Illustration: Papillomavirus © Institut Pasteur Le lichen plan érosif muqueux (LPEM) est une maladie dermatologique auto-immune dans laquelle le système immunitaire s'active anormalement contre les cellules des muqueuses. Des chercheurs de l'
Institut Pasteur (L’Institut Pasteur est une fondation française privée à but non lucratif qui...), de l'Inserm, de l'
Université Toulouse III (L’université Toulouse-III, (nom d’usage : université Paul Sabatier)...) –
Paul Sabatier (Paul Sabatier (5 novembre 1854 à Carcassonne, France - 14 août 1941...) et du CNRS apportent aujourd'hui la preuve que les cellules immunitaires impliquées dans le LPEM sont les mêmes que celles qui sont activées en réaction à une infection par le
papillomavirus humain (Le virus du papillome humain (VPH), également appelé HPV pour Human papillomavirus, est...) (de type HPV-16), ce qui indiquerait un lien entre la
maladie (La maladie est une altération des fonctions ou de la santé d'un organisme vivant, animal...) et le HPV. Ces résultats sont publiés dans la revue
Journal of Investigative Dermatology.
Le lichen plan érosif muqueux (LPEM) est une maladie inflammatoire, suspectée d'être auto-immune: elle s'expliquerait par une activation anormale des cellules immunitaires contre les cellules de l'organisme. La maladie touche les muqueuses buccales et génitales et se manifeste par des lésions et la destruction de cellules de la peau appelées kératinocytes. Elle est chronique et récidivante, puisque les traitements actuels ne sont que partiellement efficaces. Bien que rare – elle affecte de 0,1 à 4% de la population générale, la maladie du LPEM peut engendrer des complications sévères (douleurs, difficultés à s'alimenter, transformation cancéreuse...)
Les mécanismes biologiques sous-jacents du LPEM étaient jusqu'à présent mal connus. Les équipes de Marie-Lise Gougeon (Institut Pasteur), de Nicolas Fazilleau (Inserm, Université Toulouse III – Paul Sabatier, CNRS) et de Hervé Bachelez (Sorbonne Paris Cité, Université Paris Diderot) ont mis en évidence que la réaction immunitaire aboutissant à la destruction des cellules des muqueuses impliquait des lymphocytes spécifiques de la réponse contre le
papillomavirus (Les papillomavirus sont un groupe de petits virus à ADN. Ils sont très répandus dans...) humain (HPV). Cela indiquerait un lien entre le LPEM et l'infection par la souche HPV-16, virus déjà connu pour être responsable de verrues génitales et cancers du col de l'utérus.
Une première analyse des biopsies des tissus lésés et du sang des patients avait déjà révélé aux chercheurs la présence de lymphocytes cytotoxiques autour des cellules détruites. Les scientifiques ont donc cherché à caractériser précisément le rôle et l'origine de ces lymphocytes.
Chez les dix patients étudiés par Manuelle Viguier (Institut Pasteur, Sorbonne Paris Cité, Université Paris Diderot) l'analyse a mis en évidence une population de lymphocytes particuliers anormalement abondante: les lymphocytes T CD8, de type V?3, agissant spécifiquement contre le HPV-16. Puis, la proportion de ce type de lymphocytes a été mesurée au cours des différentes phases de la maladie (poussée ou rémission). Les chercheurs ont ainsi démontré que ces cellules sont moins nombreuses pendant les phases de rémission clinique et se multiplient pendant les poussées.
Une des hypothèses émises par les chercheurs est que les kératinocytes des patients exprimeraient à leur surface un auto-antigène (molécule propre aux cellules de l'organisme) très semblable à l'
antigène (Un antigène est une macromolécule naturelle ou synthétique, reconnue par des...) de HPV-16. Celui-ci induirait la confusion chez les lymphocytes T ayant gardé la
mémoire (D'une manière générale, la mémoire est le stockage de l'information. C'est aussi le souvenir...) d'une ancienne infection HPV: croyant reconnaître un antigène HPV à la surface des kératinocytes, les lymphocytes des malades déclencheraient une action cytotoxique contre les kératinocytes.
Ces travaux indiquent que le LPEM pourrait être une maladie auto-immune impliquant les lymphocytes T CD8 spécifiques du HPV-16. C'est la première fois qu'un lien est établi entre l'infection par le HPV-16 et une maladie auto-immune. Ces résultats ouvrent de nouvelles pistes thérapeutiques pour les formes sévères de LPEM. Ces travaux ont fait l'objet d'un dépôt de brevet par l'
Institut (Un institut est une organisation permanente créée dans un certain but. C'est...) Pasteur dans l'objectif d'étendre l'
indication (Une indication (du latin indicare : indiquer) est un conseil ou une recommandation, écrit...) d'un vaccin
thérapeutique (La thérapeutique (du grec therapeuein, soigner) est la partie de la médecine qui...) contre le HPV, au LPEM.
Cette étude a été financée par la Société Française de Dermatologie, la Fondation ARC, la Ligue Nationale Contre le Cancer,
l'Inca, le Conseil Régional Midi-Pyrénées et International Re-integration Grant Marie Curie.