Nadine Dragin, chercheur d'une équipe Inserm/UPMC/CNRS/AIM co-dirigée par Sonia Berrih-Aknin et Rozen le Panse à l'Institut de Myologie, basé à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, AP-HP, a mis en évidence le rôle central de AIRE, un facteur clé pour la tolérance immune, dans l'inégalité homme-femme face aux maladies auto-immunes. Ces travaux publiés le 1er avril 2016 dans la revue
The Journal of Clinical Investigation ont été soutenus par l'AFM-Téléthon.
Les maladies auto-immunes résultent d'un dysfonctionnement du système immunitaire qui s'attaque aux constituants normaux de l'organisme, également appelés "auto-antigènes". Elles affectent 5 % à 8 % de la population et touchent davantage les femmes. Elles représentent ainsi la cinquième cause de décès chez les femmes en âge de procréer.
Pour expliquer cette inégalité, les chercheurs de l'institut de Myologie se sont penchés sur les mécanismes de tolérance thymique c'est-à-dire cet état de non-réponse immunitaire face à un
antigène (Un antigène est une macromolécule naturelle ou synthétique, reconnue par des...). Les équipes de
recherche (La recherche scientifique désigne en premier lieu l’ensemble des actions entreprises en vue...) ont alors observés que l'Auto-Immune REgulator (AIRE), facteur clé dans la tolérance immunitaire, est moins exprimé chez les femmes que chez les hommes.
Le facteur AIRE contrôle l'expression d'antigènes spécifiques de tissus au niveau des cellules épithéliales du thymus (organe lymphoïde à l'origine des défenses immunitaires chez l'Homme). Au contact des cellules épithéliales qui expriment ces antigènes spécifiques, les cellules potentiellement pathogènes reçoivent des signaux conduisant à leur destruction. Une diminution d'expression de AIRE entraine une expression réduite de ces antigènes spécifiques, et donc une moins bonne élimination des cellules. Ce phénomène est observé après la
puberté (La puberté est une étape du développement humain marquant la transition de l'enfance...), où le thymus des femmes comme celui des
souris (Le terme souris est un nom vernaculaire ambigu qui peut désigner, pour les francophones, avant...) femelles exprime moins de AIRE que celui des mâles entrainant une moins bonne tolérance immunitaire et donc davantage de susceptibilité aux maladies auto-immunes. En outre, les chercheurs ont montré que l'œstrogène était l'
hormone (Une hormone est un messager chimique véhiculé par le système circulatoire qui agit...) responsable de cet effet puisque le traitement par œstrogène de cellules épithéliales thymiques d'
homme (Un homme est un individu de sexe masculin adulte de l'espèce appelée Homme moderne (Homo...) et de souris, se traduit par une baisse de l'expression de AIRE dans ces cellules.
L'ensemble de ces résultats indique donc que, chez les femelles, l'œstrogène
induit (L'induit est un organe généralement électromagnétique utilisé en électrotechnique chargé de...) des changements dans l'expression du
gène (Un gène est une séquence d'acide désoxyribonucléique (ADN) qui spécifie la...) AIRE, augmentant ainsi la sensibilité des femmes aux maladies auto-immunes. Les niveaux d'expression de AIRE peuvent donc indiquer une prédisposition à une
maladie auto-immune (Les maladies auto-immunes sont dues à une hyperactivité du système immunitaire...) et faire du taux d'œstrogène une cible
thérapeutique (La thérapeutique (du grec therapeuein, soigner) est la partie de la médecine qui...) potentielle.
Pour plus d'information voir:
"Estrogen-mediated downregulation of AIRE influences sexual dimorphism in autoimmune diseases"