Le serpent marin à ventre jaune (Hydrophis platurus) est un reptile pélagique présent dans tout l'océan Indopacifique tropical. Pour parvenir à peupler un si vaste territoire, l'espèce aurait mis à contribution la force des courants marins. C'est ce qu'a voulu vérifier une équipe franco-américaine dirigée par un
chercheur (Un chercheur (fem. chercheuse) désigne une personne dont le métier consiste à faire de la...) du Centre d'Etudes Biologiques de Chizé (CEBC, CNRS /
Université (Une université est un établissement d'enseignement supérieur dont l'objectif est la...) de La Rochelle) à l'aide de modèles de
circulation (La circulation routière (anglicisme: trafic routier) est le déplacement de véhicules automobiles...) des courants océaniques. L'étude, publiée en août dernier dans Biology Letters, montre que des populations de serpents marins peuvent ainsi se déplacer sur des milliers de
kilomètres (Le mètre (symbole m, du grec metron, mesure) est l'unité de base de longueur du Système...) sans mettre en péril leur survie. Ce mode de
dispersion (La dispersion, en mécanique ondulatoire, est le phénomène affectant une onde dans un...) s'avère en outre particulièrement efficace lorsque ces individus entament leur
périple (Avant de désigner un voyage (agréable ou non, court ou long, sur mer ou non, effectif ou...) depuis le probable berceau d'H. platurus. En misant sur une
stratégie (La stratégie - du grec stratos qui signifie « armée » et ageîn qui signifie...) risquée, l'
espèce (Dans les sciences du vivant, l’espèce (du latin species, « type »...) serait donc parvenue à conquérir une grande partie de l'océan tropical.
Deux Pélamides bicolores s'accouplant à la surface de la mer © Michel Dune
Les serpents marins de la famille des Hydrophiinae peuplent la zone tropicale des océans Indien et Pacifique. Ces animaux vivent à proximité des côtes où ils se nourrissent de
poissons (Les Poissons sont une constellation du zodiaque traversée par le Soleil du 12 mars au 18...) coralliens. Le serpent marin à ventre jaune (
Hydrophis platurus) est l'unique représentant de cette famille de reptiles qui vit en pleine mer. Son aire de distribution qui s'étend à travers tout l'océan Indopacifique tropical est l'une des plus entendue parmi les tétrapodes actuels. Comment cette espèce de petite taille incapable de nager sur de très longues distances a-t-elle pu coloniser un
territoire (La notion de territoire a pris une importance croissante en géographie et notamment en...) aussi vaste ? Depuis plusieurs années, les biologistes marins soupçonnent cette espèce de se laisser porter par les courants océaniques. Afin de tester cette
théorie (Le mot théorie vient du mot grec theorein, qui signifie « contempler, observer,...), une équipe franco-américaine a utilisé des modèles de circulation des courants océaniques dans lesquels elle a injecté des particules matérialisant les serpents marins. Une fois les particules introduites en différents points de l'océan, leur progression a été suivie au fil du temps par les scientifiques. "
Sachant que le serpent à ventre jaune ne peut survivre plus d'une semaine dans une eau inférieure à 18°C, nous avons pu calculer le taux de survie de chacune de ces population au grès de ses déplacements ", explique François Brischoux,
biologiste (Sur les autres projets Wikimédia :) au Centre d'Etudes Biologiques de Chizé et premier auteur de l'article.
A l'issue d'un voyage de 10 ans, le taux de survie moyen dépasse 10% pour l'ensemble des populations testées ce qui s'avère suffisant pour assurer leur maintien. Pour les populations ayant débuté leur périple au niveau de l'équateur, là où les eaux sont les plus chaudes, le taux de survie est cependant bien plus élevé. Sa valeur maximale, de l'ordre de 55%, est mesurée pour les groupes de particules lâchées à l'ouest des côtes de Papouasie
Nouvelle-Guinée (La Nouvelle-Guinée est une île de l'Océanie proche l'ouest de l'océan Pacifique.). Ce dernier résultat renforce l'hypothèse couramment admise selon laquelle le berceau évolutif de l'espèce serait localisé dans cette zone de l'
océan Pacifique (L'océan Pacifique, qui s'étend sur une surface de 180 000 000 km², est l'océan le...). Après 10 années de dérive à travers les océans, certaines de ces particules ont en outre parcouru jusqu'à 100 000 km, soit une distance en ligne droite de près de 20 000 km. "
S'il arrive que des individus dérivent et disparaissent dans des zones océaniques trop froides, l'utilisation des courants a malgré tout permis à l'espèce de s'étendre sur plus des 2/3 de la circonférence de la Terre ", constate François Brischoux. Ces travaux suggèrent que la population pan-océanique de
H. platurus constitue aujourd'hui l'une des espèces de
vertébrés (Les vertébrés forment un sous-embranchement du règne animal. Ce taxon, qui dans sa...) les plus abondantes de la
planète (Une planète est un corps céleste orbitant autour du Soleil ou d'une autre étoile de...), démontrant au passage qu'une stratégie de dispersion risquée peut s'avérer payante. Afin d'affiner ces premiers résultats, les chercheurs comptent intégrer à leurs modèles d'étude d'autres paramètres comme le taux de prédation ou
la reproduction (La Reproduction. Eléments pour une théorie du système d'enseignement est un ouvrage...) du serpent marin à ventre jaune. En explorant l'influence du changement climatique sur la
dynamique (Le mot dynamique est souvent employé désigner ou qualifier ce qui est relatif au mouvement. Il...) des courants marins, ils veulent enfin vérifier si ce phénomène ne risque pas de mettre en péril la survie de l'espèce.
Note
(1) Les tétrapodes forment une superclasse d'animaux vertébrés caractérisés par la présence de deux paires de pattes. Celle-ci regroupe les amphibiens, les oiseaux, les mammifères ainsi que les reptiles.
Publication:
Oceanic circulation models help to predict global biogeography of pelagic yellowbellied sea snake, par François Brischoux, Cédric Cotté, Harvey B. Lillywhite, Frédéric Bailleul, Maxime Lalire et Philippe Gaspar, publié dans le Biology Letters le 23 août 2016
DOI: 10.1098/rsbl.2016.0436
Contact chercheur:
Francois Brischoux,
Centre d'études biologiques de Chizé (CEBC)