Pollution aux métaux lourds en Amazonie équatorienne et impact des activités pétrolières

Publié par Adrien le 18/12/2017 à 00:00
Source: CNRS-INSU
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En Équateur, le développement des activités pétrolières et la déforestation associée, notamment dans la région nord amazonienne, entrainent des effets délétères sur les écosystèmes mais aussi sur la santé des populations, en raison surtout des conditions de vie, souvent précaires, propres à l'Amazonie (L'Amazonie est une région d'Amérique du Sud. C'est une vaste plaine traversée par...). Les populations sont donc exposées par inhalation, ingestion et contact dermique à un cocktail de polluants dont des métaux lourds. Des chercheurs du laboratoire Géosciences environnement (L'environnement est tout ce qui nous entoure. C'est l'ensemble des éléments naturels et...) Toulouse (GET/OMP, UPS / CNRS / IRD / CNES) et de l'Institut (Un institut est une organisation permanente créée dans un certain but. C'est...) des géosciences de l'environnement (IGE/OSUG, CNRS / IRD / UGA / Grenoble INP) ont pu distinguer les pollutions issues de phénomènes naturels (comme les volcans), de l'agriculture et de l'exploitation pétrolière. Ils ont également pu montrer que les indices de risque sanitaire calculés à partir des éléments cancérigènes ou non présents dans les produits cultivés et les eaux de consommation dépassent de 2 à 13 fois les valeurs recommandées. Cette équipe a également considéré la vulnérabilité (En gestion des risques, la vulnérabilité d'une organisation ou d'une zone...) sociale des communautés face au risque de contamination de leur environnement, c'est à dire les dispositions sociales à faire face ou non à ces risques, à se protéger ou non des aléas qui affectent leurs ressources.


Bogue de cacao malade, à Dayuma en Équateur. © Sabine Desprats Bologna/GET/CNRS Photothèque
Des chercheurs du GET ont échantillonné au total 15 fincas (exploitations agricoles familiales) en Amazonie équatorienne en vue de déterminer les concentrations en arsenic (L’arsenic est un élément chimique de la famille des pnictogènes, de symbole...) (As), baryum (Le baryum est un élément chimique de symbole Ba et de numéro atomique 56.) (Ba), cobalt (Co), cuivre (Cu), cadmium (Le cadmium est un élément chimique de symbole Cd et de numéro atomique 48.) (Cd), chrome (Cr), manganèse (Le manganèse est un élément chimique, de symbole Mn et de numéro atomique 25.) (Mn), molybdène (Le molybdène est un élément chimique, de symbole Mo et de numéro atomique 42.) (Mo), nickel (Ni), plomb (Pb), vanadium (Le vanadium est un élément chimique, de symbole V et de numéro atomique 23.) (V) et zinc (Zn) dans les sols, les cultures, l'eau de consommation et l'air.

Les résultats montrent que le Ba dans les sols dépasse les valeurs seuils de la norme équatorienne (200 mg/kg) dans 53 % des sites. Il est fortement concentré dans les citrons et le Mn dans les bananes et ananas. Le Cd est accumulé dans les cacaos et le Pb dans le manioc, les concentrations de ces 2 éléments dépassant dans la majorité des échantillons la réglementation de l'UE. En revanche, dans les eaux de consommation et les aérosols, les teneurs en métaux restent sous les seuils internationaux. Cependant, le Ba et le Mo, marqueurs des activités pétrolières, présentent des concentrations élevées dans les PM10 (PM10 - les particules dont le diamètre (Dans un cercle ou une sphère, le diamètre est un segment de droite passant par le centre...) est inférieur à 10 micromètres).

A partir des concentrations en métaux lourds mesurées, les chercheurs ont calculé 2 indices de risque sanitaire d'après la United States environmental protection agency (L'agence de protection de l'environnement, Environmental Protection Agency (EPA), a été créé le...) (US EPA - 2015): le Hazard quotient (HQ) calculé à partir des concentrations en éléments non cancérigènes et le Total cancer risk (TCR) spécifique des composés cancérigènes (As, Cd, Cr et Ni). Ces quotients dépassent de 2 à 13 fois les valeurs recommandées, suggérant que les habitants de l´Amazonie sont soumis à des doses élevées de métaux via la consommation de produits cultivés (Ba et Mn) ou d'eau de pluie enrichie en Zn. Le Cr est responsable de 47 % (80 %) du risque cancérigène par inhalation chez les adultes (enfants). L'arsenic contenu dans l'eau ingérée est quant à lui responsable de 11 % (20 %) de ce risque. La présence de Zn et As n'est pas liée aux activités pétrolières, contrairement au Ba et au Cr.

Ces valeurs de risque sont hétérogènes car inégalement réparties sur le territoire. L'exposition varie en fonction de nombreux facteurs (distance aux aléas, durée et intensité de l'exposition, l'âge des personnes, leur niveau de santé, leur mobilité, etc.). Ces indices peuvent également être surestimés, puisque les métaux sont rarement complètement (Le complètement ou complètement automatique, ou encore par anglicisme complétion ou...) assimilés par l'organisme, suggérant ainsi la prise en compte de la part bioaccessible d'un contaminant plutôt que sa concentration totale. Il est également important de considérer la vulnérabilité sociale des communautés, c'est à dire leurs dispositions sociales à faire face ou non à ces risques, à se protéger ou non des aléas qui affectent leurs ressources. Ainsi, la "culture (La définition que donne l'UNESCO de la culture est la suivante [1] :) du risque" joue-t-elle un rôle fondamental dans l'exposition des populations aux contaminants environnementaux.

Ces travaux s'inscrivent dans le cadre du projet ANR MONOIL sur le monitoring environnemental et les liens avec la santé, la société et l'exploration (L'exploration est le fait de chercher avec l'intention de découvrir quelque chose d'inconnu.) pétrolière en Équateur.
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