La véritable nature des surales d'Amérique du Sud enfin révélée

Publié par Isabelle le 26/05/2016 à 12:00
Source: CNRS-INEE
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La vaste plaine herbeuse qui s'étend du nord de la Colombie au sud du Venezuela abrite un paysage étonnant constitué d'une succession de monticules de terre. Ces formations d'une grande régularité que les habitants de la région nomment surales étaient jusqu'ici attribuées à l'action de l'érosion. Une étude approfondie de ces écosystèmes menée par une équipe internationale, parmi laquelle figurent des chercheurs du Centre d'Ecologie Fonctionnelle (En mathématiques, le terme fonctionnelle se réfère à certaines fonctions....) et Evolutive de Montpellier (CEFE, CNRS/Université de Montpellier/Université Paul-Valéry-Montpellier/EPHE), montre pour la première fois qu'il n'en est rien. Leurs travaux publiés le 11 mai dernier dans PLOS ONE (PLoS One est une revue scientifique exclusivement en ligne couvrant tous les domaines de la...) révèlent que ces monticules résultent, dans les sites étudiés, de l'intense activité (Le terme d'activité peut désigner une profession.) d'une espèce de ver de terre.


© Doyle McKey

Les Llanos de l'Orénoque forment une plaine inondable en apparence uniforme de part et d'autre de ce fleuve et ses tributaires qui s'écoulent à travers la Colombie et le Venezuela. A y regarder de plus près, la région recèle d'étranges monticules de terre agencés de façon régulière. Alors que les premières descriptions de ces structures naturelles que les autochtones appellent surales remontent aux années 1940, leur écologie demeurait jusqu'ici méconnue. Une équipe réunissant des scientifiques européens et sud-américains a pour la première fois réalisé une étude approfondie de ces écosystèmes. A l'aide de photographies aériennes prises à partir d'un drone conçu par l'Institut (Un institut est une organisation permanente créée dans un certain but. C'est...) de Recherche (La recherche scientifique désigne en premier lieu l’ensemble des actions entreprises en vue...) pour Développement (IRD) et d'images satellite (Satellite peut faire référence à :) disponibles sous Google Earth (Google Earth est un logiciel, propriété de la société Google, permettant une...), les chercheurs ont tout d'abord réalisé un inventaire de ces paysages à l'échelle du bassin de l'Orénoque. "Nous avons constaté que les surales étaient bien plus fréquents que ce que nous pensions, ceux-ci ayant été repérés dans différentes zones d'un territoire (La notion de territoire a pris une importance croissante en géographie et notamment en...) d'environ 75 000 km2, soit une superficie (L'aire ou la superficie est une mesure d'une surface. Par métonymie, on désigne souvent...) supérieure à celle de la République d'Irlande", souligne Doyle McKey, enseignant-chercheur en écologie au CEFE de Montpellier et coauteur de l'article.

Les chercheurs ont ensuite procédé à l'échantillonnage des différents stades de ces formations paysagères. L'étude physico-chimique du sol et celle de la microfaune peuplant ces écosystèmes attestent du rôle essentiel d'une espèce de ver de terre non décrite du genre Andiorrhinus dans l'édification des surales. Retrouvé en très grand nombre sur la totalité des sites échantillonnés, ce ver de terre d'Amérique (L’Amérique est un continent séparé, à l'ouest, de l'Asie et...) du Sud, qui peut dépasser 1,5 mètre de long, représente parfois plus de 90% de l'ensemble (En théorie des ensembles, un ensemble désigne intuitivement une collection...) des vers de terre répertoriés. Au niveau des buttes, leurs rejets récents et encore identifiables constituent par ailleurs jusqu'à la moitié de la masse totale du sol. L'analyse des phytolithes à l'intérieur de ces formations révèle enfin une présence homogène de ces particules de silice issues de la décomposition (En biologie, la décomposition est le processus par lequel des corps organisés, qu'ils...) des plantes. Cette caractéristique traduit l'intense activité des vers de terre qui homogénéisent le sol en le consommant et le transportant en grandes quantités.

L'analyse des images aériennes et spatiales révèle par ailleurs que les surales ne présentent pas tous la même physionomie d'un secteur à l'autre (1). Bien que la taille des monticules soit relativement constante localement, leur diamètre et leur hauteur varient beaucoup d'un site à l'autre. Ces disparités traduisent en fait différents stades de développement dans la formation et la croissance des surales. Au fur et à mesure que ces buttes grandissent, le fossé qui les entoure devient plus profond, rendant difficile l'édification d'un nouveau monticule dans leur voisinage (La notion de voisinage correspond à une approche axiomatique équivalente à celle de la...) immédiat. "Lorsque des buttes déjà initiées se situent à proximité les unes des autres, le bassin qui les sépare se comble peu à peu et ces buttes finissent par se rejoindre pour former une sorte de dôme composite pouvant atteindre 2 mètres de haut pour 5 mètres de diamètre", précise Doyle McKey. L'ensemble de ces résultats suggère que le fonctionnement et le développement des paysages surales résultent de l'action unique de ce ver de terre appartenant au genre Andiorrhinus, faisant de celui-ci l'espèce clef de voûte d'un écosystème unique à l'origine d'une grande biodiversité (La biodiversité est la diversité naturelle des organismes vivants. Elle s'apprécie...) floristique.


© Delphine Renard - 'Pixy'

Note:
(1) Voir à ce propos le petit film réalisé par les chercheurs: https://mycore.core-cloud.net/public.php?service=files&t=e01a65c5769726d35c4f005a13c46502


Pour plus d'information voir:
"The Surales, Self-organized Earth-mound Landscapes Made by Earthworms in a Seasonal Tropical Wetland",, par Anne Zangerlé, Delphine Renard, José Iriarte, Luz Elena Suarez Jimenez, Kisay Lorena Adame Montoya, Jérôme Juilleret et Doyle McKey, publié dans PLOS ONE le 11 mai 2016.
DOI:10.1371/journal.pone.0154269

Contact chercheur:
Doyle McKey, Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive (CEFE) - CNRS/Université de Montpellier/Université Paul-Valéry-Montpellier/EPHE
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