Le lancer: une activité strictement masculine durant la préhistoire

Publié par Michel le 08/02/2014 à 00:00
Source: CNRS-INEE
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Une étude menée sur plus de 1200 squelettes féminins et masculins datés de - 30 000 à nos jours indique qu'à la période préhistorique, les hommes avaient le monopole des activités de lancer. Pour cette étude publiée dans le Journal of Archeological Science, les chercheurs du laboratoire De la Préhistoire à l'Actuel: Culture, Environnement et Anthropologie (PACEA - CNRS / Université Bordeaux 1 / Ministère culture et communication) et de l'Université d'Exeter (UK) ont examiné les lésions osseuses au niveau des coudes de ces individus.


En observant les lésions du squelette, on peut deviner quels gestes ont été le plus souvent répétés au cours de la vie de l'individu. Ici, les traces d'un arrachement osseux au niveau de la face interne du coude de cet homme du Néolithique ancien indiquent qu'il a dû effectuer très fréquemment des activités impliquant le geste du lancer. (© Sébastien Villotte)

La division sexuelle des tâches ne date pas d'hier, et était même bien plus accentuée à la période préhistorique selon un article publié dans le Journal of archeological science. L'étude des atteintes au niveau des insertions des tendons sur le coude de plus de 1200 squelettes indique qu'à la différence de toutes les autres époques, les sujets préhistoriques de sexe masculin avaient le monopole de certaines activités comme le lancer. "Les médecins du sport et du travail le savent bien: la répétition d'un geste finit par laisser des traces sur le squelette, raconte Sébastien Villotte, chercheur CNRS au laboratoire Du passé à l'actuel: culture, environnement et anthropologie (PACEA), Nous savions que dans les sociétés traditionnelles pré-industrielles, il existe un certain nombre d'activités tabous pour les femmes: par exemple, dans les groupes de chasseurs cueilleurs actuels, les femmes peuvent chasser mais n'utilisent pas d'armes perforantes. Nous avons voulu en savoir plus sur ces pratiques en examinant de façon systématique les lésions osseuses au niveau du coude d'hommes et de femmes de la préhistoire à nos jours".

1200 squelettes européens datés de -30 000 à nos jours ont été passés au crible. Les chercheurs ont calculé un ratio: celui de la fréquence d'atteintes de la face externe du coude relativement aux atteintes de la face interne. "Les lésions de la face externe sont assez fréquentes de nos jours et peuvent avoir de nombreuses causes. Celles de la face interne sont beaucoup plus rares et le plus souvent associées au geste du lancer, effectué de manière répétée lors d'une activité sportive (javelot, baseball...) ou professionnelle (utilisation de marteau en charpenterie par exemple)", explique Sébastien Villotte. Les résultats obtenus ne laissent pas d'étonner: si pour les périodes les plus récentes - de l'Antiquité au XXe siècle -, on observe un ratio systématiquement supérieur à 1 chez les hommes et les femmes, côté gauche et droit, celui-ci s'inverse du côté droit pour les hommes préhistoriques uniquement, indiquant une prévalence forte des activités de lancer.

"Il semble donc qu'il ait existé, au cours de la préhistoire européenne et durant plusieurs millénaires, une division sexuelle du travail stricte pour les activités physiques impliquant le geste du lancer, indique Sébastien Villotte. On pense évidemment au lancer d'objets comme des javelots ou des pierres, mais d'autres activités, comme l'utilisation haches ou de masses, peuvent également avoir causé ces lésions".


Référence:

I sing of arms and of a man...: medial epicondylosis and the sexual division of labour in prehistoric Europe, publié online dans le Journal of archeological science le 2 janvier 2014 par Sébastien Villotte et Christopher J. Knüsel.
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