Vivre ensemble ou comment les plantes se rétablissent d'une maladie virale

Publié par Adrien le 17/03/2018 à 00:00
Source: CNRS-INSB
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Les maladies virales provoquent de graves dommages aux plantes cultivées entraînant des pertes de récolte. Cependant, dans certains cas, les plantes malades peuvent se rétablir et poursuivre un développement normal. Paradoxalement, les feuilles saines contiennent des virus (Un virus est une entité biologique qui nécessite une cellule hôte, dont il utilise...) toujours actifs. Le rétablissement de la plante (Les plantes (Plantae Haeckel, 1866) sont des êtres pluricellulaires à la base de la...) infectée ne peut donc s'expliquer que par l'atteinte d'un état de tolérance dans lequel plante et virus peuvent coexister sans causer de maladie (La maladie est une altération des fonctions ou de la santé d'un organisme vivant, animal...). En utilisant Arabidopsis thaliana comme modèle, des chercheurs du CNRS (Le Centre national de la recherche scientifique, plus connu sous son sigle CNRS, est le plus grand...) et de l'Université de Bâle (L'Université de Bâle (Suisse) fut fondée en 1460. C'est la plus ancienne de Suisse....) ont identifié les gènes et les mécanismes impliqués dans ce phénomène de rétablissement. La compréhension de ce processus pourrait avoir des implications très importantes en agronomie. Cette étude est publiée le 01 mars 2018 dans la revue Nature Plants.


Figure: Rétablissement d'une plante infectée par le virus de la mosaïque du colza. Alors que les feuilles âgées présentent de forts symptômes de maladie, les feuilles supérieures, nouvellement développées, en sont exemptes. La plante représentée possède le gène (Un gène est une séquence d'acide désoxyribonucléique (ADN) qui spécifie la...) de la GFP ([i]green fluorescent protein) mais son expression est habituellement inhibée dans cette lignée. Cependant, lors de l'infection, la plante devient fluorescente car la protéine (Une protéine est une macromolécule biologique composée par une ou plusieurs...) virale suppresseur de silencing (VSR) supprime l'extinction (D'une manière générale, le mot extinction désigne une action consistant à éteindre quelque...) de la GFP. Cette figure montre que le rétablissement est associé à la perte de l'activité (Le terme d'activité peut désigner une profession.) VSR, centrale dans le déclenchement de la maladie.
© Camilla Julie Kørner, Manfred Heinlein[/i]

Dans cette étude, les chercheurs ont découvert que des plants d'Arabidopsis infectés par le virus de la mosaïque du colza (Tobamovirus) se rétablissent de la maladie (un processus appelé symptom recovery) à un stade (Un stade (du grec ancien στ?διον stadion, du verbe...) avancé de l'infection. Fait intéressant, les feuilles saines des plantes contiennent des virus infectieux qui peuvent encore se répliquer. Ainsi, ce rétablissement n'est pas basé sur l'exclusion ou l'inhibition du virus, mais implique plutôt un état de tolérance dans lequel le virus et la plante peuvent coexister. L'utilisation de nombreux mutants d'Arabidopsis a révélé l'importance de la voie du PTGS (post-transcriptional gene silencing) et d'une production importante de petits ARNs interférant primaires et secondaires de 21-22 nucléotides (siARN). Les mutations qui augmentent la production de siARN entraînent un rétablissementplus précoce alors que celles qui en réduisent la production le retardent ou l'inhibent. Certains composants de la voie du TGS (transcriptional gene silencing), connue pour faciliter la propagation du gene silencing dans la plante, sont également mis en oeuvre.

L'initiation du processus de rétablissement est observée dans les tissus jeunes qui attirent les siARNs comme les sucres et les métabolites provenant des feuilles matures. L'obtention d'un état de tolérance implique également l'inactivation du VSR (suppresseur viral du silencing), qui est connu pour séquestrer les petits ARNs. Sur la base de leurs observations (L’observation est l’action de suivi attentif des phénomènes, sans volonté de les...), les auteurs concluent que l'état de tolérance menant au rétablissement survient avec le déplacement ( En géométrie, un déplacement est une similitude qui conserve les distances et les angles...) des siARNs secondaires antiviraux des feuilles matures vers les feuilles jeunes, jusqu'au franchissement d'un seuil permettant de bloquer l'activité VSR impliquée dans l'apparition des symptômes.

Ces résultats indiquent que les plantes peuvent utiliser le gene silencing couplé à la communication (La communication concerne aussi bien l'homme (communication intra-psychique, interpersonnelle,...) intercellulaire et à la régulation (Le terme de régulation renvoie dans son sens concret à une discipline technique, qui se...) systémique (La systémique - du grec « systema », « ensemble...) pour contrôler l'activité du VSR dans les tissus jeunes et ainsi surmonter une maladie virale établie. Les mécanismes découverts ouvrent de nouvelles perspectives pour l'obtention des plantes cultivées tolérantes aux virus sans développer de maladies.
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