Les concentrations dans l'air du pollen d'ambroisie à feuilles d'armoise, très allergisant, pourraient avoir quadruplé en Europe à l'horizon 2050. Le changement climatique serait responsable des deux tiers de cette augmentation, le tiers restant serait dû quant à lui à la colonisation de la plante, favorisée par les activités humaines. Ces estimations, réalisées par des chercheurs
(1)du CNRS, du CEA, de l'INERIS et du RNSA
(2)en collaboration avec plusieurs instituts européens, montrent qu'il est aujourd'hui nécessaire de mettre en place une gestion coordonnée de cette plante invasive au niveau européen par un suivi sur le long terme des pollens et une
cartographie (La cartographie désigne la réalisation et l'étude des cartes géographiques. Le...) de la présence des plantes. Ces estimations sont publiées dans la revue
Nature Climate Change le 25 mai 2015.
Ambrosia artemisiifolia est une plante à pollen très allergisant, d'origine nord-américaine. Les principales manifestations cliniques de l'allergie provoquée par cette plante sont des rhinites, des conjonctivites, des trachéites et des crises d'asthme souvent graves. Le pic de
pollinisation (La pollinisation est le mode de reproduction privilégié des plantes angiospermes et...) de cette plante, qui a déjà colonisé en France
la Bourgogne (La Bourgogne est un paquebot de la Compagnie générale transatlantique, mis en service en...), l'Auvergne et la région Rhône-Alpes, a lieu en août et en septembre, allongeant ainsi, pour toutes les personnes sensibles, la période des allergies jusqu'à l'automne. Plusieurs études ont déjà montré que le
réchauffement climatique (Le réchauffement climatique, également appelé réchauffement planétaire, ou...) permettra à l'ambroisie de s'établir dans des régions où le climat ne lui était auparavant pas favorable, sans toutefois quantifier l'augmentation des concentrations de son pollen dans l'air ambiant.
L'évolution géographique de la contamination de l'air par les pollens dépend de plusieurs facteurs: la capacité de la plante à atteindre de nouveaux territoires via différents phénomènes de dispersion de ses graines, et le changement climatique qui permet à la plante de s'épanouir sur ces nouveaux territoires. Pour prédire l'effet du climat et des différents modes de dispersion des graines sur la concentration atmosphérique en pollen, les chercheurs ont utilisé plusieurs types de modèles numériques. Les premiers simulent le changement climatique en fonction de la
quantité (La quantité est un terme générique de la métrologie (compte, montant) ; un scalaire,...) de gaz à
effet de serre (L'effet de serre est un processus naturel qui, pour une absorption donnée d'énergie...) qui pourrait être émise dans les années à venir par les activités humaines. Les seconds modélisent l'invasion de la plante, la production et le relâchement des pollens, et leur dispersion dans l'air. Avec ces modèles, qui ont permis de tester différents scénarios de
diffusion (Dans le langage courant, le terme diffusion fait référence à une notion de...) des graines et de changement climatique, les chercheurs ont déterminé que le facteur d'augmentation des concentrations du pollen d'ambroisie serait en moyenne de quatre, d'ici 2050, Pour confirmer les tendances énoncées, qui comportent nécessairement une part d'incertitude, il est nécessaire de mettre en place un suivi sur le long terme de ces pollens et cartographier l'évolution de la présence des plantes en Europe.
Avec cette étude, les chercheurs ont également déterminé la responsabilité propre de chacun de ces facteurs dans l'augmentation du pollen dans l'air. La dispersion des graines, qu'elle soit d'origine naturelle, avec l'eau de ruissèlement et les cours d'eau, ou humaine, via le transport routier, les voies ferrées et les pratiques agricoles, est responsable d'un tiers de l'augmentation de la concentration du pollen. Le changement climatique est quant à lui responsable des deux autres tiers. D'une part, il favorise l'expansion de l'ambroisie au Nord et au Nord-Est de l'Europe notamment. D'une autre part, son effet se traduit principalement par l'augmentation de la production de pollen induite par l'augmentation du CO2 et son effet favorable au développement de la
végétation (La végétation est l'ensemble des plantes (la flore) sauvages ou cultivées qui...).
Ces résultats, obtenus dans le cadre du projet européen ATOPICA
(3), ouvrent également la voie à une nouvelle génération d'outils de prévision à court terme des concentrations de pollen et devraient, à terme, permettre d'inscrire l'ambroisie dans les alertes de
prévention (La prévention est une attitude et/ou l'ensemble de mesures à prendre pour éviter...) contre l'allergie.
Notes:
(1) Du Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (CNRS/CEA/UVSQ), du Laboratoire de météorologie (La météorologie a pour objet l'étude des phénomènes atmosphériques...) dynamique (Le mot dynamique est souvent employé désigner ou qualifier ce qui est relatif au mouvement. Il...) (CNRS/Ecole Polytechnique/UPMC/ENS Paris), appartenant tous deux à l'Institut (Un institut est une organisation permanente créée dans un certain but. C'est...) Pierre Simon Laplace, du Centre d'écologie fonctionnelle (En mathématiques, le terme fonctionnelle se réfère à certaines fonctions....) et évolutive (CNRS/Université de Montpellier/EPHE), et de l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (INERIS) en collaboration avec l'université (Une université est un établissement d'enseignement supérieur dont l'objectif est la...) de Vienne, l'International Center For Theoretical Physics et l'Institut de recherche (La recherche scientifique désigne en premier lieu l’ensemble des actions entreprises en vue...) de Rothamsted.
(2) Réseau national de surveillance aérobiologique
(3) Les travaux ont été initiés grâce au GIS Climat-Environnement-Société et poursuivis dans le projet ATOPICA, FP7 grant agreement #282687