Génétique: éclairage sur les premiers peuplements modernes en Europe

Publié par Adrien le 12/02/2016 à 00:00
Source: CNRS-INEE
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La dispersion de l'homme moderne hors d'Afrique est un sujet encore très débattu. Les informations génétiques anciennes sont rares et la dynamique de peuplement des premiers hommes modernes en Europe est presque inconnue. L'hypothèse scientifique la plus répandue, basée sur les données (Dans les technologies de l'information (TI), une donnée est une description élémentaire, souvent...) génétiques actuelles, semblait indiquer une première dispersion (La dispersion, en mécanique ondulatoire, est le phénomène affectant une onde dans un...) hors d'Afrique (D’une superficie de 30 221 532 km2 en incluant les îles,...) vers l'Asie avant une colonisation plus tardive de l'Europe. Dans une étude publiée dans Current Biology, une équipe internationale composée de chercheurs du CNRS apporte les preuves d'une seule dispersion rapide de tous les non-Africains il y a environ 50.000 ans, non seulement à travers l'Asie, mais aussi en Europe. En outre, les analyses ADN d'anciens chasseurs-cueilleurs couvrant près de 35.000 ans de la préhistoire européenne ont également mis en évidence un changement brutal de population durant la fin de la dernière période glaciaire, il y a environ 14.500 ans.


Fragments d'ossements humains découverts dans la Troisième caverne de Goyet en Belgique. Alors qu'ils avaient été fouillés au 19e siècle, ces vestiges humains n'ont été identifiés que récemment dans le cadre de la révision des collections de ce site.
© I. Crevecoeur (PACEA – CNRS/Univ. Bordeaux/Ministère Culture et Communication)

A partir de techniques moléculaires et bioinformatiques, des chercheurs de l'Institut Max Planck (Max Planck (né Max Karl Ernst Ludwig Planck le 23 avril 1858 à Kiel, Allemagne...) de Jena et de l'Université (Une université est un établissement d'enseignement supérieur dont l'objectif est la...) de Tübingen en Allemagne, en collaboration avec une équipe de collaborateurs internationaux comprenant des chercheurs du CNRS, ont pu reconstituer le génome (Le génome est l'ensemble du matériel génétique d'un individu ou d'une...) de l'ADN mitochondrial hérité de la mère (ADNmt) de 35 chasseurs-cueilleurs qui vivaient dans les régions actuelles d'Italie, Allemagne, Belgique, France, République Tchèque et en Roumanie il y a entre 35 000 et 7 000 ans.

L'analyse de cet ADNmt a révélé de manière inattendue que trois de ces individus, découverts en France et en Belgique et vivant avant le Dernier Maximum Glaciaire, appartiennent à l'haplogroupe M qui est à ce jour absent au sein des Européens actuels où seul des haplogroupes "plus récents" sont représentés. La réduction de la taille des populations et la perte de diversité génétique pourrait expliquer la perte de l'haplogroupe M en Europe. En effet, lorsque le Dernier Maximum Glaciaire débute il y a environ 25.000 ans, les populations de chasseurs-cueilleurs européens se retirèrent dans un certain nombre de zones refuges supposées plus au sud. "Avant cette période, la plus froide de la dernière glaciation, on constate une grande variation dans les types d'haplogroupes présent en Europe mais le Dernier Maximum Glaciaire semble avoir réduit cette variabilité ", explique Isabelle Crevecoeur, chercheur (Un chercheur (fem. chercheuse) désigne une personne dont le métier consiste à faire de la...) au laboratoire De la préhistoire a l'actuel: culture, environnement (L'environnement est tout ce qui nous entoure. C'est l'ensemble des éléments naturels et...) et anthropologie (PACEA - CNRS/Univ. Bordeaux/Ministère Culture et Communication) et co-auteure de l'étude.

L'étude va plus loin car, bien que des remplacements de population à grande échelle aient déjà été démontrés au cours du Néolithique (-6000 à -2100) et de l'Âge du bronze (-2200 à -800), il semblerait que lorsque les conditions climatiques sont devenues plus favorables, au début du Tardiglaciairen il y a environ 14 500 ans, les chasseurs-cueilleurs européens aient été largement remplacés par une population d'une source maternelle différente (En mathématiques, la différente est définie en théorie algébrique des...). C'est la première fois qu'une équipe de chercheurs trouve des preuves d'un changement majeur, et aussi ancien, de la population en Europe.

De plus, en se basant sur les datations radiocarbone des ossements étudiés comme points de calibration moléculaire de l'ADNmt, les auteurs ont aussi pu réviser le taux de mutation de l'ADNmt - la vitesse à laquelle l'ADN accumule des mutations au fil du temps - et dater précisément l'origine des deux types d'ADNmt non-africains, N et M, à il y a environ 50 000 ans, ce qui conforte l'hypothèse d'une dispersion rapide de toutes les populations non-africaines portant les haplogroupes N et M, non seulement à travers l'Asie mais aussi en Europe. Avant cette étude, la répartition mondiale de l'haplogroupe M et N (en Asie et en Australie) était utilisé comme preuve d'une première sortie d'Afrique de l'homme moderne vers l'Asie avant une colonisation plus tardive de l'Europe. La présence des trois individus avec l'haplogroupe M en France et en Belgique prouve qu'en réalité, ces populations "M" sorties d'Afrique se sont répandues partout, même en Europe.

Les analyses futures de l'ADN nucléaire ancien de nouveaux spécimens couvrant une aire géographique et temporelle plus large devraient permettre d'obtenir une image plus complète de la préhistoire européenne. Les chercheurs espèrent mieux caractériser les conséquences génétiques de la rétraction de population dans des zones refuges observée durant le Dernier Maximum Glaciaire, et identifier la source de la population de chasseurs-cueilleurs arrivant au Tardiglaciaire.
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