Quand les virus aident à mieux comprendre le fonctionnement du cerveau

Publié par Adrien le 04/02/2018 à 00:00
Source: CNRS-INSB
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L'infection des neurones par certains virus peut perturber le fonctionnement cérébral et le comportement des animaux, sans provoquer de dommages tissulaires. Comment ces virus induisent-ils un dysfonctionnement neuronal ? Pour répondre à cette question, des chercheurs du CNRS, de l'Inserm et de l'Université de Toulouse ont utilisé des souris exprimant une protéine du Bornavirus, qui détourne l'activité d'une enzyme importante pour le bon fonctionnement neuronal, et ont montré qu'elles présentaient une anxiété chronique et des déficits de mémoire. Cette étude est publiée le 29 janvier 2018 dans la revue PNAS.


Figure: Expression ciblée de la protéine virale P (en rouge) du Bornavirus dans l'hippocampe de souris. Les neurones de cette région de l'hippocampe sont visualisés en vert. ©: Marion Szelechowski/Daniel Dunia, CPTP

Dans cette étude, les chercheurs ont utilisé une protéine isolée d'un virus neurotrope, le Bornavirus, qui est connu pour provoquer des troubles comportementaux chez de nombreuses espèces animales. Même si aucune pathologie associée à l'infection de l'homme par le Bornavirus n'a encore clairement été identifiée, l'origine des troubles comportementaux liés à sa persistance dans le système nerveux central fait l'objet de nombreuses études. Pour leurs travaux, les chercheurs ont utilisé la phosphoprotéine (P) du Bornavirus, qui interfère avec la voie de la protéine kinase C (PKC) et perturbe la plasticité neuronale. L'expression ciblée de cette protéine P dans l'hippocampe, une région clé pour la mémoire (Figure), induit chez la souris une anxiété chronique et des troubles mnésiques, révélés notamment par les tests du labyrinthe en croix surélevé et de localisation d'objets. De façon intéressante, l'expression d'une protéine P mutée et donc incapable d'interférer avec la voie de la PKC, conduit à l'absence de la majorité, mais non de la totalité, des déficits cognitifs induits par la protéine P. Ceci suggère que l'action de la protéine P du Bornavirus n'est pas strictement restreinte à la voie de signalisation de la PKC.

Ces résultats apportent un nouvel éclairage sur les mécanismes moléculaires cérébraux impliqués dans le développement de perturbations cognitives induites par certaines infections virales. Cette étude accroit également notre compréhension du rôle et de l'importance des voies de signalisation dépendantes de la PKC, dont des altérations sont impliquées dans de nombreuses maladies neurologiques.
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