Illustration: Benoît Gougeon Depuis 1959, le droit au jeu est "fondamental" aux yeux de l'Organisation des Nations unies. La Déclaration des droits de l'enfant précise, dans son septième principe, que "l'enfant doit avoir toutes possibilités de se livrer à des jeux et à des activités récréatives".
Mais pourquoi le jeu est-il si important? Selon Iona et Peter Opie, les premiers scientifiques à s'être intéressés à cette question dans les années 50, les enfants développent en jouant une "culture spécifique" à laquelle les adultes n'appartiennent pas. Le jeu leur permet de devenir autonomes
tout (Le tout compris comme ensemble de ce qui existe est souvent interprété comme le monde ou...) en acquérant des habiletés manuelles et en
communication (La communication concerne aussi bien l'homme (communication intra-psychique, interpersonnelle,...). Dans un groupe de jeunes qui jouent, les meneurs s'affirment, l'imagination est stimulée, le travail d'équipe prend forme... "Par le jeu, résume l'ergothérapeute Francine Ferland, l'enfant découvre le
monde (Le mot monde peut désigner :) qui l'entoure, adopte une attitude positive à l'égard de l'action et accroît ses compétences dans différents domaines."
Le jeu libre et spontané est un excellent indice de l'état de santé, selon cette auteure de plusieurs livres sur les bienfaits du jeu. "Malheureusement, dit-elle, les parents ont parfois tendance à sous-estimer l'importance du jeu dans la croissance de leurs enfants."
Les pères qui jouent avec leurs bambins créent des liens plus positifs avec eux. Grâce aux jeux de lutte père-enfant à l'âge préscolaire, les jeunes apprennent à prendre leur place dans un monde compétitif de façon sécuritaire. "Ces jeux bien dirigés sont indispensables à la maîtrise des sentiments de colère et d'
agressivité (L'agressivité est une modalité du comportement des êtres vivants et...), donc indispensables à la
socialisation (La socialisation est un processus d'apprentissage qui permet à un individu d'acquérir les...), estime Danielle Paquette, professeure au Département de psychologie de l'
Université de Montréal (L’Université de Montréal est l'un des quatre établissements d'enseignement...). Les enfants ont
besoin (Les besoins se situent au niveau de l'interaction entre l'individu et l'environnement. Il est...) de contacts physiques et les jeux de bataille permettent de combler ce besoin."
Les êtres humains ne sont pas les seuls à aimer jouer. Le primatologue Bernard Chapais, professeur au Département d'anthropologie de l'UdeM, rappelle que les mammifères sont en général très portés sur le jeu. Parmi les animaux domestiques, les chats et les chiens passent la plus grande partie de leur temps d'éveil à jouer. "Sur les plans social et
moteur (Un moteur (du latin mōtor : « celui qui remue ») est un dispositif...), le jeu est capital, explique l'anthropologue. Chez les macaques, c'est essentiellement par le jeu que le jeune reconnaît sa place dans la hiérarchie et qu'il teste ses limites." Les
primates (Les primates (du latin primas, atis signifiant « celui qui occupe la première...), ajoute-t-il, doivent avoir des interactions avec leurs pairs pour apprendre à vivre en société. Une étude l'a démontré dès les années 60: s'ils sont privés de jeux avec des animaux de leur âge, les macaques en viennent à souffrir de déficits.
Une autre étude menée auprès d'enfants de 7 à 11 ans de la région montréalaise par les chercheuses Katherine Frohlich et Stéphanie Alexander, du Département de médecine sociale et préventive de l'
Université (Une université est un établissement d'enseignement supérieur dont l'objectif est la...), révèle que la prise de risque fait partie intégrante du jeu des enfants. Les laisser prendre des risques acceptables tout en étant
vigilant (Le SNLE Vigilant (S30) de la Royal Navy est le 3eme des 4 sous-marin de la classe Vanguard.) serait même bénéfique pour leur développement. Mmes Frohlich et Alexander font d'ailleurs remarquer que les enfants surprotégés qui n'ont pas appris à prendre des risques calculés pourraient éprouver des difficultés à l'adolescence ou à l'âge adulte. "L'insistance sur la sécurité pourrait contribuer à l'émergence d'une génération de jeunes de moins en moins aptes à faire face à l'imprévu", concluent les chercheuses.