Le cerveau des hommes violents et celui d'autres délinquants fonctionne différemment

Publié par Isabelle le 06/05/2016 à 12:00
Source: Université de Grenade
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Des chercheurs du Centre de Recherche Esprit, Cerveau et Comportement (CIMCYC) de l'Université de Grenade (Espagne) ont étudié le cerveau des auteurs de violences conjugales grâce à une technique d'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle. Cette étude fait partie des trois seules de ce type réalisées au niveau mondial.


A gauche cerveau d'un homme violent, à droite cerveau d'autres criminels Illustration: © UGR

Les résultats de cette recherche pourraient avoir des retombées importantes en permettant une meilleure compréhension à la fois de la violence faite aux femmes et des facteurs liés à la récidive des hommes auteurs de violences.

Dans cette étude, conduite par un groupe de recherche de l'Université de Grenade, les chercheurs ont, pour la première fois au niveau mondial, comparé le fonctionnement du cerveau des hommes violents envers leur compagne ou ex-compagne avec celui d'autres délinquants. La comparaison s'est basée sur la réaction du cerveau quand les sujets furent exposés à des images représentant différents types de violence.

Cette étude, dont la revue Social Cognitive and Affective Neuroscience vient de publier les découvertes, a mis en évidence les différences de fonctionnement cérébral des auteurs de violences quand ils sont exposés à des images de violence conjugale. Il s'agit de l'une des trois seules études mondiales qui analysent le cerveau d'auteurs de violences grâce à une technique d'imagerie (L’imagerie consiste d'abord en la fabrication et le commerce des images physiques qui...) par résonance (La résonance est un phénomène selon lequel certains systèmes physiques...) magnétique fonctionnelle (En mathématiques, le terme fonctionnelle se réfère à certaines fonctions....).

Concrètement, ce travail réalisé au sein de l'UGR, a révélé que les hommes violents avec leur compagne, plus que d'autres délinquants, ont montré une plus grande activité dans le cortex (En biologie, le cortex (mot latin signifiant écorce) désigne la couche superficielle ou...) cingulaire antérieur, le cortex cingulaire postérieur et le cortex préfrontal médian et une plus faible activité du cortex préfrontal supérieur lors de la visualisation d'images de violence conjugale que lors de la visualisation d'images de contenu neutre.

De plus, en comparant les images présentant différents contenus violents, un type de fonctionnement cérébral propre aux hommes violents est apparu, impliquant le cortex préfrontal médian, le cortex cingulaire postérieur et le gyrus angulaire gauche lors de la visualisation d'images de violence conjugale.

Ces découvertes pourraient expliquer certains des troubles psychologiques décrits par les auteurs de violence conjugale quand ils sont en conflit avec leur compagne. Ces troubles peuvent se manifester sous la forme de stratégies de défense mal adaptées, de problèmes dans la régulation des émotions qui se transforment en obsessions à propos de la compagne, d'états d'esprits tels que la peur, la colère ou la rage, la peur d'être abandonné ou une soudaine instabilité affective augmentant l'anxiété (L'anxiété est pour la psychiatrie phénoménologique biologique et...).

Miguel Pérez García, professeur du Département de Personnalité, d'Evaluation et de Traitement Psychologique de l'Université de Grenade et directeur principal de ce travail de recherche analyse depuis douze ans le fonctionnement mental et cérébral des auteurs de violences ainsi que le profil de ceux qui récidivent. Selon lui, "les résultats de cette recherche pourraient avoir des retombées importantes en permettant une meilleure compréhension à la fois de la violence faite aux femmes et des facteurs liés à la récidive des hommes auteurs de violences".

Les séquelles neuropsychologiques des victimes

Les études résumées antérieurement font partie d'un axe de recherche plus vaste en Neuropsychologie de la Violence Conjugale. Suivant ce même axe de recherche, Natalia Hidalgo Ruzzante, chercheuse à l'UGR dirige un projet (Un projet est un engagement irréversible de résultat incertain, non reproductible a...) étudiant les séquelles neuropsychologiques des femmes victimes de violences.

"Les femmes qui ont subi des violences conjugales de la part de leur compagnon (ou ex-compagnon) subissent les conséquences de la maltraitance et souffrent d'une multitude de problèmes physiques, psychologiques, neurologiques et cognitifs. Elles peuvent être affectées à cause d'un dommage direct, conséquent aux coups reçus à la tête, mais aussi à cause des dommages indirects produits sur le cerveau à causes des séquelles psychologiques (le stress (Le stress (« contrainte » en anglais), ou syndrome général...) post-traumatique en particulier) et des effets du cortisol (Le cortisol ou hydro-cortisone est une hormone corticostéroïde secrétée par le...) secrété lors d'une situation (En géographie, la situation est un concept spatial permettant la localisation relative d'un...) de stress chronique", explique Hidalgo.

Les études existantes se centrent en majeure partie sur les troubles physiques et psychologiques mais il existe très peu de travaux qui étudient dans quelle mesure la maltraitance peut affecter le cerveau des femmes victimes de violence conjugale. Même ainsi, il parait évident que ces troubles cognitifs peuvent être associés à d'autres difficultés dans les relations sociales et de travail des victimes, signale la chercheuse de l'UGR.

"Une évaluation neuropsychologique adaptée pourrait concrétiser les possibles troubles cognitifs, émotionnels ou du comportement, produits par un tel dommage cérébral. A l'heure actuelle, il n'est pas habituel que les femmes victimes de violences fasse l'objet (De manière générale, le mot objet (du latin objectum, 1361) désigne une entité définie dans...) d'une évaluation permettant de diagnostique un éventuel dommage neuropsychologique. Encore moins si elles ont "seulement" été victimes d'une maltraitance psychologique (et non physique)", explique-t-elle.

Actuellement, ce groupe de recherche de l'UGR centre ses efforts sur le développement d'outils d'évaluation cognitive et la création de programmes de réhabilitation adaptés à ces séquelles spécifiques aux femmes victimes de violences.

Bibliographie:

Bueso-Izquierdo, N., Verdejo-Román, J., Contreras-Rodríguez, O., Carmona-Perera, M., Pérez-García, M., & Hidalgo-Ruzzante, N. (2016). Are batterers different from other criminals? An fMRI study. Social Cognitive and Affective Neuroscience. doi:10.1093/scan/nsw020.
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