Les origines de l'incroyable biodiversité des insectes remises en cause

Publié par Adrien le 05/03/2016 à 12:00
Source: CNRS-INEE
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Apparus il y a plus de 450 millions d'années, les insectes forment aujourd'hui 90% de la biodiversité terrestre non-microbienne. Pour tenter de déterminer les ressorts de cette foisonnante diversité, une équipe franco-américaine composée notamment de chercheur de l'Institut des Sciences de l'Evolution de Montpellier (ISEM, CNRS/IRD /Univ. Montpellier) s'est lancée dans un travail d'analyse sans précédent. En s'appuyant à la fois sur les données moléculaires et fossiles disponibles pour cette classe d'animaux, les chercheurs sont en effet parvenus à retracer l'histoire évolutive des insectes. Leurs résultats publiés en janvier dernier dans Scientific Reports permettent de savoir dans quelle mesure les extinctions de masse, les changements environnementaux ou l'apparition d'innovations morphologiques ont influencé la diversification des insectes depuis leur origine.


Deux insectes très différents l'un de l'autre: à gauche Arachnoscelis magnifica, à droite Megasoma elephas
(crédits photos: M. Leponce et N. Winchester).

Avec plus d'1,3 million d'espèces décrites, mais sans doute 10 fois plus encore à découvrir, les insectes constituent de très loin la classe d'invertébrés la plus diversifiée de la planète. Apparus bien avant les dinosaures, ils sont parmi les animaux les plus anciens à s'être adaptés à la vie terrestre. Mais comment expliquer un tel succès évolutif ? Pour tenter d'apporter des réponses à cette question, des scientifiques de l'Institut des Sciences de l'Evolution de Montpellier (ISEM, CNRS/IRD /Univ. Montpellier), du Centre de Biologie pour la Gestion des Populations (CBGP, INRA/Cirad /IRD/Montpellier SupAgro) et de l'Université de Californie (Santa Cruz, Etats-Unis) ont réalisé une des premières études macroévolutives sur cette classe d'animaux en couplant données fossiles et moléculaires. Pour cela, ils ont analysé la diversification des insectes à l'aide d'un arbre phylogénétique représentant 82% des familles d'insectes existantes. "Depuis peu, la conjonction de nouvelles approches analytiques, d'outils mathématiques plus puissants et de données génétiques suffisamment riches autorise l'utilisation d'arbres phylogénétiques pour mesurer le taux d'apparition et de disparition de groupes d'espèces tel que celui-ci ", précise Fabien Condamine, biologiste de l'évolution à l'ISEM et cosignataire de l'article. En superposant cette analyse à celle de 40 000 occurrences fossiles d'insectes, les scientifiques ont pu remonter le fil des évènements de spéciation et d'extinction qui ont marqué l'histoire des insectes depuis leur origine.

L'étude du registre fossile révèle tout d'abord un taux de diversification élevé dès l'apparition des insectes. Sur les quatre extinctions de masse qui ont jalonné l'histoire évolutive des insectes, seules celles du Permien-Trias, il y a 252 millions d'années, et du Crétacé-Paléogène, il y a 66 millions d'années, semblent avoir eu un impact significatif sur la diversité des insectes. Ces extinctions sont en outre suivies de périodes de très forte diversification corroborées par l'analyse phylogénétique des données moléculaires. Les travaux des scientifiques mettent aussi en évidence des taux d'extinction relativement faibles témoignant de la résilience des insectes tout au long de leur histoire évolutive. Par ailleurs, ces résultats contredisent les hypothèses communément admises selon lesquelles les innovations majeures, que sont l'apparition des ailes et la métamorphose complète, seraient à l'origine d'un accroissement significatif de la biodiversité des insectes. De la même manière, l'explosion soudaine des espèces de plantes à fleurs au cours du Crétacé n'a pas, comme on le supposait jusqu'à présent, accentué la diversification de ces animaux. "Les taux de diversification les plus élevés étant observés au sein les quatre ordres d'insectes les plus riches, ce serait plutôt des innovations spécifiques à chacun de ces grands groupes, comme l'évolution des élytres chez les coléoptères, qui auraient favorisé la diversification de la classe toute entière", conclut Fabien Condamine.
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