Comment le cerveau protège-t-il nos rêves pendant notre sommeil ?

Publié par Adrien le 18/02/2018 à 00:00
Source: CNRS-INSB
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Des chercheurs du Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon viennent de compléter le décryptage des circuits neuronaux responsables de la paralysie musculaire pendant le sommeil paradoxal, celui où l'on rêve. C'est une découverte majeure pour comprendre certains troubles neurologiques (dus à l'absence de cette immobilité corporelle) qui se manifestent par l'expression des rêves sous forme d'une agitation (L’agitation est l'opération qui consiste à mélanger une phase ou plusieurs...) nocturne violente et incontrôlée. D'importantes perspectives s'ouvrent grâce à ce modèle animal validé par les chercheurs lyonnais. En effet, ces troubles moteurs (Un moteur est un dispositif transformant une énergie non-mécanique (éolienne, chimique,...) pendant le sommeil paradoxal (Le sommeil paradoxal fait suite au sommeil lent ("sommeil à ondes lentes" désignant les...) s'avèrent constituer un marqueur diagnostique précoce et fiable de la maladie de Parkinson (La maladie de Parkinson est une maladie neurologique chronique affectant le système nerveux...) qui démontre le lien étroit entre ces deux pathologies et qu'il sera maintenant possible de déchiffrer. Enfin, ces résultats pourraient aider à comprendre "où" et "comment" sont générés les rêves et tenter enfin de répondre à une question capitale (Une capitale (du latin caput, capitis, tête) est une ville où siègent les pouvoirs,...) en neurosciences (Les neurosciences correspondent à l'ensemble de toutes les disciplines biologiques et...) cognitives: à quoi servent (Servent est la contraction du mot serveur et client.) les rêves ? Ces travaux ont été publiés le 5 Février 2018 dans la revue Nature Communications.


Figure: Chez le rat endormi, des neurones inhibiteurs médullaires (GiV) suppriment l'activité des motoneurones (MTn) induisant alors une paralysie (La paralysie ou plégie est une perte de motricité par diminution ou perte de la...) corporelle. En revanche, un animal traité de façon à inactiver ces mêmes neurones médullaires n'est plus paralysé pendant le sommeil (Le sommeil est un état naturel récurrent de perte de conscience (mais sans perte de la...) paradoxal et montre des comportements moteurs anormaux et incontrôlés (RBD) alors qu'il reste profondément endormi.
© Patrice Fort

C'est à Lyon à la fin des années 1950 que le Professeur Jouvet, décédé en octobre 2017, a découvert que pendant le sommeil paradoxal, le corps est soumis à une paralysie musculaire empêchant tout mouvement intempestif pendant le rêve. Et c'est toujours à Lyon presque 60 plus tard qu'une équipe du Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon vient de franchir un pas décisif dans la compréhension des mécanismes nerveux générant cette inhibition motrice pendant le sommeil paradoxal. Après avoir récemment découvert les neurones initiateurs du phénomène (Valencia Garcia et coll., Brain 2017), les chercheurs ont cette fois-ci identifié les derniers neurones du réseau (Un réseau informatique est un ensemble d'équipements reliés entre eux pour échanger des...) supprimant l'activité des motoneurones.

Chez le rat, ils ont ciblé spécifiquement une population de neurones médullaires (GiV) en y introduisant des vecteurs viraux génétiquement modifiés qui, une fois dans les cellules neurales, bloquent l'expression d'un gène permettant la sécrétion synaptique de neurotransmetteurs inhibiteurs (glycine et GABA). Incapables de les sécréter, ces neurones ne peuvent plus communiquer avec leurs cibles et sont donc déconnectés du réseau cérébral nécessaire à la paralysie corporelle du sommeil paradoxal. Bien que profondément endormis et isolés de l'environnement, les rats ainsi traités ne sont plus paralysés pendant le sommeil paradoxal et expriment des mouvements anormaux violents et variés, reflétant très probablement leurs rêves. Ces comportements rappellent très fortement le tableau (Tableau peut avoir plusieurs sens suivant le contexte employé :) clinique des patients souffrant d'une forme de parasomnie (Les parasomnies sont un ensemble de manifestations accompagnant le sommeil, qui peuvent être...) appelée REM Sleep Behavior Disorder (RBD), une maladie (La maladie est une altération des fonctions ou de la santé d'un organisme vivant, animal...) du sommeil qui se déclare aux alentours de la cinquantaine et dont l'origine demeure largement incomprise.

Ces travaux de recherche fondamentale vont bien au-delà de la création d'un modèle préclinique mimant cette parasomnie. Ils pourraient avoir une importance capitale dans l'étude de certaines maladies neurodégénératives. En effet, de récents travaux cliniques ont montré que les patients diagnostiqués avec le RBD développent presque systématiquement les symptômes moteurs de la maladie de Parkinson, en moyenne (La moyenne est une mesure statistique caractérisant les éléments d'un ensemble de...) une décennie (Une décennie est égale à dix ans. Le terme dérive des mots latins de decem « dix »...) plus tard. L'équipe cherche maintenant à développer un modèle animal évoluant de la parasomnie à la maladie de Parkinson afin de comprendre les prémices de la dégénérescence neuronale. Enfin, ce modèle permet d'accéder aux rêves "rêvés" par l'animal pendant son sommeil et donc d'envisager de nouvelles recherches fondamentales pour en comprendre l'origine et plus encore les fonctions physiologique, cognitive et/ou psychologique, des questions vieilles comme le monde !
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