À la recherche des mots perdus

Publié par Adrien le 20/03/2016 à 00:00
Source: Jean Hamann - Université Laval
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Le traitement se présente sous forme de courtes capsules vidéo illustrant des actions de la vie courante. Une série d'indices aide le patient à réactiver le rappel du mot dans son cerveau.
La tablette numérique constitue un outil efficace pour dispenser un traitement destiné aux personnes qui ont de la difficulté à retrouver certains mots à la suite d'un accident vasculaire cérébral (AVC). C'est ce que suggèrent deux études publiées récemment par des chercheurs du Département de réadaptation, qui ont évalué l'efficacité d'un traitement orthophonique autoadministré qu'ils ont mis au point pour ces personnes.

L'anomie est un trouble du langage qui se manifeste à différents degrés chez les personnes atteintes d'aphasie à la suite d'un AVC. "Les mots que ces personnes cherchent sont encore présents dans leur cerveau, mais elles ont de la difficulté à aller les chercher, explique le professeur Joël Macoir. Le traitement autoadministré que nous avons développé a pour but d'améliorer leur capacité à retrouver et à exprimer ces mots. Nous avons axé notre traitement sur les verbes parce que ce sont les grands négligés des traitements de l'anomie."

Les chercheurs ont réalisé une centaine de capsules vidéo de cinq secondes illustrant différentes actions de la vie quotidienne. Ces scènes ont été intégrées à un traitement, livré par tablette numérique, qui va comme suit. Le patient clique sur la vidéo pour la visionner. Il essaie de nommer le verbe correspondant à l'action. Il écoute ensuite le début d'une phrase contenant de l'information sémantique sur le verbe en question. Par exemple, "Pour faire rire quelqu'un, on peut le... (chatouiller)". Le sujet essaie de nommer le verbe. On lui fait ensuite entendre la première syllabe du verbe et il doit de nouveau tenter de le nommer. À l'étape suivante, les lettres composant le verbe apparaissent à l'écran et le sujet doit nommer l'action. Enfin, une voix enregistrée lui donne la bonne réponse et il doit la répéter. "Comme il s'agit d'un traitement autoadministré, la personne doit franchir toutes les étapes, peu importe le moment où elle obtient la bonne réponse, explique le professeur Macoir. Il s'agit d'un inconvénient pour les utilisateurs qui trouvent la réponse rapidement, mais ça permet tout de même un renforcement des acquis."

L'outil a été testé sur un petit nombre de patients souffrant d'anomie subséquente à un AVC. Les chercheurs ont sélectionné des actions que les sujets ne parvenaient pas à nommer. Après 20 séances, les participants réussissaient à nommer entre 40% et 80% des verbes à partir de l'image, sans recourir au moindre indice. "Il s'agit d'une amélioration très intéressante, estime le professeur Macoir. Par contre, le traitement n'a pas d'effet structurant sur le rappel des verbes en général. L'amélioration n'est observée que pour les verbes inclus dans le traitement."

En dépit de cette limitation, le recours à un traitement autoadministré de ce type constitue une des voies de l'avenir en orthophonie, estime-t-il. "On sait que plus on intervient tôt après un AVC, meilleure est la récupération spontanée du cerveau. Au Québec, les services offerts en orthophonie aux personnes victimes d'AVC sont limités. Un traitement autoadministré offert en complément aux traitements orthophoniques existants permettrait aux patients de stimuler plus fréquemment leur cerveau. L'amélioration qu'ils constatent est très motivante pour eux."

La tablette numérique facilite l'acceptation du traitement par les patients, ajoute le professeur. "La tablette est moins intimidante qu'un ordinateur pour les gens qui ne sont pas à l'aise avec l'informatique, en particulier les personnes âgées. Elle se transporte facilement, même lorsque la personne séjourne hors de sa résidence, et son utilisation est simple, ce qui permet de multiplier le nombre de séances de traitement et d'améliorer la récupération du cerveau."

Les chercheurs ont publié leurs travaux dans les revues Neurocase et Aphasiology. Les signataires en sont Sonia Routhier, Monica Lavoie, Annie Légaré et Joël Macoir, du Département de réadaptation et du Centre de recherche de l'Institut universitaire en santé mentale de Québec, et leur collègue Nathalie Bier, de l'Université de Montréal.
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