Nouvelles avancées sur un virus méconnu: le virus de l'hépatite E

Publié par Adrien le 17/10/2017 à 00:00
Source: CNRS-INSB
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Bien que méconnue du grand public, l'hépatite E est un problème majeur de santé publique touchant plus de 20 millions de personnes. L'agent responsable est le Virus de l'Hépatite E (VHE) qui a été peu caractérisé jusqu'à présent. L'étude dirigée par Laurence Cocquerel au Laboratoire de virologie moléculaire et cellulaire, présente plusieurs avancées majeures dans la compréhension du cycle infectieux du VHE qui ont également un impact sur le diagnostic de la maladie. Cette étude a été publiée le 25 septembre 2017 dans la revue Gastroenterology.


Figure: Après infection, essentiellement par ingestion, le VHE se multiplie dans le foie du patient infecté. Au cours de son cycle infectieux, le VHE produit 3 formes de sa protéine de capside ORF2. La forme ORF2i s'assemble pour former des particules infectieuses alors que les formes ORF2g et ORF2c, produites en grandes quantités dans le sang des patients infectés, ne s'assemblent pas en particules virales infectieuses. © Laurence Cocquerel-Deproy

L'infection par le virus de l'hépatite E (VHE) représente une cause majeure d'hépatite aiguë et de jaunisse à travers le monde. Deux milliards de personnes vivent dans des pays endémiques et sont donc susceptibles de contracter une hépatite E. Avec plus de 20 millions d'infections par an et 3 millions de cas d'hépatites E aiguës, le VHE est responsable de plus de 70 000 décès chaque année. Cette infection est particulièrement grave pour les personnes fragiles telles que les femmes enceintes et peut devenir chronique chez les patients immunodéprimés. Le VHE circule à travers le monde mais sa prévalence est la plus élevée en Asie et en Afrique. En France, la séroprévalence est de 22% à l'échelle nationale tandis qu'elle est de 52% dans le sud de la France qui est particulièrement touché par cette infection.

Quatre types différents du VHE, appelés génotypes (génotype 1 à génotype 4) sont pathogènes pour l'Homme et montrent des différences épidémiologiques. Les génotypes 1 et 2 sont généralement rencontrés dans les pays en voie de développement et sont présents exclusivement chez l'Homme. Leur transmission se fait essentiellement par la consommation d'eau contaminée par les particules virales présentes dans les matières fécales. Par contre, les génotypes 3 et 4 sont essentiellement présents dans les pays industrialisés, ils diffèrent des génotypes 1 et 2 par leur transmission principalement zoonotique (transmission de l'animal à l'homme). Ils sont présents chez un certain nombre d'animaux domestiques et sauvages à partir desquels l'Homme peut se contaminer en consommant de la viande peu ou pas cuite. La contamination par transfusion sanguine a également été documentée.

Du fait des difficultés à produire in vitro le VHE, la recherche fondamentale sur ce virus reste aujourd'hui peu développée. Cette étude est le fruit de trois ans de recherche active au sein du laboratoire de Virologie Moléculaire et Cellulaire du Centre d'Infection et d'Immunité de Lille (campus de l'Institut Pasteur de Lille), et de collaborations avec l'Université de Gand, l'Université de Tours, l'Université d'Amiens et le Centre National de Référence Hépatite E de Toulouse. Les chercheurs ont développé un système efficace de culture cellulaire du VHE. Ils ont purifié les particules virales et montré qu'elles étaient hautement infectieuses in vitro, mais également in vivo. Ils ont obtenu pour la première fois des images de microscopie électronique de particules infectieuses du VHE produites in vitro ou présentes dans le sang et les selles des patients infectés.

Ce travail a également permis de réaliser une caractérisation poussée de la protéine ORF2, le constituant de la capside virale, structure qui entoure et protège le génome viral. Les chercheurs ont ainsi démontré que durant son cycle infectieux, le VHE produit trois formes différentes de sa protéine de capside ORF2: une forme appelée ORF2i, qui est la forme associée aux particules infectieuses et deux autres formes appelées ORF2g et ORF2c, qui sont des formes glycosylées (associées à des sucres) massivement produites, mais non associées à du matériel infectieux. De manière importante, ils ont démontré que les protéines ORF2g et ORF2c sont les antigènes viraux majeurs présents dans le sérum des patients infectés par le VHE. Ces protéines pourraient représenter un leurre immunologique de la part du virus. Au delà d'avancées majeures dans le domaine de la recherche fondamentale sur le VHE, ces travaux ouvrent de nouvelles perspectives pour le diagnostic de l'hépatite E.

Ce travail a été soutenu financièrement par l'ANRS (Agence Nationale de Recherches sur le Sida et les Hépatites virales).
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