Les requins s'organisent en un réseau social robuste au prélèvement

Publié par Adrien le 17/03/2017 à 00:00
Source: CNRS-INEE
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Le rôle qu'un individu joue au sein de son réseau social contribue non-seulement au maintien de la cohésion de la population mais peut aussi influencer la robustesse du réseau face aux perturbations environnementales ou anthropiques. Des chercheurs du Centre de Recherche Insulaire et Observatoire de l'Environnement (CRIOBE USR3278, PSL Research University: EPHE - CNRS - UPVD) publient un article dans la revue Biology Letters dans lequel ils démontrent que les interactions entre requins au sein du réseau social rendent le réseau robuste à un prélèvement de ses membres. Ces travaux montrent aussi que les requins sont capables d'apprendre rapidement remettant en cause les conditions de base des modèles écologiques de capture-recapture pour estimer les stocks des populations sur lesquels se base les modèles de pêche.


Requin féroce. Illustration: United States Geological Survey

Dans une étude publiée dans la revue Animal Behaviour en 2012 (Mourier et al. 2012), les chercheurs ont découvert qu'en milieu naturel les requins à pointes noires sont capables de former des associations préférentielles sur le long-terme (Figure 1). "Les requins eux aussi peuvent avoir leur réseau social ! Même si leur structure sociale s'avère moins complexe que chez certains organismes sociaux, ils sont capables d'avoir des affinités pour certains congénères" explique Johann Mourier, principal auteur de l'étude.

Pour étudier le réseau social de cette population, Johann Mourier a identifié et recensé tous les requins qui s'associaient lors de ses plongées autour de l'ile de Moorea. Chaque individu est identifié grâce aux taches distinctives présentes sur leur aileron dorsal, fonctionnant comme une empreinte digitale (Figure 2).

"A partir de toutes ces observations effectuées sur plus de deux ans, nous avons reconstruit le réseau social des requins de Moorea grâce aux méthodes employées dans les études sociales" explique Johann Mourier. Tous les individus dans ce réseau ne sont pas égaux et certains jouent un rôle plus important pour maintenir une connectivité entre les différents groupes sociaux. Les chercheurs ont ensuite effectué des simulations en prélevant les requins un à un dans le réseau et ont montré que plus de 50% de la population pouvait être prélevée avant que le réseau ne se désagrège. "Ce résultat est au départ assez surprenant. Il m'est alors rapidement apparu que les requins que j'avais déjà captures semblaient éviter de se faire recapturer, démontrant ainsi que les requins apprennent de leur expérience et évitent de se faire recapturer !" explique Johann Mourier. C'est cette capacité à apprendre de leur erreur passé qui renforce la robustesse du réseau face à la pêche.

Enfin, ces résultats montrent qu'il faut utiliser avec extrême précaution les modèles écologiques de capture-recapture sur ces espèces, puisqu'ils reposent sur la condition selon laquelle chaque individu a la même chance de se faire capturer.

Ces travaux originaux montrent la complexité des relations entre individus dans le milieu naturel et amène à repenser les questions de conservation en introduisant les importances relatives de chaque individu.
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