L'éruption de 2010 du volcan Mérapi (Indonésie) fut la plus violente depuis 1872. La série des explosions qui se sont succédées durant 2 semaines a causé l'évacuation d'un demi-million de personnes. Une équipe internationale de chercheurs comprenant des membres de l'
Institut (Un institut est une organisation permanente créée dans un certain but. C'est...) des sciences de la
Terre (La Terre est la troisième planète du Système solaire par ordre de distance...) (ISTerre/OSUG,
CNRS (Le Centre national de la recherche scientifique, plus connu sous son sigle CNRS, est le plus grand...) / USMB / IRD / IFSTTAR / UGA), de l'Institut de
physique (La physique (du grec φυσις, la nature) est étymologiquement la...) du globe de
Paris (Paris est une ville française, capitale de la France et le chef-lieu de la région...) (IPGP / CNRS / UPD /
Université (Une université est un établissement d'enseignement supérieur dont l'objectif est la...) La Réunion) et de l'Institut des sciences de la Terre d'Orléans (ISTO/OSUC, CNRS / Université d'Orléans / BRGM) a montré que la violence de cette éruption exceptionnelle s'explique par la présence discrète d'un magma inhabituellement riche en
eau (L’eau est un composé chimique ubiquitaire sur la Terre, essentiel pour tous les...). C'est cette eau qui, en s'ajoutant sous forme de
vapeur () au
gaz (Un gaz est un ensemble d'atomes ou de molécules très faiblement liés et...) sous
pression (La pression est une notion physique fondamentale. On peut la voir comme une force rapportée...) déjà présent dans le conduit volcanique, a donné leur
puissance (Le mot puissance est employé dans plusieurs domaines avec une signification particulière :) à ces explosions.
Le volcan Mérapi vu du sud en 2013. © Alain Burgisser, ISTerre Considéré comme un des volcans les plus actifs au
monde (Le mot monde peut désigner :), le Mérapi a de fréquentes éruptions effusives dont les dangers sont bien connus. Habituellement, le magma sort sous forme de dômes de
lave (La lave est une roche en fusion, plus ou moins fluide, émise par un volcan lors d’une...) qui s'effondrent périodiquement. Ces effondrements donnent lieu à des avalanches de lave incandescente nommées coulées pyroclastiques qui sont certes extrêmement dangereuses mais dont les trajectoires varient peu, facilitant la gestion des risques encourus par la population locale. Cependant, les 26 octobre et 5 novembre 2010, les explosions ont généré des coulées pyroclastiques qui ont causé des dommages humains et matériels jusqu'à 15 km du volcan, bien au-delà des distances habituellement atteintes.
Même en tenant compte du fait que le sommet fut écrêté d'environ 200 m par l'explosion du 26 octobre, un effondrement classique de
dôme () ne saurait expliquer la propagation à si grandes distances des coulées pyroclastiques. Les chercheurs d'une équipe internationale, issus notamment d'ISTerre, de l'IPGP et d'ISTO, ont donc été amenés à envisager la présence d'un magma inhabituel.
Ils ont analysé le peu de scories présentes dans les dépôts des coulées de 2010, surtout constituées de débris des dômes et du sommet du volcan. L'analyse du peu d'eau figée dans ces scories leur a permis de déterminer:
- la quantité d'eau que chaque scorie contenait lorsqu'elle n'était encore qu'un petit morceau de magma dans le conduit volcanique, juste avant les explosions du 26 octobre et du 5 novembre ;
- la profondeur dans le conduit de chacune d'elle ;
- et la quantité de gaz que chacune d'elles contenait.
Répétées sur des dizaines de scories, ces analyses ont donné une image du conduit volcanique avant chaque explosion.
Représentation schématique du conduit volcanique avant les explosions de 2010 réalisée à partir des analyses de scories. Les bulles blanches représentent le peu de gaz présent dans le conduit qui a été suppléé par l'eau dissoute dans le magma. Les résultats montrent que le magma ayant nourri les explosions provenait d'une bien plus grande profondeur que les quelques centaines de mètres imaginés. Ce magma, situé en fait à plusieurs
kilomètres (Le mètre (symbole m, du grec metron, mesure) est l'unité de base de longueur du Système...) de profondeur (> 6 km le 26 octobre et ~ 3 km le 5 novembre), contenait une quantité d'eau bien supérieure à celle des laves
formant (Dans l'intonation, les changements de fréquence fondamentale sont perçus comme des variations de...) les dômes. Cette eau provenait sans doute d'une recharge profonde de magma qui s'est mélangée au magma pauvre en eau déjà présent dans la chambre sise sous le volcan. Suppléant le peu de gaz présent dans le conduit, cett eau s'est ensuite transformée en vapeur sous pression lors des explosions.
C'est donc cette petite quantité de magma riche en eau qui a donné leur puissance aux évènements de 2010. Ceci implique que le potentiel explosif des volcans ayant des éruptions habituellement effusives est lié à la profondeur du magma qui peut être évacué en une seule explosion, et non, comme précédemment envisagé, à la quantité de magma présente dans le conduit volcanique.