donnant par modification ou nouvelle construction les Bf 109B2. Les avions sont parfois remotorisés avec des Jumo 210Da et son compresseur à deux vitesses, certains semblent avoir reçu des Jumo 210G à injection directe, après l'essai en mars 1937, sur le Bf 109 V7.

Dés le début de sa production, le Bf 109, fut engagé dans des opérations, au cours de la Guerre d'Espagne, où il volait au main des pilotes allemands volontaires de la Légion Condor. L'envoi des prototypes Bf 109 V4, V5 et V6, bien que souvent cité, semble incertain, les premiers avions envoyés étant plus vraisemblablement parmi les premiers Bf 109B-1. Par la suite, au moins une cinquantaine de Bf 109B et une trentaine de Bf 109C seront envoyés combattre, l'envoi de modèles D lui n'est pas certain. La pratique durera tout le long du conflit, jusqu'à l'envoi d'une quarantaine de Bf 109E en 1939, le total des avions fournis aux forces nationalistes se situant au delà de 130.

Au cours des combats en Espagne, le Bf 109 fut opposé, en particulier, aux chasseurs soviétiques Polikarpov I-15 et I-16, extrêmement maniables et bien armés, qui dominent alors le ciel espagnol. Incapables de prendre l'avantage en combat tournoyant, les pilotes allemands, mettent alors au point des tactiques mettant l'accent sur la vitesse et l'avantage d'altitude. Groupé par quatre dans des Scharwn, qui se subdivisaient en deux rotte, les Messerschmitts engageaient et rompaient le combat à leur convenance du fait de leur grande vitesse. Lorsqu'ils bénéficiaient de la supériorité en altitude, ils plongeaient alors sur leurs adversaires pour effectuer une passe, groupés en formation, puis remontaient avec la vitesse acquise en piqué, restant ainsi complètement hors d'atteinte des contre attaques de leurs adversaires. Cette nouvelle méthode de combat, connue comme combat à l'énergie, ou Boom and Zoom, inventée par des pilotes allemands, comme Adolf Galland et Werner Moelders, devint par la suite le style de combat dominant dans les airs, lors du second conflit mondial. Le Bf 109 se révèle magnifiquement adapté à cette utilisation, et plus deux cent pilotes allemands firent leurs premières armes en passant par la légion Condor, devenant par la suite le noyau de la future chasse de la Luftwaffe, la Jagdwaffe.

Le Jumo 210Ga est lui essayé sur le V8, qui présente en plus un armement porté à quatre mitrailleuses par le montage de deux dans les emplantures d'ailes. Le V9 est encore mieux armé car ce sont des canons de 20 mm MG-FF, qu'il embarque dans les ailes, mais la structure de celles-ci est alors trop faible pour l'emploi du canon et le modèle de série suivant, le Bf 109C n'est armé que de quatre MG 17. Il est motorisé par le Jumo 210Ga et pour la première fois embarque une radio FuG 7, qui permet les liaisons avec les forces terrestres. Mais pour Willy Messerschmitt, le principal problème de son chasseur, est que malgré les améliorations du Juno, il n'arrive pas à lui faire atteindre des vitesses supérieures à 480 km/h. Il est persuadé que la solution est dans l'adaptation des Daimler Benz de la série 600. Son premier essai, le Bf 109 V10, l'ancien prototype de la série C, remotorisé avec un DB 600A de 900 cv, est détruit à l'atterrissage par Ernst Udet, lors d'une tentative de record en juillet 1937. Le V11 lui succède, toujours avec un DB 600A, puis les deux V12 et V13. Le moteur de Daimler Benz manque encore de fiabilité et le DB 601 à injection devant être bientôt disponible, on décide donc de construire une série transitoire, le Bf-109D, encore équipé des Juno 210D et toujours armés de quatre MG 17. Cette version sera la première à être exportée vers la Suisse et la Hongrie.

Les premières productions du Bf 109
Bf 109A
production basée sur le Bf 109V3, annulée au profit des modèles B.
présérie du Bf 109B
Bf 109 V4 3 MG-17, moteur junkers Jumo 210A, 1er vol 23 septembre 1936
Bf 109 V5 2 MG-17, moteur junkers Jumo 210B, 1er vol 5 novembre 1936
Bf 109 V6 2 MG-17, moteur junkers Jumo 210B, 1er vol 11 novembre 1936.
série du Bf 109B
surnommée Bertha, 341 exemplaires, 2 MG-17 capot
|Bf 109B-1 début de série avec hélice fixe en bois Schwarz, moteur junkers Jumo 210D de 640 cv, hélice fixe en bois Schwarz
Bf 109B-2 exemplaires rééquipés de l'hélice bipale à pas variable VDM-1, moteurs Jumo 210Da voire Jumo 210G.
présérie du Bf 109C et Bf 109D
Bf 109 V7 non-armé, moteur junkers Jumo 210G, 1er vol 5 novembre 1936
Bf 109 V8 armé de 2 MG-17 capot, moteur junkers Jumo 210Ga, 1er vol 11 novembre 1936
Bf 109 V9 prototype, armé de 2 MG-17 de capot et 2 MG FF dans les ailes , moteur junkers Jumo 210G, 1er vol 11 novembre 1936
Bf 109 V10 moteur Jumo 210Ga de 700 cv puis Daimler-Benz DB-600a de 900 cv pour une tentative de record.
série du Bf 109C
surnommée Clara ou Caesar, moteur Jumo 210G ou Ga, armé de 2 MG-17 de capot et de 2 dans les ailes, 58 exemplaires.
série du Bf 109D
surnommée Dora, moteur Jumo 210Da ou Ga, armé de 2 MG-17 de capot et de 2 dans les ailes, 647 exemplaires.

Le Bf 109, une arme de propagande

Le nouvel avion est utilisé de façon intensive par la propagande du Troisième Reich, dans le but d'impressionner ses futurs alliés et adversaires. De nombreux détails techniques et caractéristiques de l'avion sont transformés pour amener les services de renseignement et la presse étrangère à surévaluer l'appareil. Dans ce but on utilise beaucoup les prototypes, dont certains sont transformés en machine de record, ayant peu de rapport avec les chasseurs de la production de série. Par exemple, le Bf 109V13, qui bat le record du monde de vitesse avec 610,5 km/h, en novembre 1937, emploie un DB-601 spécialement préparé et est dépourvu de tout armement. Les services de la Luftwaffe entretiennent alors un flou sur ces avions, en les classant comme prototype du chasseur, laissant sous entendre que la production est basée sur ces modèles. L'influence de ces mesures se fait encore sentir de nos jours, certains croyant que les Bf-109D furent dotés de moteurs Daimler-Benz.

Autre domaine où la Luftwaffe essaye de tromper les experts, celui de l'armement. Des manuels sont même publiés pour des avions qui n'existent pas, ou alors sous forme de prototype, sans avenir. Les différentes variantes d'armement des modèles C et D, outre leur côté expérimental, sont sûrement à classer dans ces tentatives de tromperie, destinées à masquer la faiblesse de l'armement du Bf 109 à ses début. Sont vraisemblablement à classer dans ces efforts :

  • le Bf 109C-2 avec cinq MG 17 dont une tirant à travers le cône d'hélice.
  • le Bf 109C-3 avec deux canon MG-FF d'aile.
  • le Bf 109C-4 avec un canon MG FF tirant à travers le cône d'hélice.
  • le Bf 109D-2 avec trois MG-FF (deux d'aile et un de moteur).
  • le Bf 109D-3 avec deux MG-17 de capot et de deux MG-FF dans les ailes.

Les montages d'armes dans le moteur et de canon dans les ailes se révélant impraticable avant la fin de l'année 1939, nombre de ces avions n'ont sûrement jamais existé autrement que sur papier, et ce même si une documentation existe sur leur emploi opérationnel. Ces efforts portent leurs fruits, là encore même de nos jours, les premières versions du Emil étant décrites comme armées d'un canon tirant à travers le moteur, voire de trois canons. Ces méthodes continueront par la suite, en présentant l'avion de record Messerschmitt Bf 209 comme une future évolution du Bf 109, en le désignant Me 109R, alors qu'il est impossible de l'armer sans que ses performances s'écroulent.

L'arrivée des Daimler Benz, le Bf 109E Emil

Un Bf 109E
Un Bf 109E

Les expérimentations avec les Daimler Benz se poursuivent, avec les V11 et V12 et leur DB-600A. Mais le moteur encore jeune pose de nombreux problèmes, en particulier au niveau de sa suralimentation automatique et la production, insuffisante, est réservée prioritairement aux bombardiers Heinkel He 111. Le DB-601 devient enfin disponible. Messerschmitt ayant gagné une réputation internationale, le RLM suggère le changement de nom de Bayerische Flugzeugwerke en Messerschmitt AG, les avions suivants prendront alors la désignation Me, au lieu de Bf.

Deux prototypes, les V14 et V15, au début de l'été 1938, embarquent le nouveau moteur, le refroidissement n'est plus assuré par un unique radiateur, sous le nez, mais par deux placés sous les ailes et le compartiment moteur est profondément remanié pour embarquer le Daimler Benz. Les configurations d'armement qu'ils emportent, deux canons d'aile et deux mitrailleuses de capot, et un canon de moteur et deux mitrailleuses, ne seront pas retenues, car la présérie E-0, puis la série E-1, qui les suivent, ne possèdent que quatre MG-17. En janvier 1939, les premiers Bf 109E-1 de série arrivent dans les unités de la Luftwaffe, il sont armés de quatre MG 17 et propulsés par un DB 601A-1 de 1100 cv ; ils seront produits à 1183 exemplaires.

Les prototypes V16 et V17 servent à améliorer encore la formule en particulier par le renforcement de la structure, ce qui permet enfin de monter de façon satisfaisante un armement plus lourd. De ce travail va découler, en fin d'année, une nouvelle version de série, le Bf 109E-3 avec deux canons d'ailes MG FF, le E-2 avec un canon de moteur n'est lui pas produit. Une variante d'exportation du E-3, le E-3a est réalisée privée des équipements sensibles pour la Luftwaffe, et vendue à plus de trois cent exemplaires, en autre à la Suisse (80), la Bulgarie (19), l'Espagne, la Hongrie (40), l'URSS (5), la Roumanie (69), la Yougoslavie (73) et le Japon (2). Le E-3, sert aussi de base au développement du Bf-109T, destiné à l'emploi sur le futur porte-avions Graf Zeppelin de la Kriegsmarine. L'été suivant, le E-4 introduit les canons modifiés MG FF/M, dotés d'un système de retardement du recul, ce qui permet de tirer les obus mines à haute teneur en explosif, aux effets dévastateurs.

En septembre 1939, à la déclaration de guerre contre la Pologne, la Luftwaffe, avait environ 850 Bf 109E et 235 Bf 109D, dans ses escadres de chasse, dont un peu plus de deux cent participèrent à la guerre éclair, contre ce pays. Soixante sept d'entre eux furent abattus mais principalement par des tirs du sol. Il règne en effet en maître absolu dans les airs. Après les opérations à l'est, une des plus grande batailles aériennes, fut l'annihilation d'un raid de vingt quatre Vickers Wellington de la RAF contre Wilhelmshaven. À cette occasion, les Bf 109 descendirent douze des bombardiers pour la perte de deux d'entre eux, ce qui marqua le virage du Bomber Command vers les raids de nuit.

Après l'évaluation d'un Bf 109E posé par erreur en France, les Britanniques conclurent que seul les Spitfire Mk.I, dotés d'hélice tripale, arrivaient à avoir le dessus, et ce seulement à grande altitude. La campagne de France confirma cet état de fait, bien que les allemands commençassent à percevoir les défauts de l'avion, en particulier la faiblesse de son rayon d'action et son absence de supériorité contre le Spitfire, qu'il rencontra au dessus de Dunkerque. Néanmoins, le début de la bataille d'Angleterre, est encore nettement à son avantage, ce n'est qu'à la suite de l'ordre de protéger les bombardiers au plus près, ce qui le prive de ses avantages naturels, qu'il est réellement battu par le Spitfire. Il possède, pourtant, de nombreux avantages sur son adversaire, comme la possibilité de piquer en G négatifs, du fait de son moteur à injection, alors que le Merlin à carburateur du Spitfire aurait calé avec la même manœuvre. Cette esquive permettait souvent aux pilotes allemands de semer leur poursuivants assez facilement. Il grimpe aussi plus vite aux altitudes moyennes et son armement est beaucoup plus meurtrier, les obus mines de 20 mm du MG FF/M ayant un effet dévastateur sur les avions britanniques, alors que les mitrailleuses de 7,7 mm, malgré leur nombre et leur grande cadence de tir nécessitaient des passes de tir plus longues. Le Bf 109E, pendant la bataille d'Angleterre, fut responsable de la plus grande partie des pertes de la RAF, soit 403 Spitfires, 631 Huricanes et 115 Blenheims. Mais 610 Bf 109 sont perdus, et beaucoup de pilotes tués ou fait prisonniers, alors que la plupart des pilotes britanniques peuvent reprendre le combat. L'as Werner Mölders passe à cette occasion le cap des cinquante victoires, il sera rapidement rejoint et dépassé par de nombreux autres pilotes allemands.

Les combats au dessus des îles britanniques voient aussi l'emploi des premiers chasseurs bombardiers basés sur le Bf 109, capables d'emporter des bombes de 250 et 50 kg. Ils mènent des attaques rapides, en petite formation sur des objectifs dans le sud de l'Angleterre, à partir de la fin 1940. L'expérimentation de lance-bombes mène à la transformation des E-1 en 110 E-1/B et des E-4 en E-4/B, en montant un lance bombe ETC-250 sous le fuselage. Il sont ainsi capables d'embarquer une bombe de deux cent cinquante kilogrammes ou quatre de cinquante. Plus généralement, pour garder une autonomie convenable, on réduisait la charge à une seule de cinquante kilogrammes. Des unités de chasse bombardement (Jagdbomber) ou Jabo, sont alors crées et équipées de ces avions. Elles vont mener des raids rapides et ponctuels, lors de la deuxième partie de la bataille d'Angleterre. Bien qu'il ne soit pas doté de viseur de bombardement spécifique, l'avion se révèle efficace pour les bombardements en piqué, qui sont menés grâce au viseur standard Revi et des lignes peintes sur le pare-brise pour déterminer les angles.

Au début 1941, le E-4/N introduit le moteur DB 601N, plus performant en altitude, grâce à l'emploi de carburant C3 d'indice d'octane 100 et d'un compresseur à entraînement hydraulique et vitesse variable. Deux versions de reconnaissance voient aussi le jour : le E-5 et le E-6, délestées de leurs canons et avec une caméra à l'arrière du fuselage ; elles sont respectivement motorisées par un DB 601Aa et un DB 601N. Le Bf 109E-7, lui, s'attaque au problème de rayon d'action grâce à la possibilité d'emmener un réservoir largable de 300 litres sous le fuselage, il donne naissance à de nombreux dérivés : le E-7N avec un DB-601N et les E-7/U1 dotés d'un système de refroidissement blindé, les E-7/U2 employés en Afrique du nord pour des raids à basse altitude et dont le moteur est protégé par une plaque de blindage boulonnée sur le dessous et enfin le U3, un variante de reconnaissance photographique. Une modification encore plus performante en altitude est créée, le Bf 109E-7/Z, avec un système de surpuissance GM-1, fonctionnant par l'injection de Protoxyde d'azote qui sert d'oxydant au moteur ; le système cependant, lourd et mal placé, provoque un déséquilibre de l'appareil conduisant parfois à de dangereuses vrilles. Avec les opérations sur le front africain apparaissent aussi les E-4/Trop, E-5/Trop et E-7/Trop, versions tropicalisées par l'ajout de filtres à air plus performants et de nécessaires de survie en milieu désertique.

Pour réutiliser les cellules de Bf 109E-1, Fiesler et Arado, reconstruisent 60 Bf 109E-8, avec un réservoir de 300 litres et quelques E-9, où les mitrailleuses d'aile sont échangées contre une caméra. Ils seront les dernières version du Emil, qui a commencé à montrer ses limites contre le Spitfire. La Luftwaffe a besoin d'un chasseur beaucoup plus performant et une révision importante du Bf 109 s'avère nécessaire. Environ 4000 Bf 109E ont été produit, principalement de la version E-3.

Le Bf 109E et ses dérivés (environ 4000 exemplaires)
prototypes ayant mené au Bf 109E
Bf 109 V11 et V12 prototypes avec un moteur Daimler-Benz DB-600A
Bf 109 V13 machine de record avec un moteur Daimler-Benz DB 601 gonflé
Bf 109 V14 et V15 prototypes des E-0 et E-1, moteur Daimler-Benz DB 601
Bf 109 V16 et V17 prototypes des E-3 avec une structure renforcée
présérie Bf 109E-0, 3 exemplaires, numérotés de V18 à V20, armé de 2 MG 17 de capot et 2 dans les ailes
Bf 109E-1
moteur Daimler-Benz DB 601A-1 de 1100 cv, armé de 2 MG 17 de capot et 2 dans les ailes, 1183 exemplaires
dérivés : 110 Bf 109E-1/B version de chasse bombardement, avec lance-bombe ETC-250 sous le fuselage
60 Bf 109E-8, à long rayon d'action avec lance-bombe ETC-250 sous le fuselage, capable d'emporter un réservoir de 300 litres
Bf 109E-9, conversion pour la reconnaissance photographique du E-8 gardant seulement les MG 17 de capot
Bf 109E-3
version la plus produite, armée de 2 MG 17 de capot et de 2 MG FF dans les ailes, moteur DB 601A-1 ou DB 601Aa de 1175 cv
dérivés : 10 Bf 109T-0, présérie du Bf 109T T pour Traeger, version destinée à servir sur les porte-avions en construction, le Graf Zepplin et le Peter Strasser
50 Bf 109T-1 série du Bf 109T T, reconvertie par la suite en T-2, par le retrait des équipements d'aéronavale
Bf 109E-3a, version d'exportation, moteur Daimler-Benz DB 601Aa de 1175 cv
Bf 109E-4
MG FF remplacés par des MG FF/M, verrière plus anguleuse
dérivés : /B version de chasse bombardement, avec lance-bombe ETC-250 sous le fuselage
/N moteur Daimler-Benz DB 601N de 1175 cv ; /Trop version tropicalisée
Bf 109E-5
version de reconnaissance du E-4, 2 MG 17 de capot, moteur Daimler-Benz DB 601Aa de 1175 cv
dérivés : /Trop, version tropicalisé ; Bf 109E-6, moteur Daimler-Benz DB 601N de 1175 cv
Bf 109E-7
E-4 à long rayon d'action avec lance-bombe ETC-250 sous le fuselage, capable d'emporter un réservoir de 300 litres
dérivés : /N, moteur Daimler-Benz DB 601N ; /Z, système de surpuissance GM-1, DB 601N ; /Trop, version tropicalisée
/U1, avec un système de refroidissement blindé ; /U2, E-7/Trop avec une plaque blindage dans la partie inférieure du moteur
/U3, conversion pour la reconnaissance du E-7

La réaction au Spitfire, le Bf 109F Friedrich

un Bf-109F capturé par les USA
un Bf-109F capturé par les USA

Bien que la version E, soit la plus connue de cet appareil et la G la plus produite, la version F, correspond à l'apogée de la carrière du chasseur de Messerschmitt. Avec environ 2200 produits au total, cette version fut l'appareil des débuts, des grands as allemands, comme Erich Hartmann avec ses 352 victoires, Gerhard Barkhorn avec ses 301, Guenther Rall avec ses 275 et Hans-Joachim Marseille avec ses 158. Werner Moelders atteint le premier le chiffre symbolique de 101, le 16 juillet 1941, mais rappelé en Allemagne pour superviser l'entraînement des nouveaux pilotes. Il se tua dans un accident d'avion, peu de temps après. La plupart de ces grandes séries de succès eurent pour cadre le front de l'est, où face à des avions démodés en grands nombres et mal employés, les victoires furent relativement faciles. Mais il reste que Bf 109F, employé selon les tactiques adéquates, avec des pilotes chevronnés, domina les cieux même à l'ouest, comme le prouve l'exemple de Marseille.

Les travaux pour adapter des moteurs plus puissants à l'avion, ont commencé dès le début de l'année 1940. Le résultat de ces études, le Bf 109F, est bien mieux profilé que son prédécesseur, il a une casserole d'hélice imposante, suivit par un capot moteur très ajusté lui donnant un peu, un aspect de cigare volant. Au niveau des ailes, les radiateurs sont aussi redessinés de façon plus aérodynamique et les saumons ont été arrondis. À l'arrière la roulette de queue devient semi-rétractable et les montants du plan de profondeurs externes disparaissent. Le premier prototype, le V21 a un moteur DB 601Aa, mais les trois suivants les V22, 23 et 24 embarquent le DB 601E. La mise en production de celui ci tardant, on revient au DB 601N pour les dix Bf 109F-0 qui suivent. Malgré tout, du fait de l'amélioration aérodynamique, les performances font un bond en avant. Les livraisons de la version de série Bf 109F-1, commencent au début de 1941. Ils souffrent dans un premier temps, de mystérieuses pertes de contrôle, donnant lieu à des accidents mortels. Ils sont alors interdit de vol, pendant que les ingénieurs de Messerschmitt, mènent leur enquête. La cause est découverte rapidement, le plan de profondeur privé de ses montants, se met à vibrer à certains régimes moteur, rendant l'avion ingouvernable.

Une solution provisoire est appliquée, par l'ajout de plaques de renfort sur la structure arrière. Ce problème résolu l'avion se révèle excellent avec une vitesse de pointe de 628 km/h. Son armement est peu puissant, mais bien groupé avec un canon MG FF/M qui tire à travers l'hélice et deux MG 17 de capot. La série F-2, introduit un nouveau modèle de canon le MG 151/15 de 15 mm, cette arme bien que moins puissante à une meilleure vitesse initiale et donc est plus précise, de plus elle est commandée électriquement et approvisionnée à deux cent coups au lieu de soixante. Le F-2 est décliné en version tropicalisée, le F-2/Trop, avec le système GM-1, le F-2/Z et en chasseur bombardier, le F-2/B. Le Bf 109F-3, aurait du être enfin motorisé par le DB 601E, mais il est rapidement remplacé par le F-4, armé du MG 151/20 avec 200 coups, mais aussi mieux protégé par des blindages supplémentaires et des réservoirs auto-obturants améliorés, qui est livré à partir de juin 1941. La fin de série du F-4, voit le problème de vibration réglé de façon plus définitive par l'adoption d'un empennage entièrement repensé. Là encore, des versions spécialisées sont produites, respectivement, les F-4/Trop, F-4/Z et F-4/B. Le F-5 et le F-6 en sont des dérivés de reconnaissance, ne différant que par leurs caméras, et produits à seulement quelques exemplaires.

Le Bf 109F et ses dérivés
prototypes ayant mené au Bf 109F
Bf 109 V21, moteur Daimler-Benz DB-601Aa
Bf 109 V22, Bf 109V23 et Bf 109V24 avec le moteur Daimler-Benz DB-601E
La présérie Bf 109F-0
10 exemplaires, moteur Daimler-Benz DB-601N
Bf 109F-1
moteur Daimler-Benz DB-601N, canon MG-FF/M de moteur, 2 MG-17 de capot
Bf 109F-2
MG-FF/M remplacé par un canon MG-151/15
Bf 109F-3
montage du moteur DB-601E, non produite
Bf 109F-4
Bf 109F-3 équipé d'un canon MG-151/20 de moteur, blindage et réservoirs améliorés
Bf 109F-5 et F-6
variantes de reconnaissance du F-4
Bf 109H-0 et H-1
variantes de haute altitude, réalisées à partir du F-4 avec cabine pressurisée et des ailes allongées, quelques exemplaires.
Bf 109Z
Z pour Zwilling (jumelés), deux Bf-109F-4 joint par une aile centrale et un plan de profondeur commun, seul le fuselage gauche gardait son poste de pilotage, un prototype en 1943. Bf 109Z-1, version prévue de chasse au bombardier avec 5 canon de 30 mm. Bf 109Z-2, version prévue de chasse-bombardement, 2 canon de 30 mm et 1 tonne de bombe.
Bf 109TL
projet d'un biréacteur dérivé du Bf 109, alternatif au Messerschmitt Me 262, abandonné en 1943

Les derniers efforts, les Bf 109G Gustav et Bf 109K Kurfürst

À partir de 1942, les nouveaux appareils commencèrent à menacer cette supériorité absolue, l'apparition des Spitfire Mk.IX à l'ouest et le La-5FN à l'est. Ce qui obligea à une nouvelle augmentation de la puissance sur la cellule du Messerschmitt, pour tenter de conserver l'avantage . Le nouveau modèle, Bf 109G, bien que difficile à prendre en main pour les jeunes pilotes, va néanmoins constituer le gros de la Jagdwaffe, chargé de défendre le Reich contre les bombardiers alliés, pendant les années 1943 et 1944. Il dérive en droite ligne du Bf 109F, par le montage des moteurs de la série DB 605. Ces derniers, en fait des DB 601 gonflés par un réalésage et l'augmentation du taux de compression, sont plus puissants avec 1475 cv au décollage, mais ont aussi un couple plus important et la cellule de l'avion a dû être renforcée. Le Focke-Wulf FW 190 a commencé à équiper de nombreuses unités, mais sa production étant insuffisante, la Luftwaffe se retrouve contrainte de faire durer le Bf 109 qui commence à devenir obsolète. Cette surmotorisation a un prix, le Bf 109, bien que manœuvrable, n'a jamais été un avion facile à piloter du fait des efforts à appliquer sur les gouvernes. Avec l'augmentation de puissance et de vitesse, il devient un avion dangereux pour les pilotes inexpérimentés. Au sol, déjà peu pratique du fait de son train d'atterrissage, il devient aussi très pointu pour les novices. Dans des mains expérimentées par contre, il reste néanmoins un formidable adversaire, et ce sera la version la plus produite du Bf 109 avec environ 24000 produits.

Les exemplaires de préproduction, les 12 Bf 109G-0, volent pendant l'été 1941, mais il sont encore pourvus de DB 601E. La série Bf 109G-1 arrive en mars 1942, ils sont propulsés par des DB 605A-1, le kit GM-1 est monté en standard et le poste de pilotage est pressurisé. Sur le Bf 109G-1/trop, les MG 17 de capot cèdent la place à des MG 131 de 13 mm, approvisionnées à 300 coups, qui créent une bosse sur le dessus du capot. Le dérivé dépourvu d'habitacle pressurisé et de système GM-1, le Bf 109G-2, est fabriqué parallèlement, mais en plus grand nombre. On voit à cette époque l'introduction, systématique, des kits usine U pour Umrüst-Bausatz et montés en unité, R pour Rüstsätze. Les G-3 et G-4 remplacent respectivement le G-1 et le G-2, et s'en différencient par le remplacement de la radio FuG 7A par une FuG 16ZY. le G-4 a en plus des pneus de plus grand diamètre qui provoquent une petite excroissance sous chaque aile. Le G-6 va être le plus produit des Gustav ; dérivé du G-4, il rend définitif l'adoption des MG 131 de capot et introduit, en cours de production, diverses améliorations comme, par exemple, le montage en série d'un radiocompas, d'une roulette de queue rallongée pour faciliter le roulage, d'un gouvernail agrandi et de la verrière dite "Galland" qui améliore la visibilité. Le G-5 est similaire mais continue lui la série des chasseurs pressurisés de haute altitude. le G-8 est la version de reconnaissance du G6 avec une caméra à l'arrière.

Il est adapté pour la chasse aux quadrimoteurs américains par le montage de canons supplémentaires. Sur le G-6 par exemple, apparurent les kits R6, avec deux canons MG 151/20 supplémentaires en gondole sous les ailes et le kit U4 avec un canon de 30 mm MK 108 qui remplaçait le MG 151/20 du moteur. Le kit R21 qui permettait d'embarquer des roquettes WGr-210 "Dodel", que l'on utilisait pour rompre les formations de bombardiers. Des kits permettaient aussi de meilleures performance dans la stratosphère où volaient les formations de bombardiers alliés. Furent employés des systèmes, comme les injections eau-méthanol MW-50 et l'injection de peroxyde d'azote GM-1. La chasse contre les bombardiers de nuit de la RAF, quand ceux-ci se mirent à faire usage du brouillage par des paillettes métalliques (window), dépendit uniquement de chasseurs opérant à vue selon les tactique dite de Wilde Sau. Cette technique bien qu'efficace, provoqua par contre beaucoup d'accidents même chez les pilotes expérimentés du fait du vol de nuit sans réelle équipement d'assistance.

Le nombre de kits de modification en usine et en unités, même si il permet une grande polyvalence au Bf-109G, complique bientôt singulièrement sa maintenance et ses approvisionnements. Le G-10 constitue une première tentative pour rationaliser la production. Il généralise certaines modifications qui sont désormais livré en série, de plus il est motorisé par un DB 605DB avec une injection eau et méthanol MW-50. Le G-12, lui était une conversion de terrain des G-1, en biplaces d'entraînement. Par la suite, les moteurs DB 605AS ou AM, montés sur les G-14, avec leurs compresseurs améliorés, rendaient inutiles les systèmes de surpuissance. Le G-14 était armé de base avec trois canons, le G-16 suivit avec un DB-605D et cinq canons.

Comme tous les avions allemands de la même époque, le Bf 109 bénéficiait de nombreux kits de conversions, venant s'ajouter aux diverses versions produites. Certains de ces kits, qui permettaient l'ajout de mitrailleuses ou de canons dans les ailes pour les versions qui en étaient dépourvues, étaient très appréciés des pilotes. D'autres en revanche, permettant l'adjonction de réservoirs de carburant supplémentaires en aggloméré de bois moulé, étaient moins appréciés.

L'une des conséquences de ce grand nombre de versions et sous-versions était le manque d'interchangeabilité des pièces, parfois même au sein d'une version. Pour éviter une trop grande indisponibilité d'appareils en attente de pièces, une des firmes fabriquant le Messerschmitt 109, la Erla maschinenwerk, commença à récupérer les appareils endommagés, et à les utiliser pour reconstruire des appareils "neuf". Les 109 reconstruits étaient modifiés pour permettre l'emploi des pièces disponibles sur les versions les plus récentes. Certains de ces appareils avaient ainsi des performances supérieures aux nouvelles versions sortant de chez Messerschmitt!

L'une des modifications les plus célèbres reste la verrière panoramique Galland, du nom du pilote qui l'imagina. La firme Erla l'adopta pour certains de ses modèles, d'où son autre nom d'Erla-Haube (verrière Erla). A noter également que la version G-10 fut réalisée par Erla, à partir de fuselages de versions G-6 et G-14.

La standardisation reste malgré tout insuffisante, compliquant toujours le ravitaillement et la réparation dans les unités de combat. Le RLM, ordonne donc à Messerschmitt AG, de fournir un effort supplémentaire dans ce domaine. Le résultat basé sur le Bf 109G-10, est le Bf 109K. la présérie K-0, ressemble fortement aux derniers Gustav, mais le capot est surélevé, la canopée est du type Galland, la casserole d'hélice est rallongée et la roulette devient entièrement escamotable. La série initiale, le Bf 109K-4 (poste de pilotage pressurisé) arrive en unités en octobre 1944. Motorisé par un DB-605DM, DC ou ASC, avec une injection MW-50 et un armement comprenant un MK 108 de 30 mm dans le moyeu d'hélice et deux MG 131 sur le capot. Le K-6, est une version à armement lourd pour la lutte contre les quadrimoteurs alliés, avec trois MK 108, un à travers l'hélice et deux d'aile, et deux MG 131 sur le capot. le K-8 de reconnaissance, est dérive du K6 avec une caméra dans l'arrière du fuselage, le K-10 est similaire au K-4, mais avec un DB 605D et MK 103M moteur canon. Le K-14 embarque un DB-605L avec compresseur deux étages et une injection méthanol, il est capable d'atteindre 725 km/h.

L'arrivée de chasseurs d'escorte américains à long rayon d'action, comme le P-51 Mustang, mis les pilotes de la Luftwaffe devant un dilemme à partir du début 1944 : emporter assez d'armement pour pouvoir être efficaces contre les bombardiers, mais en alourdissant leur avions être ainsi vulnérables aux chasseurs d'escorte, ou ne pas surcharger leurs avions et être incapables de détruire les bombardiers. La solution trouvée fut de spécialiser les avions dans deux rôles, certains armés très lourdement généralement des Focke-Wulf FW 190, s'en prenaient aux bombardiers, pendant que d'autres avec l'armement standard combattaient contre l'escorte. Cette répartition des tâches, combinée avec l'emploi de tactiques, basées sur des passes frontales en formation, sur les box de Boeing B-17 se révéla très efficace, mais le nombre de chasseurs américains et britanniques, et bientôt le manque de pilotes expérimentés et d'essence, rendirent impossible une défense efficace du territoire allemand. À l'est, le manque d'effectif et l'apparition de nouveaux chasseurs soviétiques comme le Yakovlev Yak-3 et le Lavochkine La-7, rendirent la couverture globale des troupes terrestres totalement irréaliste, la Luftwaffe se contentant d'essayer d'obtenir une supériorité aérienne locale, lors des opérations importantes.

Les dernières versions
La présérie Bf 109G-0
12 exemplaires, moteur Daimler-Benz DB-601E, cabine pressurisée
Bf 109G-1
moteur Daimler-Benz DB-605A de 1475 cv, armé de 2 MG-17 de capot et MG-151/20 de moteur, habitacle pressurisé.
/R2 ; /U2
/Trop , version tropicalisée, armé de 2 MG-131 de capot au lieu des MG-17
Bf 109G-2
moteur Daimler-Benz DB-605A de 1475 cv, armé de 2 MG-17 de capot et MG-151/20 de moteur, habitacle non présurisé.
/R2, reconnaissance, caméra Rb 50/30 ; /R3, emport réservoir largable de 300 litres
/R6,2 MG-151/20 en gondole sous les ailes ; /Trop, tropicalisée
Bf 109G-3
G-1 avec radio FuG-16ZY, 50 exemplaires
/R6,2 MG-151/20 en gondole sous les ailes
Bf 109G-4
G-2 avec radio FuG-16ZY, pneus de plus grand diamètre
/R2, reconnaissance, caméra Rb 50/30 ; /R3, reconnaissance, caméra Rb 50/30, emport de deux réservoir largable de 300 litres, MG 17 remplacées par un réservoir d'huile de 15 litres
/U1 ; /U3, reconnaissance, deux caméras Rb 12,5/7x9, pas d'armement ; /Trop, tropicalisée
Bf 109G-5
G-6 avec cabine pressurisée
/R2 ; /U2, kit de surpuissance GM-1
Bf 109G-6
G-4 avec MG-17 remplacées par des MG-131
/AS, moteur DB 605AS ; /R1, lance-bombes ETC 500/IXb sous le fuselage ; /R2, lance-bombes ETC 50/VIIId sous le fuselage
/R3, emport réservoir largable de 300 litres ; /R4, 2 Mk 108 en gondole sous les ailes et kit de surpuissance GM-1
/R6, gondole avec 2 MG-151/20 sous chaque aile ; /U1 ; /U2
/U4, MG-151/20 du moteur remplacé par un Mk 108 ; /N, chasseur de nuit radar passif FuG 350 "Naxos Z"
/Trop, tropicalisé
Bf 109G-8
version de reconnaissance du G6
Bf 109G-10
reconstruction des modèles précédents avec moteur Daimler-Benz DB-605DB et verrière Erla
/U4, MG-151/20 du moteur remplacé par un Mk 108
Bf 109G-12
conversion en biplace de G-1 et de G-8
Bf 109G-14
G-6, moteur Daimler-Benz DB-605AS ou AM
/U4, MG-151/20 du moteur remplacé par un Mk 108
Bf 109G-16
moteur Daimler-Benz DB-605D, 3 MG-151, non produite
Bf 109K-0
présérie, roulette de queue escamotable, nouveau capots
Bf 109K-2
moteur Daimler-Benz DB-605ASC ou DC, 3 Mk103/108 et 2 MG-131, non produite
Bf 109K-4
cabine pressurisée, armé de 2 MG-131 de capot et MK 108 de moteur, au moins 856 exemplaires
Bf 109K-6
K4- avec 3 Mk108 et 2 MG-131
Bf 109K-8
version de reconnaissance du K4
Bf 109K-10
K4 avec moteur Daimler-Benz DB-605D, et 1 Mk108 et 2 MG-151/15
Bf 109K-14
moteur Daimler-Benz DB-605L

L'après guerre

Un Avia S-199 israélien
Un Avia S-199 israélien

La fin de la guerre marqua un peu partout la fin de la production du Messerschmitt 109. La plupart des machines en service dans les armées de l'air non allemandes, essentiellement des Gustav, furent utilisées jusqu'au début des années 50, voire des années 60 dans certains pays.

Mais l'histoire du 109 n'était pas terminée…

Lors du conflit, la Tchécoslovaquie occupée fabriquait des Bf-109-G sous licence, sous la dénomination Avia S-99. Après la fin de la guerre, les stocks de moteurs Daimler-Benz s'épuisant, Avia entrepris de greffer des moteurs Junkers JuMo 211 sur des cellule de "Gustav". L'avion ainsi créé reçut la dénomination de Avia S-199, et équipa l'Aviation tchécoslovaque. Mais le nouvel appareil se révéla d'un pilotage très difficile, pour des performances médiocres. Détesté des pilotes, qui le surnommèrent "Mezek" (mule), il n'eut qu'une brève carrière jalonnée de nombreux accidents. En 1955, les S199 survivants furent vendus à l'aviation israélienne naissante.

Au cours de la guerre, les Espagnols avaient également passé un contrat de licence avec la firme de Messerschmitt pour pouvoir fabriquer sous licence le Bf-109-G. La fin de la guerre entraîna celle du contrat. Plusieurs fuselages, leurs ailes et quelques machines-outils avaient déjà été livrés à l'Espagne, mais les moteurs Daimler-Benz ne furent jamais expédiés. Les Espagnols décidèrent alors de remotoriser leurs cellules avec des moteurs Hispano-Suiza de production Suisse. L'appareil obtenu vola sous la désignation HA-1112, et se révéla une bonne machine, quoique légèrement sous-motorisée. Les versions ultérieures reçurent alors un moteur Rolls-Royce Merlin, qui modifia fortement l'aspect initial du 109 (le Merlin était un 12 cylindres en V non inversé contrairement aux Daimler-Benz 601 et 605). Très agréable à piloter, le HA-1112, surnommé affectueusement Buchon (une espèce locale de pigeon) par ses pilotes, fut produit jusqu'en 1961, et resta en service jusqu'en 1965.

Les Messerschmitt figurants dans le film "La bataille d'Angleterre", tourné en 1967, étaient en fait des Buchons…

Évolution des caractéristiques et des performances

Caractéristiques des différentes versions
modèle Bf 109B-2 Bf 109C-1 Bf 109E-1 Bf 109E-4 Bf 109F-4 Bf 109G-6 Bf 109G-10 Bf 109K4
Moteur Jumo 210D Jumo 210Ga DB 601A-1 DB 601A-1 de 1100 cv ou
DB 601Aa de 1175 cv
DB 601E de 1350 cv DB 605A-1 de 1475 cv DB 605D DB 605ASC/DC de 1550 cv
2000 cv en régime d'urgence
envergure 9,87 m 9,87 m 9,87 m 9,87 m 9,92 m 9,92 m 9,92 m 9,92 m
Longueur 8,55 m 8,55 m 8,64 m 8,63 m 8,86 m 9,04 m 8,85 m 8,94 m
Surface alaire 16,165 m² 16,165 m² 16,165 m² 16,165 m² 16,165 m² 16,165 m² 16,165 m² 16,165 m²
Masse à vide 1580 kg 1597 kg 2010 kg 1996 kg ? kg 2676 kg ? kg ? kg
Masse normale 2203 kg 2296 kg 2505 kg 2504 kg 2810 kg 3152 kg
maximale 3402 kg
5493 kg 3774 kg
Armement 2 MG 17 de 7,92 mm (1000 coups) 4 MG 17 de 7,92 mm 4 MG 17 de 7,92 mm 2 MG 17 de 7,92 mm (1000 coups)
2 MG FF/M de 20 mm (60 coups)
2 MG 17 de 7,92 mm (500 coups)
1 MG 151/20 de 20 mm
2 MG 131 de 13 mm (300 coups)
1 MG 151/20 de 20 mm (200 coups)
2 MG 131 de 13 mm (300 coups)
1 MG 151/20 de 20 mm (200 coups)
2 MG 131 de 13 mm
1 Mk 108 de 30 mm
Vitesse maximale 465 km/h à 4000 m
410 km/h au niveau de la mer
470 km/h à 4500 m 570 km/h 570 km/h à 3800m 624 km/h à 6500 m 623 km/h à 7000 m
544 km/h au niveau de la mer
600+ km/h 727 km/h à 6000 m
607 km/h au niveau de la mer
Plafond maximal 9510 m 10500 m 11000 m 12000 m 12116 m 12600 m 12500 m
Autonomie maximale 450 km 660 km 570 km
850 km avec réservoir externe
560 km 600 km 573 km
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