Les royaumes du Moyen Âge survivent dans les patronymes espagnols

Publié par Isabelle le 26/04/2015 à 00:00
Source et illustrations: CNRS
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En Espagne, l'adoption des noms de famille date de la fin du Moyen Âge. Cette époque correspond à la phase finale de la Reconquista des territoires arabes du sud par les royaumes catholiques du nord, un moment qui marque le début de l'unification (Le concept d'unification est une notion centrale de la logique des prédicats ainsi que...) politique du pays (Pays vient du latin pagus qui désignait une subdivision territoriale et tribale d'étendue...). Une équipe de recherche (La recherche scientifique désigne en premier lieu l’ensemble des actions entreprises en vue...) franco-espagnole, impliquant l'unité Eco-anthropologie et ethnobiologie (MNHN/CNRS) et l'université de Salamanque (Située à Salamanque, l'université de Salamanque (Universidad de Salamanca en...), s'est penchée sur la répartition géographique des patronymes espagnols, afin d'en identifier les différences régionales. Ces dernières correspondent, presque exactement, aux anciens royaumes de Navarre, de Castille-León et d'Aragon. Les royaumes du Moyen Âge survivent toujours dans la répartition des noms de famille en Espagne. Cette étude vient de paraître dans la revue américaine PLOS One.


A partir d'analyses du recensement de la population espagnole de 2008 (padrón municipal), les 47 provinces de l'Espagne continentale ont été classées selon la différence, ou la similarité, de leurs patronymes (33 753 patronymes correspondant à plus de 30 millions d'individus). La répartition géographique qui en résulte (cf. cartes dessous) correspond aux royaumes qui existaient au Moyen Âge, exception faite pour le royaume de Castille. Une analyse computationnelle des différences linguistiques régionales aboutit à des résultats semblables.

La Castille, au sens large, apparaît comme largement indifférenciée parce que de nombreux noms de famille y sont très fréquents (Rodriguez, Diaz, etc) car ils se sont imposés (par prestige et par contrainte) aux populations annexées lors de la vaste unification territoriale initiée par Isabelle Ière de Castille, marraine de la découverte des Amériques. C'est la raison pour laquelle l'Espagne est le pays d'Europe (L’Europe est une région terrestre qui peut être considérée comme un...) avec le plus faible nombre (La notion de nombre en linguistique est traitée à l’article « Nombre...) de patronymes. Le retard du développement industriel au XIXe siècle (Un siècle est maintenant une période de cent années. Le mot vient du latin saeculum, i, qui...), qui n'a pas entraîné de migrations internes importantes, et la politique antirégionaliste du général Franco ont contribué à figer une géographie (La géographie (du grec ancien γεωγραφία...) patronymique qui reste proche de celle du Moyen Âge.


Il est intéressant de constater que le groupe basque, linguistiquement très différencié, ne l'est pas du point de vue (La vue est le sens qui permet d'observer et d'analyser l'environnement par la réception et...) des noms de famille. Il apparaît aussi que les régions correspondant à l'ancien royaume d'Aragon (dont la Catalogne faisait partie) sont les plus riches en noms de famille. La raison est que ce royaume, politiquement uni avec celui de Castille, a gardé une administration propre qui a empêché la "castillanisation" de ses patronymes.

Il est rare que des faits historiques et politiques laissent des traces aussi claires dans la géographie des noms de famille d'un pays. Le cas de l'Espagne est unique à cet égard. D'un certain point de vue, le corpus patronymique espagnol est le monument invisible d'une histoire de conquêtes dont la pénétration culturelle, vis-à-vis des populations concernées, a été totale. Si les systèmes politiques actuels ont évolué par rapport au Moyen Âge, le souhait des gouvernants d'influer sur l'identité des peuples demeure actuel. En ce sens, l'histoire de l'Espagne renvoie à l'actualité de l'Europe.

Pour plus d'information voir: Footprints of Middle Ages Kingdoms Are Still Visible in the Contemporary Surname Structure of Spain, Roberto Rodríguez-Díaz, Franz Manni, María José Blanco-Villegas. PLOS One, 7 avril 2015. DOI: 10.1371/journal.pone.0121472.
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