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Le F-8 Crusader (initialement F8U) était un chasseur supersonique construit par Vought aux Etats-Unis, et embarqué à bord de porte-avions. Il se caractérisait par une entrée d'air nasale et par une voilure à incidence variable. Malgré une charge supplémentaire due à son équipement naval, il affichait les mêmes performances que son homologue basé au sol, le F100 Super Sabre.
En 1952, la Marine Américaine souhaitait disposer pour son aéronautique navale d'un chasseur supersonique de supériorité aérienne. Après un appel d'offres, le projet proposé par la compagnie Vought fut retenu. Sa particularité était que l'aile pouvait être inclinée de 7 degrés vers le haut, grâce à une poignée activée par le pilote, ce qui provoquait le même effet qu'un gros aérofrein et qu'un système supplémentaire de sustentation. De cette façon, la vitesse d'appontage était nettement réduite et, de plus, la visibilité du pilote était meilleure pendant la phase d'approche.
Le premier prototype dépassa le mur du son dès son vol inaugural, le 25 mars 1955. Le 21 août 1956, un F-8A (première version de série) battit le record de vitesse établi par un F100 Super Sabre, en atteignant 1633 km/h sur un circuit de 15 km. Le 16 juillet 1957, un RF-8A établi un nouveau record de traversée ouest-est des Etats-Unis, en reliant Los Angeles à New York à la vitesse moyenne de 1167 km/h.
Environ 1260 Crusader ont été construits au total. Les premières versions étaient armées de 4 canons de 20mm et de roquettes dans une soute ventrale. Au fur et à mesure de leur production, les F-8 reçurent des améliorations progressives de leur radar, de l'électronique de bord, et un réacteur plus puissant. Les roquettes ont été supprimées à partir de la version F-8D, tandis que les versions à partir du F-8E pouvaient emporter 2000 kg d'armements divers sous les ailes. L'avion pouvait être ravitaillé en vol. Deux versions de reconnaissances furent réalisées : elles étaient dépourvues de canons et de radar, le gain de place et de poids permettant d'installer des caméras.
Mis en service à la fois par l'US Navy et l'US Marine Corps, le Crusader commença a être retiré des premières lignes dans la première moitié des années 70. La version RF-8G de reconnaissance a été utilisée dans les unités d'active jusqu'en 1982, et dans la réserve jusqu'en 1987. On pourra noter que, depuis cette date, l'US Navy ne dispose plus d'avion spécialisé pour les missions de reconnaissance.
35 Crusaders furent livrés à l'armée de l'air des Philippines en 1978 et conservés jusqu'à la fin des années 1980, même s'ils étaient probablement incapables de voler durant leurs dernières années de service.
Une version spéciale désignée F-8(FN) fut construite pour la France : les porte-avions de la Marine nationale étant plus petits que ceux de son homologue américaine, il fallut augmenter l'incidence de l'aile et modifier le dispositif hypersustentateur. Les 42 appareils commandés ont été livrés à partir de 1964 et subirent plusieurs améliorations pendant leur service.
Au début des années 1990, les 17 derniers exemplaires ont été progressivement mis au standard F-8P afin de les prolonger encore quelques années (révision intégrale du système électrique et des commandes de vol, nouveau siège éjectable, nouveaux équipements électroniques dont un ILS et un détecteur d'alerte radar). Les Crusader français ont été définitivement retirés en décembre 1999 pour être remplacés par des Rafale.
Les RF-8A de reconnaissance effectuèrent plusieurs missions de reconnaissance pendant la Crise des missiles de Cuba (1962) puis au dessus du Laos juste avant les Incidents du golfe du Tonkin (1964) dans lesquelles furent engagés quelques F-8E.
Pendant la Guerre du Vietnam, les Crusader effectuèrent des missions air-air avec un taux de victoire de 6 contre 1 sur les MiG. Remplacés dans ce rôle par les F-4 Phantom II à partir du début de la fin des années 1960, ils effectuèrent ensuite de nombreuses missions d'attaque ou de reconnaissance.
Les Crusadeur français ont été déployés de nombreuses fois lors d'opérations extérieures (Liban, etc.) mais leur seul engagement réel fut un accrochage survenu le 7 mai 1977 au-dessus du Golfe d'Aden, entre des appareils embarqués sur le Clémenceau et deux Mig-21 sud-yéménites (sans conséquences).