Au sein du sein

Publié par Adrien le 15/01/2016 à 12:00
Source: Jean Hamann - Université Laval
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Cette mammographie colorée numériquement montre les deux types de tissus du sein: les zones rouges et les zones vertes correspondent respectivement au tissu adipeux et au tissu fibroglandulaire.
Les recherches portant sur le lien entre le tissu adipeux mammaire et le cancer du sein arrivent à des conclusions qui laissent perplexes. Alors que certaines études attribuent un effet protecteur à ce tissu, d'autres concluent qu'il augmente le risque de cancer. Ludivine Soguel et Caroline Diorio, de la Faculté de médecine et du CHU de Québec-Université Laval, pourraient avoir trouvé la solution à ce paradoxe, si l'on en juge par un article qu'elles publient dans un récent numéro de la revue Cancer Causes and Control.

Les deux chercheuses ont recruté 1 435 femmes, dont l'âge moyen était de 54 ans, au moment où celles-ci se rendaient dans une clinique pour y subir une mammographie. Des mesures anthropométriques, telles que le poids, la grandeur et le tour de taille, ont été prises sur chaque participante, permettant ainsi d'estimer leur adiposité. Les participantes devaient aussi fournir, de mémoire, leur taille et leur poids à 18 ans afin que les chercheuses puissent estimer le gain de poids à l'âge adulte.

À l'aide des mammographies, les chercheuses ont aussi caractérisé la composition des seins des participantes. "On voit deux types de tissus sur ces images, rappelle Caroline Diorio. Il y a des zones denses, composées de tissus fibreux et de glandes, que l'on nomme tissu fibroglandulaire, et des zones non denses, formées de tissu adipeux. Ce sont les cellules du tissu fibroglandulaire qui risquent de devenir anormales et de causer un cancer. Par exemple, les femmes qui ont plus de 75% de tissu fibroglandulaire ont quatre fois plus de risque de développer un cancer du sein que celles qui en ont moins de 5%. Le rôle du tissu adipeux mammaire est moins clair. Certaines études lui prêtent un effet protecteur alors que d'autres suggèrent qu'il crée un microenvironnement qui peut favoriser le développement d'un cancer."

Les données récoltées par les deux chercheuses leur ont permis d'explorer plus à fond les liens unissant l'adiposité corporelle, le gain de poids à l'âge adulte et la composition tissulaire du sein. Leurs analyses confirment que, à corpulence égale, plus une femme prend du poids à l'âge adulte plus ses seins seront composés de tissu fibroglandulaire, ce qui accroît son risque de cancer du sein. Toutefois, cette relation ne s'avère que chez les femmes qui ont beaucoup de gras mammaire. "Ceci suggère qu'une certaine quantité de tissu adipeux serait nécessaire pour que le gain de poids stimule le développement de la zone dense dans laquelle se trouvent les cellules à risque de devenir cancéreuses. Cette nuance expliquerait les conclusions ambiguës auxquelles arrivent les études qui ont porté sur le rôle du tissu adipeux dans le sein."

La leçon à tirer de tout ça ? "Le maintien d'un poids stable à l'âge adulte est une bonne façon de se protéger contre le cancer du sein. De nombreuses recherches avaient déjà démontré cet effet protecteur et notre étude vient préciser par quel mécanisme cet effet agit sur la composition tissulaire du sein", résume Caroline Diorio.
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