La radioprotection est un ensemble de mesures destinées à assurer la protection de l'homme et de son environnement contre les effets néfastes des rayonnements ionisants tout en permettant de les utiliser.
Les trois principes fondamentaux de la radioprotection sont[1] :
Les trois règles fondamentales de protection contre toutes les sources de rayonnements sont :
Ces mesures de radioprotection peuvent être comparées à celles que l’on prend contre les ultraviolets : utilisation d’une crème solaire qui agit comme un écran et limitation de l’exposition au Soleil.
Pour les sources radioactives émettant des rayonnements, deux autres recommandations sont à ajouter aux précédentes :
Par exemple, les installations nucléaires ne sont pas démantelées aussitôt leur arrêt, de façon à attendre une diminution de l’activité des zones concernées. Dans les mines d’uranium souterraines, une ventilation très efficace permet de maintenir une faible concentration de radon dans l’air que respirent les mineurs.
Les travailleurs pouvant être soumis à des rayonnements ionisants lors de leur activité (industries nucléaires, médecins, radiologues…) portent un dosimètre” passif (le film dosimètre par exemple) qui mesure la quantité de rayonnements auxquels ils ont été soumis. Ces dispositifs permettent de s’assurer que la personne n’a pas reçu une dose supérieure à la norme tolérée ou d’en mesurer l’importance. Si les personnes entrent en zone contrôlée et si les rayonnements permettent d'être mesurés, ils doivent également porter un dosimètre opérationnel (dosimètre électronique) qui donne la dose de rayonnements reçue en temps réel.
La couche de demi atténuation (CDA) est l'épaisseur d'un matériau capable d'arrêter 50 % des rayons ionisants. Dans la cadre des rayons X, un tablier de plomb n'a besoin que de quelques centièmes de millimètres afin d'atténuer 50 % des rayons incidents.
Puisque le modèle de CDA fonctionne selon un modèle de puissance de 2 [y = 1/(2^x) où x est un nombre entier représentant le nombre de CDA] il est impossible d'atténuer à 100 % les rayons ionisants car une CDA arrête 50 % des rayons, une deuxième CDA arrêtera 75 % des rayons incidents initiaux, un troisième CDA arrêtera 87,5 %... Cependant, on estime qu'à partir de 10 CDA (qui laissera donc passer un rayonnement sur 1024) le nombre de rayonnement restant est négligeable. Il faudra donc plusieurs CDA afin d'arrêter un maximum des rayons incidents.
Le tablier de plomb existe selon plusieurs épaisseurs de plomb : 0,25 mm de plomb, 0,35 mm de plomb ou 0,5 mm de plomb. En toute logique, un tablier de 0,5 mm de plomb arrêtera plus de rayons incidents qu'un tablier de 0,25 mm de plomb. Mais cela dépend évidemment de l'énergie des rayons incidents car un tablier de 0,25 mm de plomb suffira amplement à arrêter des rayons de basse énergie (tel que 40 keV) et cela est moins lourd sur les épaules...
La prise de conscience du danger potentiel d’une exposition excessive aux rayonnements ionisants a amené les autorités à fixer des normes réglementaires pour les limites de dose radiative. Ces limites correspondent à un risque supplémentaire minime par rapport au risque naturel, ce qui le rend donc acceptable.
Le législateur divise par 10 ou 20 les doses admissibles des travailleurs pour la population car il considère que celle-ci comporte des sujets de tous âges, de tous états de santé et qui ne sont pas si bien suivis médicalement…
En France, la radioprotection relève l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) devenue depuis mai 2006 une autorité indépendante, avec l'appui technique de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Cette dernière entité est placée sous la tutelle conjointe de différents ministères.
Les établissements détenant une source de rayonnements ionisants sont astreints à l'application du code de la santé publique et du code du travail. Le code de la santé fixe entre autres les limites de doses admissibles selon les catégories de personnes (travailleurs, public...). Il oblige à avoir une autorisation ou à déposer une déclaration pour toute activité exposant potentiellement des personnes aux rayonnements ionisants, sauf s'ils émanent d'une source entrant dans un des cas d'exemption. Ces cas concernent par exemple les sources radioactives d'activité inférieure aux seuils d'exemption internationaux, les générateurs de rayons X de faible tension, sources naturelles non utilisées en raison de leur radioactivité. L'existence d'exemptions paraît criticable à certains mais à défaut d'exemption, il faudrait autoriser les tubes cathodiques des vielles télés ou les fabricants de parpaings ou de céramiques.
L'autorisation existe depuis 1952 pour les sources composées de radionucléides artificiels, c'est à dire les sources radioactives dont la contenu n'est pas un produit présent dans les minerais de thorium ou d'uranium. Ces radionucléides dits naturels avaient probablement été exclus car leur représentant principal (le radium) était utilisé depuis plus de trente ans librement et son emploi était déjà sur le déclin : l'époque n'était pas encore axée sur les problèmes de déchets ou la remise en état des sites, la cessation d'utilisation semblant un peu assimilée à la cessation de l'exposition. Les générateurs électriques,notamment industriels, ont eu pendant longtemps un régime uniquement déclaratif. Le dernier décret révisant le code de la santé, en avril 2002, a étendu le régime de l'autorisation aux radionucléides naturels et à la plupart des générateurs (seuls le radiodiagnostic médical classique (radio dentaire, pulmonaire, mammographie...) reste dans un mode déclaratif. L'autorisation est accordée par diverses autorités, selon le cas spécifique de l'installation : ASN, Préfet, AFSSAPS, DSND, ministère de la Défense, Mines...
Le code du travail organise la radioprotection dans l'entreprise, par exemple le suivi dosimétrique des travailleurs exposés ou le balisage des zones d'expositions (notions de zones contrôlées, zones surveillées...). Les premiers textes applicables remontent à 1934, suite aux problèmes de santé qui se sont révélés dans les années 20 pour les médecins radiologues ou les ouvriers de certains secteurs comme l'horlogerie. Des révisions majeures ont été faites en 1967 et 1986 (création de la personne compétente en radioprotection avec formation "diplômante"). Sa dernier refonte date du 31 mars 2003.
L'article R231-106 du Code du travail exige la nomination d'une personne compétente en radioprotection (PCR). La PCR est le désigné par l'employeur pour coordonner et mettre en application les différents aspects de la protection des travailleurs, du public et de l'environnement. C'est un interlocuteur de l'ASN (dans le cadre des inspections) de l'IRSN (dans le cadre de détention des sources et générateurs de rayonnements). Ses missions sont multiples et variées. On peut citer entre autres : respect des règlementations, information des travailleurs exposés, suivi de la dosimétrie, relation avec le médecin du travail. Les professionnels de santé équipés de générateurs à rayons X (Radiologues, chirurgiens dentistes, rhumatologues et les vétérinaires) sont autorisés à sous traiter la PCR. Ces derniers doivent néanmoins effectuer, tous les 10 ans, une formation complémentaire sur la radioprotection des patients (R1333-43 et R1333-44 du Code de la santé publique)qui se différencie de la radioprotection des travailleurs.