Autoroutes et routes de campagne pour l'ARN polymérase II

Publié par Adrien le 16/02/2018 à 00:00
Source: CNRS-INSB
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Chez tous les organismes, les ARN polymérases ne transcrivent pas seulement les gènes, mais une fraction beaucoup plus large du génome. La fonction et l'impact de cette transcription omniprésente sur la stabilité et l'expression du génome sont étudiés dans plusieurs laboratoires. Des chercheurs de l'Institut (Un institut est une organisation permanente créée dans un certain but. C'est...) Jacques Monod (Jacques Monod, né à Paris le 9 février 1910 et mort à Cannes le...) ont montré que beaucoup d'ARN polymérases ne s'arrêtent pas à la fin des gènes qu'elles transcrivent et contribuent de façon significative à la transcription généralisée du génome (Le génome est l'ensemble du matériel génétique d'un individu ou d'une...). Cependant leur progression en dehors des gènes est limitée: des facteurs ou complexes liant (Un liant est un produit liquide qui agglomère des particules solides sous forme de poudre....) l'ADN ont la capacité de réaliser de barrages qui limitent leur "invasion" des régions "sensibles". Ce travail a été publié en ligne le 19 Janvier dans la revue EMBO J.


Figure: Les ARN polymérases II ne s'arrêtent pas toujours aux signaux de terminaison de la transcription des gènes et contribuent à la transcription "pervasive" chez la levure S. cerevisiae. Ces polymérases sont cependant arrêtées par des "barrages routiers", constitués par des facteurs de transcriptions liés à l'ADN, les gènes des ARNt ou les centromères.
© Domenico Libri

Il a été traditionnellement considéré que la transcription par l'ARN polymérase II est limitée aux régions géniques. Les polymérases s'associent au niveau des promoteurs, transcrivent les gènes et se détachent de la matrice d'ADN au niveau des régions de terminaison. Pourtante n'est pas si simple ! Les travaux réalisés par plusieurs groupes ces dernières années ont montré que chez tous les organismes les ARN polymérases II transcrivent beaucoup plus que les seuls gènes "canoniques" et que des unités de transcription nouvelles et "non-codantes" sont au moins aussi nombreuses que celles codant pour des produits ayant une fonction connue (ARN ou protéines). Ceci est dû en partie au fait que la transcription peut démarrer dans les régions intergéniques de façon relativement peu spécifique, par exemple dans la direction opposée aux gènes "canoniques".

La présence ubiquitaire d'ARN polymérases sur le génome est une source potentielle de conflits avec d'autres processus cellulaires, tels que la réplication, la transcription par d'autres polymérases ou la régulation de l'expression des gènes au niveau des promoteurs. La cellule a donc dû développer des stratégies pour limiter le niveau et l'étendue de cette transcription dite "pervasive". Dans un article publié dans EMBO Journal le 19 Janvier, le groupe de Domenico Libri a utilisé la technique de CRAC (UV Crosslinking and analysis of cDNA) pour réaliser, dans plusieurs conditions, des cartes de transcription à haute résolution du génome de la levure S. cerevisiae. Les auteurs ont montré que les polymérases ne s'arrêtent pas toujours aux signaux de terminaison des gènes, mais peuvent envahir les régions intergéniques adjacentes contribuant ainsi de façon significative à la transcription pervasive. Ce phénomène, qui déjà été observé dans un modèle humain, pourrait avoir un rôle dans la régulation de l'expression génique et l'évolution de nouveaux gènes.

Cela étant dit, la transcription au-delà des gènes n'est pas aisée ! Les polymérases qui "ignorent" les signaux de terminaison sont rapidement arrêtées par des facteurs ou des complexes associés à l'ADN qui fonctionnent comme des barrages routiers (roadblocks). Beaucoup de facteurs sont susceptibles de provoquer des roadblocks, notamment certains facteurs de transcription, des facteurs liant les gènes codant pour les ARNt ou les centromères. Dans ces derniers cas, les ARN polymérases II sont arrêtées juste au bord de ces structures, ce qui permet vraisemblablement de préserver leur fonction. Les polymérases voyagent donc sur les gènes comme sur des autoroutes, mais dès qu'elles sortent des sentiers battus, elles se retrouvent freinées voire arrêtées par les nombreux obstacles qui jonchent les routes de campagne.
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