Allons-nous vers un "pic pétrolier" de la demande ?

Publié par Adrien le 20/07/2013 à 12:00
Source: BE Etats-Unis numéro 339 (19/07/2013) - Ambassade de France aux Etats-Unis / ADIT - http://www.bulletins-electroniques.com/ ... /73605.htm
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Alors qu'on évoque généralement le pic pétrolier (ou "peak oil") comme la limite de production de pétrole, imposée par les limites des réserves de pétrole exploitables, des chercheurs de l'Université de Stanford et de l'Université de Californie à Santa Cruz estiment que c'est la demande de pétrole, et non pas l'offre, qui devrait en réalité être le facteur limitant.

Vers une diminution de la demande globale de pétrole dès 2035 ?

Dans un article intitulé "Peak Oil Demand: The Role of Fuel Efficiency and Alternative Fuels in a Global Oil Production Decline", publié dans la revue Environmental Science & Technology, Adam Brandt, Adam Millard-Ball, Matthew Ganser et Steven Gorelick expliquent que le découplage entre croissance économique et utilisation de pétrole devrait s'accentuer dans les années à venir, même en tenant compte du rapide développement des pays émergents. Ils estiment que l'efficacité énergétique, l'urbanisation croissante et la diminution du prix des énergies alternatives pourraient contribuer à une réduction de la demande mondiale en pétrole dit "conventionnel" dès 2035. De récents rapports arrivaient à une conclusion similaire. D'après une récente publication de Citigroup, la demande en pétrole devrait diminuer après 2020. C'est également la conclusion de l'équipe "ressources naturelles globales" de la Boston Company.

L'étude présente des projections de la demande globale de pétrole selon différents scénarios (croissance, population, gains d'efficacité et remplacement du pétrole par d'autres sources d'énergie). L'étude ne propose pas de projections selon l'évolution du prix du pétrole, mais les auteurs estiment que, si les prix restent aussi hauts que leur niveau actuel, voire augmentent, le pic de la demande n'arrivera que plus tôt.

Les chercheurs de l'Université de Stanford et de l'Université de Californie à Santa Cruz citent plusieurs facteurs pour expliquer leurs résultats. Tout d'abord, dans les pays en développement, la croissance a été bien moins liée à la consommation de pétrole, que celle des pays occidentaux au cours du siècle dernier. Par ailleurs, de nombreuses autres études avaient déjà montré des phénomènes de "plateau" ou de ralentissement de l'augmentation de la consommation de certains biens ou de certains services, comme le transport terrestre par exemple (en raison du temps limité des personnes et des embouteillages notamment), après avoir atteint un certain niveau de richesse. Par exemple, si les ventes de véhicules individuels augmentent, dans des pays comme la Chine par exemple, les véhicules vendus sont plus efficaces et la croissance des ventes devraient plafonner, comme dans les pays occidentaux. Dans le cadre de ses efforts pour réduire la pollution atmosphérique, la Chine vend également 20 millions de scooters électriques par an. En revanche, rien n'indique que le transport aérien de personnes ou encore les échanges de biens (et donc le fret) diminuent avec la richesse. L'étude suggère que l'augmentation de l'efficacité du transport aérien ou l'utilisation d'autres sources d'énergies pourrait limiter la dépendance au pétrole de ces secteurs, mais aucune certitude pour l'instant ne permet de prévoir une telle évolution dans les prochaines années.

Le rôle des alternatives au pétrole "conventionnel"

Selon les conclusions de cette étude, si des efforts concertés sont faits, au niveau mondial, pour développer les énergies alternatives et l'efficacité énergétique, la demande en pétrole pourrait diminuer encore plus rapidement. Selon les auteurs, les politiques publiques pour lutter contre le changement climatique ne devraient donc pas s'appuyer sur un éventuel épuisement des ressources pétrolières conventionnelles. Le développement rapide et très important qu'ont connu les exploitations "non-conventionnelles" de pétrole ou même de gaz naturel au cours des dernières années, montrent que l'épuisement des réserves de pétrole "conventionnelles", ne sera peut-être pas un facteur limitant à l'utilisation des hydrocarbures. Cela implique également qu'il est nécessaire d'évaluer l'impact sur l'environnement, et notamment sur le changement climatique, des alternatives au pétrole conventionnel. En termes d'émissions de gaz à effet de serre, une diminution de la demande en pétrole ne sera une bonne nouvelle que si les énergies utilisées pour le remplacer ont un impact moindre (ce qui n'est pas nécessairement le cas des exploitations non conventionnelles d'hydrocarbures).

Les auteurs estiment donc qu'il faudrait concentrer les réflexions sur le futur du pétrole non pas sur la rareté de la ressource mais sur l'impact des différentes alternatives et le développement de l'efficacité énergétique, ce qui permettrait plus globalement, à la fois d'avoir un impact positif sur l'environnement et de réduire notre dépendance au pétrole. Cela semble d'autant plus important dans certains secteurs stratégiques pour lesquels la demande en pétrole ne semble pas diminuer avec la richesse, comme le transport aérien (passagers et fret).
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