Une équipe composée de scientifiques de l'Institut de planétologie et d'astrophysique de Grenoble (IPAG - CNRS/Université Joseph Fourrier), de la NASA, de l'ESA et de l'Université d'Aalto en Finlande, a prédit pour la première fois l'existence d'aurores visibles à l'oeil nu sur une autre
planète tellurique (Les planètes telluriques (du latin tellus, la terre, le sol), en opposition aux planètes...) que la Terre: Mars. Ce résultat a été obtenu grâce à des simulations numériques et un simulateur d'aurores, la Planeterrella et est publié dans la revue
Planetary and Space Science du 26 mai 2015.
La sphère simule, dans la Planeterrella, une planète magnétisée avec une atmosphère de CO2, bombardée par du vent solaire (Le vent solaire est un flux de plasma constitué essentiellement d'ions et d'électrons qui sont...). Des aurores bleues se développent en lien avec son champ magnétique (En physique, le champ magnétique (ou induction magnétique, ou densité de flux...) (Nikon D5000 (CMOS sensor), ISO: 1600., temps d'exposition: 3 s). © D. Bernard.
Les aurores polaires se produisent lorsque des particules chargées d'origine solaire, conduites par le champ magnétique local, pénètrent dans une atmosphère planétaire et excitent les atomes et les molécules de l'atmosphère. Lorsque la désexcitation s'accompagne d'émission lumineuse, il se produit une aurore. Sur Terre, les aurores sont essentiellement vertes ou rouges (excitation de l'oxygène atomique), mais aussi mauves (excitation de l'azote moléculaire).
La planète Mars a été le siège d'un champ magnétique pendant le premier milliard d'années de son existence. S'il s'est éteint, il en reste des rémanences locales en surface, qui portent le nom "d'anomalies magnétiques" et sont essentiellement concentrées dans l'hémisphère sud. Les aurores martiennes ont été découvertes en 2005 au-dessus de ces anomalies magnétiques grâce à l'instrument SPICAM à bord du
satellite (Satellite peut faire référence à :) de l'ESA
Mars Express (Mars Express est le nom d'une mission spatiale de l'Agence spatiale européenne (ESA)...). Elles l'ont été dans la gamme d'
observation (L’observation est l’action de suivi attentif des phénomènes, sans volonté de les...) de l'instrument, en l'occurrence l'
ultraviolet (Le rayonnement ultraviolet (UV) est un rayonnement électromagnétique d'une longueur...) et ont été récemment confirmées par la mission MAVEN de la NASA.
Photomontage donnant une idée de ce à quoi les aurores bleues pourraient ressembler vues de la surface de Mars. © NASA/JPL-Caltech/MSSS, CSW and DB
Le travail de cet article montre que, sur Mars, des aurores se produisent aussi dans le domaine visible de la lumière. Les couleurs les plus intenses sont un bleu très profond, proche du bleu éponyme du peintre Yves Klein. Comme sur la Terre, les couleurs verte et rouge sont également présentes. Plusieurs fois par
cycle solaire (Un cycle solaire est une période pendant laquelle l'activité du Soleil varie en...), après des éruptions solaires intenses, ces aurores sont suffisamment brillantes pour être vues à l'oeil nu: un
spationaute (Un spationaute, terme non utilisé réellement, indique en fait "astronaute" ou "cosmonaute" qui...) marchant sur le sol rouge de la planète verrait, en levant la tête, le ciel nocturne s'en illuminer.
Cette prédiction s'appuie d'une part sur une modélisation physique à travers une série de codes informatiques développés à l'IPAG et à la NASA. Les chercheurs ont calculé que la partie bleue provoquée par une désexcitation du
dioxyde de carbone (Le dioxyde de carbone, communément appelé gaz carbonique ou anhydride carbonique, est un...) ionisé (à 412 nm et 434 nm) est intense vers 140km d'
altitude (L'altitude est l'élévation verticale d'un lieu ou d'un objet par rapport à un niveau...), où elle se
mélange (Un mélange est une association de deux ou plusieurs substances solides, liquides ou gazeuses...) avec la raie verte (577.7 nm) de l'oxygène atomique. Vers 160 km, le ciel martien devient rouge (630 nm) par désexcitation également de l'oxygène atomique.
D'autre part, les chercheurs ont utilisé la
Planeterrella, un simulateur d'aurores développé essentiellement pour le grand public à l'IPAG par plusieurs auteurs de cet article dont il existe dix-sept copies dans le monde. Ils y ont remplacé le gaz atmosphérique terrestre par du CO2, composant majoritaire de l'atmosphère martienne. La photographie dévoile les aurores bleues obtenues.