Première découverte de l'oiseau géant crétacé Gargantuavis dans la Péninsule ibérique

Publié par Adrien le 26/03/2017 à 00:00
Source: CNRS-INSU
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Gargantuavis philoinos est un oiseau terrestre géant initialement décrit à partir de différents éléments osseux découverts dans des sédiments du Crétacé supérieur dans le Sud de la France. Un fossile découvert dans le gisement Campanien supérieur (Crétacé supérieur) de Laño, dans le Nord de l'Espagne, en tout point comparable aux spécimens découverts en France, constitue le premier spécimen rattaché à cette espèce (Dans les sciences du vivant, l’espèce (du latin species, « type »...) découvert hors de France. Cette découverte, due à un groupe de chercheurs basés en Afrique (D’une superficie de 30 221 532 km2 en incluant les îles,...) du Sud, en France et au Pays Basque espagnol, augmente la diversité de l'assemblage fossile (Un fossile (dérivé du substantif du verbe latin fodere : fossile, littéralement...) de Laño et l'aire de répartition de cet oiseau (Un oiseau (ou classe des Aves) est un animal tétrapode appartenant à l'embranchement des...) encore mal connu, qui vivait sur l'île Ibéro-Armoricaine, incluant une partie de la France et la péninsule Ibérique, au Crétacé supérieur.


Carrière de Laño / Crédits: Xabier Pereda-Suberbiola

La présence dans le Crétacé de la Péninsule ibérique d'un oiseau géant incapable de voler, Gargantuavis philoinos, jusqu'ici connu exclusivement dans des sites paléontologiques du Sud de la France, a été mise en évidence par un groupe de chercheurs de l'Université de Cape Town, du CNRS/Ecole Normale Supérieure de Paris, du Musée d'Histoire Naturelle (La démarche d'observation et de description systématique de la nature commence dès...) d'Alava (Vitoria/Gasteiz) et de l'Université du Pays Basque (Bilbao). Le fossile ayant permis cette identification est un synsacrum, os composé de plusieurs vertèbres soudées entre elles sur lesquelles s'insèrent les éléments du bassin. Ce spécimen a été découvert dans les années 1990 lors de fouilles paléontologiques réalisées par l'Université du Pays Basque (Bilbao), le Musée des Sciences naturelles de la province d'Alava (Vitoria/Gasteiz) et le CNRS sur le site de Laño, à la limite des provinces de Burgos et d'Alava, dans le Nord-Ouest (Le nord-ouest est la direction entre les points cardinaux nord et ouest. Le nord-ouest est...) de l'Espagne. Ce site a livré de très nombreux fossiles appartenant à des groupes zoologiques divers (poissons, amphibiens, lézards, serpents, tortues, dinosaures, ptérosaures, mammifères...), qui constituent un des plus riches assemblages de vertébrés (Les vertébrés forment un sous-embranchement du règne animal. Ce taxon, qui dans sa...) du Crétacé supérieur continental d'Europe (L’Europe est une région terrestre qui peut être considérée comme un...). Des études magnétostratigraphiques ont montré qu'il se place à la partie la plus élevée de l'étage Campanien, et date donc d'environ 72 millions d'années. Les affinités zoologiques du synsacrum de Laño sont demeurées incertaines jusqu'à ce que les chercheurs impliqués dans cette étude le comparent à des spécimens similaires découverts dans plusieurs gisements d'âge similaire du Sud de la France, situés dans l'Aude, l'Hérault et le Var. Les profondes ressemblances relevées entre le fossile de Laño et ceux trouvés en France montrent clairement qu'il doit être attribué à Gargantuavis philoinos, le plus gros oiseau actuellement connu au Crétacé, décrit pour la première fois en 1998. De la taille d'un émeu ou d'une petite autruche (Autruche est le nom que la nomenclature aviaire en langue française (mise à jour) donne...), Gargantuavis philoinos était certainement trop lourd pour pouvoir voler. Il s'agit d'un oiseau relativement archaïque, mais néanmoins apparemment proche de la souche des oiseaux modernes. Il n'est encore connu que par un nombre (La notion de nombre en linguistique est traitée à l’article « Nombre...) limité d'ossements (synsacrums, éléments du bassin, vertèbre (Les vertèbres sont les os constituant la colonne vertébrale chez les animaux...) cervicale, fémurs), et beaucoup d'aspects de son anatomie (L'anatomie (provenant du nom grec ἀνατομία...) demeurent inconnus (notamment, on ne sait rien de son crâne). Tout nouveau spécimen de cet oiseau vraiment rare est donc important.


Nouveau synsacrum de Gargantuavis de Laño (numéro du spécimen: MCNA 2583) A. Vue latérale droite. B. Vue ventrale. C. Vue craniale. D. Vue latérale gauche. E. Vue dorsale Abréviations anatomiques: cs: canalis synsacri ; css: crista spinosa synsacri ; fp: foramen pneumatique ; il: ilia ; pt: processus transversus ; s: synsacrum ; z: prézygapophyse de la première vertèbre synsacrée/ Crédits: Carmelo Corral, 2017

Le fossile trouvé à Laño, en montrant que Gargantuavis philoinos était présent dans la Péninsule ibérique, étend de façon significative sa distribution géographique. Il montre que cet oiseau géant était largement distribué sur ce que l'on appelle l'île Ibéro-Armoricaine, une terre émergée qui comprenait une grande partie de la Péninsule ibérique et de la France actuelles, à une époque où l'Europe était un archipel composé de plusieurs îles et non un continent (Le mot continent vient du latin continere pour « tenir ensemble », ou continens...) unique. Il constitue donc un des éléments d'une faune variée et bien individualisée, connue dans de nombreux sites en France et en Espagne, qui s'est développée (En géométrie, la développée d'une courbe plane est le lieu de ses centres de...) sur cette île au Crétacé supérieur. D'autres faunes insulaires ont évolué sur d'autres îles de l'archipel européen, comme le montrent des fossiles trouvés notamment en Autriche, en Hongrie et en Roumanie. Si ces divers assemblages fauniques montrent entre eux certaines ressemblances, il existe aussi des différences significatives. Gargantuavis philoinos n'a jamais été signalé sur les autres îles européennes du Crétacé supérieur, et il semble avoir été endémique de l'île Ibéro-Armoricaine.

Les recherches en cours sur Gargantuavis philoinos visent notamment à mieux comprendre quelle était la place de cet oiseau dans l'écosystème insulaire dont il faisait partie. De grands oiseaux non volants, tels que les moas de Nouvelle-Zélande ou les Aepyornis de Madagascar (Madagascar (Madagasikara en malgache), ou la République de Madagascar (Repoblikan'i...), ont évolué à plusieurs reprises sur des îles qui avaient pour particularité de ne pas posséder de prédateurs terrestres capables de s'attaquer à ces oiseaux. Comme le montre notamment la riche faune trouvée à Laño, qui comprend plusieurs espèces de dinosaures carnivores, ce n'est pas dans un tel type d'écosystème que vivait Gargantuavis philoinos. Seule une meilleure connaissance de sa biologie (La biologie, appelée couramment la « bio », est la science du vivant....) et de son écologie pourra permettre de comprendre les adaptations qui lui ont permis de se développer dans les conditions particulières de l'île Ibéro-Armoricaine.
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