Depuis plusieurs années, la science s'intéresse aux bénéfices des oméga-3 sur l'être humain. Certains chercheurs explorent les effets de ces acides gras sur la mémoire, tandis que d'autres étudient leur capacité à réduire les douleurs et les démangeaisons causées par l'
inflammation (Une inflammation est une réaction de défense immunitaire stéréotypée du...). Le professeur-chercheur Eric Rousseau, quant à lui, scrute le rôle
anti-inflammatoire (Un anti-inflammatoire est un médicament destiné à combattre une inflammation.) de leurs cousines les résolvines. Et pour cause : elles seraient 30 fois plus puissantes que les
oméga-3 (Le groupe d'acides gras oméga-3, notés également ω3 (ou encore n-3), sont des...).
Les personnes atteintes de maladies inflammatoires se voient souvent proposer par leur médecin des corticostéroïdes, qui doivent atteindre le noyau des cellules pour bien agir. Bien qu'efficaces, ces médicaments engendrent des effets secondaires souvent désagréables. Or, des scientifiques pensent que plusieurs maladies inflammatoires chroniques telles que l'asthme, les rhumatismes ou le
psoriasis (Le psoriasis est une maladie de la peau d'origine mal connue, en partie génétique. Cette...) pourraient être traitées par les résolvines, des molécules dérivées des gras oméga-3.
Éric Rousseau fait partie de ces scientifiques. Biophysicien et professeur-chercheur au Département d'obstétrique-gynécologie à la Faculté de médecine et des sciences de la santé et au Centre de
recherche (La recherche scientifique désigne en premier lieu l’ensemble des actions entreprises en vue...) du CHUS, son attention se porte précisément sur les résolvines. Son équipe utilise les outils de la
physique (La physique (du grec φυσις, la nature) est étymologiquement la...) pour comprendre les phénomènes physiologiques cellulaires liés à certaines problématiques de santé. Également électrophysiologiste de formation, il travaille à l'échelle des molécules, dans l'infiniment petit.
Les résolvines, cousines des oméga-3
Le maquereau est l'un des poissons (Les Poissons sont une constellation du zodiaque traversée par le Soleil du 12 mars au 18...) les plus riches en oméga-3. Une portion de 100 g fournit plus de deux fois la recommandation (Les industries ne fonctionnent pas correctement sans normes garantissant...) journalière.
Photo: © Hans Hillewaert, via Wikimedia Commons " Les résolvines sont des composés hautement bioactifs, explique le professeur-chercheur Rousseau. Ils résultent de la transformation des monoacylglycérides d'oméga-3, des molécules sécuritaires et facilement absorbées par l'organisme. À leur tour ces molécules deviennent des oméga-3 intracellulaires, puis des résolvines. Nos études démontrent qu'en agissant sur des récepteurs cellulaires très spécifiques, les résolvines peuvent éteindre l'inflammation, qu'elle soit aigüe ou chronique."
Parce qu'elles sont produites dans les organes atteints par l'inflammation, les résolvines ont une action calmante 30 fois plus puissante que les gras oméga-3.
Le professeur-chercheur Éric Rousseau.
Photo: Robert Dumont "Elles sont baptisées ainsi parce qu'elles résolvent l'inflammation, précise M. Rousseau. Elles s'accrochent à la
surface (Une surface désigne généralement la couche superficielle d'un objet. Le terme a...) des cellules du sang et des cellules des muscles lisses, dans lesquelles elles diminuent grandement les marqueurs de l'inflammation."
Son équipe a découvert que c'est en situation d'inflammation que les résolvines agissent avec le plus d'efficacité. Arrimées à la paroi des cellules, elles diminuent l'
ensemble (En théorie des ensembles, un ensemble désigne intuitivement une collection...) des réactions inflammatoires, souvent douloureuses, et rétablissent les tissus à leur état normal.
En route vers la recherche clinique
Les personnes asthmatiques ou atteintes de
maladie (La maladie est une altération des fonctions ou de la santé d'un organisme vivant, animal...) pulmonaire (Les pulmonaires sont des plantes de la famille des Boraginacées appartenant au genre...) obstructive chronique (MPCO) pourraient bénéficier grandement de l'action des résolvines. Molécules naturelles, elles pourraient être prises pour des traitements considérablement plus efficaces. "Si on arrive à réduire l'inflammation des bronchioles, on arrivera aussi à réduire les exacerbations qui, souvent, nécessitent une visite à l'
hôpital (Un hôpital est un lieu destiné à prendre en charge des personnes atteintes de...)", ajoute Éric Rousseau.
Ces découvertes ont fait l'objet de deux publications scientifiques en décembre 2016 et ces recherches ont été réalisées avec la collaboration première de la doctorante Rayan Khaddaj Mallat. L'équipe se prépare à mener les premières recherches cliniques en collaboration avec des chercheurs cliniciens du Centre de recherche du CHUS.