Radiographie du thorax d'un patient avec une tuberculose pulmonaire avancée. Illustration: Wikimedia Commons Des données de meilleure qualité révèlent une charge mondiale de la tuberculose plus forte
Les efforts intensifs menés récemment pour améliorer la collecte et la notification des données sur la tuberculose éclairent d'un jour nouveau l'épidémie, révélant qu'il y aurait près d'un demi-million de cas supplémentaires par rapport aux estimations précédentes. Le Rapport sur la tuberculose dans le monde 2014 publié aujourd'hui par l'
Organisation (Une organisation est) mondiale de la Santé, montre que 9 millions de personnes ont fait une tuberculose en 2013 et que 1,5 million de personnes en sont décédées, dont 360 000 personnes VIH-positives.
Le rapport souligne toutefois que le taux de mortalité par tuberculose est toujours en baisse et qu'il a diminué de 45% depuis 1990, tandis que le nombre de personnes contractant la maladie diminue en moyenne de 1,5% par an. On estime que 37 millions de vies ont été sauvées grâce à un
diagnostic (Le diagnostic (du grec δι?γνωση, diágnosi, à partir de...) et un traitement efficaces de la tuberculose depuis 2000.
Selon le Dr Mario Raviglione, Directeur du Programme mondial OMS de lutte contre la tuberculose, "suite à un effort concerté des pays, de l'OMS et de nombreux partenaires, les investissements dans des enquêtes nationales et dans les efforts de surveillance systématique ont nettement augmenté. Cela nous fournit des données plus nombreuses et de meilleure qualité, nous permettant d'apprécier de mieux en mieux la charge réelle de la tuberculose".
Bien que supérieurs, ces chiffres révisés restent en-deçà de la limite supérieure des estimations précédentes de l'OMS. Le rapport souligne toutefois qu'un nombre important de vies sont perdues en raison d'une maladie qui peut être guérie et confirme que la tuberculose est la deuxième cause de mortalité due à un agent infectieux unique. En outre, près de 3 millions de personnes atteintes de tuberculose échappent encore au système de santé chaque année, soit parce qu'elles ne sont pas diagnostiquées, soit parce qu'elles sont diagnostiquées mais pas déclarées.
Le manque de fonds compromet les efforts de lutte contre l'épidémie mondiale. On estime que 8 milliards de dollars (US $) seraient nécessaires chaque année pour répondre pleinement à la situation mais l'on enregistre actuellement un déficit annuel de 2 milliards de dollars (US $), qu'il faut combler.
Les capacités de diagnostic de la tuberculose multirésistante augmentent plus rapidement que les capacités de traitement
La tuberculose multirésistante (tuberculose MR) demeure un véritable problème avec, selon les estimations, 480 000 nouveaux cas en 2013. Au niveau mondial, près de 3,5% des personnes ayant contracté la tuberculose en 2013 présentaient cette forme de la maladie, beaucoup plus difficile à traiter et dont les taux de guérisons sont bien inférieurs. Si le
pourcentage (Un pourcentage est une façon d'exprimer une proportion ou une fraction dans un ensemble. Une...) estimatif des nouveaux cas de tuberculose présentant une forme multirésistante reste inchangé, des épidémies graves sévissent dans certaines régions, en particulier en Europe orientale et en Asie centrale. Le taux de succès
thérapeutique (La thérapeutique (du grec therapeuein, soigner) est la partie de la médecine qui...) reste faible dans de nombreuses régions du monde, ce qui est inquiétant. De plus, la tuberculose ultrarésistante, encore plus coûteuse et difficile à traiter que la tuberculose multirésistante, est désormais signalée dans une centaine de pays.
Depuis 2009, davantage de laboratoires ayant adopté des tests rapides, on a observé un triplement du nombre de cas de tuberculose MR diagnostiqués. En 2013, 136 000 cas de tuberculose MR ont été dépistés et 97 000 personnes ont entamé un traitement. Bien que le nombre de malades traités ait triplé depuis 2009, au moins 39 000 patients chez qui cette forme de tuberculose a été diagnostiquée n'ont pas été traités l'année dernière et, au niveau mondial, 48% seulement des patients ont été guéris.
"Les progrès faits dans la lutte contre la tuberculose MR doivent être intensifiés. Des efforts immédiats et soutenus de tous les partenaires seront nécessaires pour endiguer l'épidémie et en inverser le cours", déclare le Dr Karin Weyer, Coordonnateur OMS pour les laboratoires, les moyens diagnostiques et la résistance aux médicaments.
"Grâce à une amélioration des outils diagnostiques et de l'accès, nous détectons et nous traitons davantage de cas. Mais le décalage entre le dépistage et la mise effective des personnes sous traitement se creuse et nous avons besoin d'urgence d'un financement et d'un engagement accrus pour pouvoir tester et traiter chaque cas. Dans les pays comme l'Estonie et la Lettonie, où l'accès universel au diagnostic rapide et au traitement est une réalité, le nombre de cas de tuberculose MR a nettement baissé. Cela montre que l'on peut y arriver."
Un supplément spécial du rapport OMS de cette année marque les 20 ans de la surveillance de la résistance aux médicaments antituberculeux. Il décrit la réponse apportée à la tuberculose MR à ce jour et les mesures prioritaires qui doivent désormais être prises, depuis la prévention jusqu'à la
guérison (La guérison est un processus biologique par lequel les cellules du corps se...). La surveillance de la résistance aux médicaments antituberculeux a ouvert la voie aux efforts mondiaux de lutte contre la résistance aux antimicrobiens.
Les décès dus à la co-infection tuberculose-VIH ont diminué d'un tiers au cours des 10 dernières années
L'épidémie concomitante de tuberculose et de VIH constitue un autre défi important. On estime que 1,1 million (13%) des 9 millions de personnes ayant contracté la tuberculose en 2013 étaient VIH-positives, quatre cas et décès sur cinq survenant dans la Région africaine. Si le nombre de décès par tuberculose chez les personnes VIH-positives baisse depuis près d'une
décennie (Une décennie est égale à dix ans. Le terme dérive des mots latins de decem « dix »...), étant passé de 540 000 en 2004 à 360 000 en 2013, le traitement
antirétroviral (Un antirétroviral (ARV) est une classe de médicaments utilisés pour le traitement...), le traitement préventif et d'autres interventions clés doivent encore être développés.
Des fonds nécessaires d'urgence pour la recherche
La recherche a un rôle crucial à jouer pour mettre fin à l'épidémie mondiale de tuberculose et les efforts de développement de nouveaux outils pour lutter contre la maladie se sont intensifiés au cours des 10 dernières années. La filière de recherche-développement a produit plusieurs nouveaux outils diagnostiques (tels que Xpert MTB/RIF) et deux nouveaux médicaments pour traiter la tuberculose MR (la bédaquiline et le délamanide).
De nouveaux tests rapides, de nouveaux médicaments et schémas thérapeutiques, et des vaccins sont en cours d'essais cliniques. Toutefois, la recherche-développement sur la tuberculose manque encore cruellement de fonds.
"Outre l'important déficit de financement pour la recherche, il faudrait 8 milliards de dollars (US $) par an pour la prévention, le diagnostic et le traitement de la tuberculose et de la tuberculose MR. Il faut accroître le financement tant sur le plan intérieur que sur le plan international afin de prévenir des millions de décès qui pourraient être évités", estime Katherine Floyd, Coordonnateur OMS pour la surveillance et l'évaluation de la tuberculose.
Le rapport de l'OMS sera présenté et débattu lors de la prochaine Conférence mondiale de l'Union sur la santé respiratoire à Barcelone (Espagne) la semaine prochaine.