Une équipe internationale de scientifiques comprenant des chercheurs de l'Institut de Paléoprimatologie et Paléontologie humaine: évolution et paléoenvironnements (CNRS/Université de Poitiers) a découvert en 2009 un spécimen fossile de primate vieux de 6,5 à 8 millions d'années (une molaire) sur l'
île Shuwaihat, à Abu Dhabi. L'équipe a déterminé que cette
dent appartenait au plus ancien
cercopithèque connu, un groupe de primates parmi les plus vivement colorés des forêts actuelles d'
Afrique. Bien qu'ils ne soient de nos
jours connus que sur le
continent africain, le nouveau
fossile suggère qu'à un moment donné de leur histoire, les cercopithèques ont étendu leur aire de répartition en dehors de l'Afrique.
Scanners par microtomographie de la dent de primate fossile. La dent fait à peine plus que 5 mm de long
(© Christopher Gilbert)
Les cercopithèques font partie des singes de l'Ancien Monde, le groupe de primates non humains actuels le plus prospère. Bien que ces animaux peuplent aujourd'hui l'Afrique et l'
Asie, l'époque et la façon dont ils se sont dispersés en Eurasie à partir de l'Afrique n'ont jamais été entièrement élucidées. Ce nouveau fossile, bien que de très petite taille, est important scientifiquement. En effet, jusqu'à présent on pensait que certains de ces primates avaient pu se disperser en Eurasie par le bassin méditerranéen ou le Détroit de Gibraltar, il y a environ 6 millions d'années, époque où la Méditerranée s'était presque asséchée et aurait pu permettre aux animaux de
passer à pied sec de l'Afrique vers l'
Europe. Or ce fossile indique au contraire que la
dispersion des singes de l'Ancien
Monde aurait pu se faire bien avant via la péninsule arabique.