L'exposition à un pesticide provoquerait le raccourcissement des télomères

Publié par Adrien le 27/07/2016 à 00:00
Source: CNRS-INEE
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Un télomère
Illustration: wikipedia - licence Creative Commons
En dépit de son isolement, la zone arctique concentre nombres de substances toxiques comme les polluants organiques persistants. Des chercheurs du Centre d'études biologiques de Chizé (CEBC, CNRS/Université de La Rochelle) et de l'Institut (Un institut est une organisation permanente créée dans un certain but. C'est...) polaire norvégien, soutenus par l'Institut polaire Paul-Émile Victor, ont voulu vérifier l'impact de l'un d'entre eux, un pesticide (Un produit phytosanitaire est une substance émise dans une culture pour lutter contre des...) organochloré, sur la faune sauvage de la région. Pour cela, ils ont mesuré la concentration d'une molécule (Une molécule est un assemblage chimique électriquement neutre d'au moins deux atomes, qui...) dérivée (La dérivée d'une fonction est le moyen de déterminer combien cette fonction varie quand la...) de ce pesticide ainsi que la longueur (La longueur d’un objet est la distance entre ses deux extrémités les plus...) des télomères chez plusieurs mouettes tridactyles (Rissa tridactyla) de l'île du Spitzberg (Spitzberg, en norvégien Spitsbergen, est une île de Norvège située dans le...). L'étude publiée dans Science of the Total Environment démontre que les oiseaux les plus contaminées sont ceux ayant les télomères les plus courts. Ces travaux, les premiers de ce type menés chez un animal (Un animal (du latin animus, esprit, ou principe vital) est, selon la classification classique, un...) sauvage, suggèrent par ailleurs une sensibilité plus importante des femelles à l'égard des pesticides organochlorés.

Les régions situées au-delà du cercle polaire arctique sont les plus affectées par les émissions polluantes. A la faveur des courants atmosphériques, l'Arctique a vu affluer au cours des dernières décennies une kyrielle de substances très toxiques (DDT, PCB, pesticides organochlorés, etc.) en provenance d'Europe et d'Asie. Mais alors que l'impact de ces polluants organiques persistants (POPs) sur la santé des peuples autochtones, comme les Inuits, est désormais bien documenté, qu'en est-il de la faune sauvage de l'Arctique? C'est ce qu'a voulu vérifier une équipe internationale, réunissant plusieurs chercheurs du CNRS, en prenant comme modèle d'étude la mouette tridactyle (La Mouette tridactyle (Rissa tridactyla) est une espèce d'oiseau de mer de la famille des...) (Rissa tridactyla).

A proximité de la station scientifique norvégienne de Ny-Ålesund, située dans le nord de l'île du Spitzberg, les biologistes ont d'abord capturé, pendant la période de reproduction, 38 de ces oiseaux marins sur lesquels ils ont effectué une prise de sang. Ces prélèvements sanguins leur ont permis de sexer les volatiles et de mesurer la concentration en oxychlordane dans leur organisme. Cette molécule est la forme environnementale du chlordane, un pesticide organochloré faisant partie de ces fameux POPs, particulièrement toxiques pour les animaux. Pour chaque mouette (Mouette [mwεt] est un nom vernaculaire ambigu en français. On nomme mouettes les oiseaux...), l'équipe a également mesuré la longueur des télomères. Régions hautement répétitives d'ADN situées à l'extrémité des chromosomes, les télomères raccourcissent à chaque division (La division est une loi de composition qui à deux nombres associe le produit du premier par...) cellulaire. Une attrition inexorable qui peut être accentuée par un large éventail de facteurs environnementaux, tels que le stress. "L'influence des polluants sur la longueur des télomères étant en revanche très mal connue, notre étude visait à vérifier s'il existait une relation entre ce paramètre et le niveau d'exposition à l'un d'entre eux ", précise Olivier Chastel, directeur de chercheur (Un chercheur (fem. chercheuse) désigne une personne dont le métier consiste à faire de la...) CNRS au CEBC et dernier auteur de l'étude.

Leurs analyses révèlent que des télomères plus courts sont observés chez les mouettes tridactyles les plus fortement contaminées par l'oxychlordane. Cette étude est la première du genre à mettre en évidence, chez un animal sauvage, une relation négative et significative entre un POPs et la diminution de la longueur des télomères. Cette dernière pourrait expliquer le plus faible taux de survie précédemment rapporté par cette même équipe chez les mouettes tridactyles les plus exposées à l'oxychlordane. Les travaux que les scientifiques viennent de publier semblent pour leur part attester d'une sensibilité accrue des femelles à ce pesticide organochloré. Pour Olivier Chastel, cela n'a rien de très surprenant: "En période de reproduction, les femelles dépensent beaucoup plus d'énergie que les mâles, notamment lors de la ponte, ce qui accentue d'autant plus leur sensibilité à ce type de contaminants qui a pour principal effet de diminuer la résistance des organismes qui y sont exposés. "
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