Une équipe internationale coordonnée par des chercheurs de l'EPHE et du CNRS vient d'identifier les squelettes humains les plus anciens attestant de l'existence de la tuberculose humaine à des périodes antérieures à la domestication animale. Différentes analyses (biomoléculaires et
imagerie 3D) ont confirmé la présence de plusieurs cas de
tuberculose humaine parmi les individus retrouvés dans les niveaux anciens du site néolithique de Dja'de-El-Mughara en Syrie.
A - Reconstruction 3D d'une 3e vertèbre lombaire d'un enfant âgé d'environ 5 ans (site de Dja'de-El-Mughara) présentant des signes d'infection tuberculeuse ;
B - Section horizontale virtuelle de la vertèbre montrant une lésion focale caractérisée à la partie antéro-latérale gauche du corps vertébral ;
C - Extraction virtuelle agrandie de la microarchitecture de la vertèbre, 1: normale et 2: pathologique, témoignant d'une infection par voie hématogène. - © H. Coqueugniot, CNRS
Cette découverte repousse de deux millénaires la présence de la tuberculose humaine au Proche-Orient, bien avant les premières étapes de la domestication animale. Ces premières preuves archéologiques datant d'il y a 11 000 ans confirment l'hypothèse, récemment émise par des microbiologistes, selon laquelle la tuberculose humaine ne résulte pas d'une contamination par une souche animale au moment du processus de domestication mais dérive au contraire d'un
pathogène ancestral humain.
La poursuite des analyses de ces ossements permettra de mieux comprendre l'évolution du bacille tuberculeux, en précisant notamment les dates d'émergence de la mutation moderne responsable de la maladie de nos
jours. Ces travaux ont été publiés récemment dans la revue
Tuberculosis.