Aucun sens du rythme

Publié par Isabelle le 22/11/2014 à 00:00
Source: Université McGill
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Illustration: McGill
Suivre le rythme d'une pièce musicale en bougeant la tête, en frappant du talon ou en tapant des mains est une réaction naturelle chez la plupart des gens, mais qu'en est-il de ceux qui sont atteints de surdité (La surdité est un état pathologique caractérisé par une perte partielle ou...) rythmique ?

Des chercheurs de l'Université McGill et de l'Université de Montréal (L’Université de Montréal est l'un des quatre établissements d'enseignement...) ont découvert que la surdité rythmique, même si elle est très rare, est un problème qui n'est pas limité à la façon dont une personne ressent une impulsion ou bouge son corps, mais cela touche plutôt la façon dont elle synchronise ses mouvements avec les sons qu'elle entend.

"Nous avons examiné la capacité à suivre le rythme, à trouver une impulsion régulière et à bouger en fonction de celle-ci chez des personnes qui ont du mal à suivre un rythme dans leurs activités de tous les jours, comme l'écoute de la musique et la danse", explique Caroline Palmer, professeure de psychologie à l'Université (Une université est un établissement d'enseignement supérieur dont l'objectif est la...) McGill.

Les déficits de synchronisation aident à comprendre les propriétés fondamentales de la fonction neuronale chez l'homme, notamment le mode d'intégration des systèmes auditif et moteur aux réseaux neuronaux.

Puisque la surdité rythmique est un problème très rare, les chercheurs ont comparé deux personnes qui en sont atteintes à 32 sujets témoins dont l'âge et le niveau d'éducation étaient comparables. Lorsqu'on leur a demandé de taper des mains régulièrement en l'absence de tout son, ils ont été capables de le faire. Les chercheurs ont constaté que tous les participants effectuaient cette tâche sans problème, excluant ainsi la présence d'un déficit moteur généralisé.

"Nous avons découvert que les personnes atteintes de surdité rythmique pouvaient percevoir différents rythmes et suivre un tempo régulier en l'absence de tout son, à l'instar des sujets du groupe témoin", précise la professeure Palmer. "Ce n'est que lorsqu'elles devaient bouger en suivant le rythme que nous avons pu observer un déficit comparativement au groupe témoin."

Aucun sens du rythme

"La plupart des sujets n'ont éprouvé aucune difficulté, mais les personnes présentant une surdité rythmique n'ont pas suivi le tempo de façon systématique (En sciences de la vie et en histoire naturelle, la systématique est la science qui a pour...), sautant parfois plusieurs mesures", affirme Caroline Palmer, qui est également directrice du Programme de formation FONCER en neuroscience cognitive auditive du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG). "L'épreuve la plus difficile a été de battre la mesure en suivant un métronome dont le tempo devenait soudainement plus rapide ou plus lent. Les sujets qui ne présentaient aucune surdité rythmique parvenaient à s'adapter aux changements en l'espace de quelques mesures, mais les autres étaient incapables de synchroniser leurs battements avec ceux du métronome. Le genre d'erreurs commises par les personnes atteintes de surdité rythmique témoignait de déficits au chapitre des rythmes biologiques, y compris les fréquences naturelles des impulsions à partir desquelles les oscillations internes devenaient pulsatiles, et le temps qu'il fallait pour réagir aux nouveaux tempos du métronome."

Les rythmes biologiques sont des comportements périodiques ou cycliques qui peuvent être lents, comme le rythme circadien, ou rapides, comme la fréquence cardiaque. Des activités courantes, comme la marche (La marche (le pléonasme marche à pied est également souvent utilisé) est un...), les applaudissements, l'interprétation de pièces musicales, et même la parole (La parole, c'est du langage incarné. Autrement dit c'est l'acte d'un sujet. Si le langage renvoie...), sont tous des exemples de rythmes. Certains comportements rythmiques dépendent de facteurs externes, comme le tempo d'une pièce musicale qui pousse (Pousse est le nom donné à une course automobile illégale à la Réunion.) le joggeur à courir plus vite. Le fait pour un marcheur rapide de ralentir afin de synchroniser son pas avec celui d'une autre personne en est également un exemple.

"Alors que la plupart des gens peuvent adapter leur rythme en réaction à certains signaux externes, certaines personnes éprouvent des difficultés à le faire", affirme la professeure Palmer. "Nous avons étudié les caractéristiques qui distinguent les personnes atteintes de surdité rythmique en observant comment les individus dont les rythmes biologiques ne répondent pas aux signaux externes s'adaptent à un rythme externe."

Affection rare

Dans le but d'approfondir leurs travaux sur la surdité rythmique, les chercheurs ont eu recours à des modèles informatiques afin d'étudier la façon dont un rythme interne (En France, ce nom désigne un médecin, un pharmacien ou un chirurgien-dentiste, à la...), modélisé à l'aide d'un oscillateur (En physique, un oscillateur est un système manifestant une variation périodique dans le temps (ou...) périodique (cyclique), modifie son impulsion en réaction à un signal ( Termes généraux Un signal est un message simplifié et généralement codé. Il existe...) externe venant d'un métronome. Cette approche permet aux scientifiques de déterminer ce qui distingue les personnes atteintes de surdité rythmique des témoins normaux, mais également de déceler ce qui distingue les personnes atteintes de surdité rythmique entre elles. Elle leur permet en outre de construire de meilleurs modèles scientifiques illustrant ce qui se produit lorsqu'une personne synchronise son comportement avec celui d'une autre.

"Les résultats de notre étude viennent étayer l'hypothèse selon laquelle la surdité rythmique est un problème lié à la façon dont les rythmes biologiques internes s'adaptent aux modifications sonores dans l'environnement ou se conjuguent à ces dernières, et qui permet à la plupart des gens de danser, de patiner avec un partenaire, et de bouger la tête en cadence en écoutant une chanson."

Cette étude a été financée par le CRSNG, le Programme des chaires de recherche du Canada et le Fonds de la recherche scientifique (La recherche scientifique désigne en premier lieu l’ensemble des actions entreprises en vue...) – FNRS, en Belgique.

L'article intitulé Losing the beat: Deficits in temporal coordination, par Caroline Palmer, Pascale Lidji et Isabelle Peretz est publié le 10 novembre 2014 dans la revue spécialisée Philosophical Transactions: Biological Sciences.

Pour plus d'information voir: Losing the beat: deficits in temporal coordination
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