Nouveau périmètre de recherche dans le traitement de l'obésité

Publié par Adrien le 26/01/2012 à 12:00
Source: Antoine Lescarbeau - Université de Sherbrooke
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André Carpentier
Photo: Martin Blache
Le corps humain exposé au froid tente naturellement de se protéger et de maintenir sa température. Au bout d'un certain temps, les muscles frissonnent pour produire de la chaleur. Or, une récente étude montre que les tissus adipeux bruns présents dans le corps consomment une quantité significative d'énergie déjà stockée dans d'autres graisses lorsque le corps est exposé au froid. Cette consommation d'énergie se fait sans frissonnements, comme les animaux hibernants. Cette découverte est publiée aujourd'hui dans le Journal of Clinical Investigation, qui diffuse les avancées majeures en recherche biomédicale.

Jusqu'à tout récemment, la présence de tissu adipeux brun chez l'humain adulte et sa contribution à la dépense d'énergie étaient considérées comme étant minimales, voire inexistantes. Les connaissances sur le processus d'ajustement de la température corporelle indiquaient que, pour se réchauffer, les humains frissonnent tandis que les animaux hibernants utilisent leur graisse brune comme source de chaleur. "La graisse brune est un tissu remarquable", souligne le Dr André Carpentier, coauteur de l'étude, chercheur au Centre de recherche clinique Étienne-Le Bel du CHUS et professeur à l'Université de Sherbrooke. "Spécialisé dans la production de chaleur, ce tissu adipeux brûle du gras et des sucres."

Vers un traitement de l'obésité

Bien qu'il soit possible maintenant de conclure que la dépense d'énergie reliée à l'exposition au froid peut contribuer à faire perdre du poids, la quantité d'énergie consommée est faible si on la compare à toute forme d'activité physique. Les résultats de recherche sont toutefois prometteurs. "Il n'est pas exclu d'envisager un traitement ciblant l'activation métabolique des graisses brunes combiné à des exercices physiques et une bonne alimentation dans le traitement de l'obésité et ses conséquences. Cependant, les gens ne devraient pas dépenser leur argent dans l'achat de systèmes de climatisation dans l'espoir de perdre du poids. Il reste encore beaucoup de recherches à faire avant de pouvoir utiliser cette stratégie de manière efficace et sécuritaire cliniquement", explique le professeur André Carpentier.

Les chercheurs André Carpentier, Denis Richard et leur équipe ont utilisé la tomographie d'émission par positrons avec un traceur de consommation d'énergie (11C-acétate), un traceur de glucose (18FDG) et un traceur de gras (acide 18F-fluoro-thiaheptadecanoïque, 18FTHA) pour mener leur étude clinique. Ils ont mesuré la consommation d'énergie, de glucose et de gras sanguins par la graisse brune de six hommes en santé au cours d'une exposition au froid très bien contrôlée, limitant le frissonnement au maximum. Tous les participants démontraient une augmentation significative de leur consommation de glucose et de gras sanguins lors de l'exposition au froid. Les chercheurs ont également constaté une augmentation de la consommation d'énergie totale spécifiquement au sein de la graisse brune. Cette activation était associée avec une augmentation de dépense d'énergie. Les chercheurs ont observé que plus l'activité de la graisse brune augmente, moins le sujet est porté à frissonner.

Une collaboration interuniversitaire

Outre l'Université Laval et l'Université de Sherbrooke, ce projet impliquait également la collaboration du Dr Éric E. Turcotte, médecin nucléiste au CHUS, directeur clinique du Centre d'imagerie au Centre de recherche clinique Étienne-Le Bel et professeur à l'UdeS, ainsi que de François Haman, professeur spécialiste de la thermogénèse à l'Université d'Ottawa et chercheur à l'Institut de recherche de l'Hôpital Montfort.

"Nous n'aurions pu faire cette découverte sans le travail d'équipe entre nos institutions respectives au sein de la collaboration COLOSSUS (Complications de l'Obésité à l'Université Laval et à l'Université de Sherbrooke). Ce partenariat interinstitutionnel unique de recherche sur l'imagerie moléculaire du diabète, de l'obésité et des complications cardiovasculaires nous permet de faire avancer la recherche en santé", mentionne le Dr Carpentier, qui dirige COLOSSUS avec Denis Richard.
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