Les enseignements de Pan et Atlas sur la formation planétaire

Publié par Michel le 08/12/2007 à 00:00
Source: CNRS / CEA
Illustration: © ANIMEA
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Les anneaux de Saturne constituent l'une des régions les plus étonnantes du Système Solaire. Les caméras de la sonde américaine Cassini ont révélé que deux satellites de Saturne, Pan et Atlas, étaient ceinturés à l'équateur d'importants "bourrelets" donnant à ces lunes la forme d'une soucoupe volante (voir notre récente news).

Une équipe d'astrophysiciens a réussi à modéliser l'assemblage de ces bourrelets à l'aide de simulations numériques. Ces résultats permettent d'en savoir plus sur l'histoire des anneaux de Saturne et sur les processus fondamentaux à l'œuvre au moment de la formation du système solaire. Ils seront publiés dans la revue Science du 7 décembre 2007.


Vue d'artiste du satellite Atlas orbitant devant Saturne

Les "bourrelets" de Pan et d'Atlas sont proprement gigantesques. Ils ont en effet plusieurs kilomètres d'épaisseur, alors que Pan et Atlas ne font que 30 kilomètres de diamètre environ. Si l'on transpose ces excroissances à l'échelle de la Terre, c'est comme si notre plus haute montagne s'élevait à 1000 kilomètres d'altitude et entourait l'intégralité de notre équateur.

Les astrophysiciens du laboratoire AIM (CEA, Université Paris Diderot, CNRS), de l'Université de Cornell (Etats-Unis) et du Space Science Institute (Etats-Unis) ont réussi à modéliser la formation de ces bourrelets à l'aide de simulations numériques réalisées sur des calculateurs du CEA. "Nos simulations ont révélé qu'en un temps très court (quelques années) les particules de glaces des anneaux de Saturne s'empilent à l'équateur des satellites et reproduisent fidèlement l'organisation des excroissances observées, explique Sébastien Charnoz (AIM- Université Paris Diderot). Ainsi, il semblerait que les excroissances sont constituées de particules issues des anneaux, qui s'empilent à la surface des satellites existants dès la formation des anneaux. La preuve en est que le renflement équatorial d'Atlas est constitué d'un matériau très lisse, donc jeune, alors que le pôle est rugueux, cratérisé et donc beaucoup plus vieux".

Ainsi Pan et Atlas se sont-ils formés en deux phases: ils n'étaient à l'origine que de simples satellites plus ou moins sphériques, orbitant au sein des anneaux primitifs de Saturne. Leur gravité a ensuite attiré le matériau environnant, tombé en pluie sur les zones équatoriales, pour former finalement les grands disques aujourd'hui fossilisés à leur équateur.

La modélisation révèle également que des corps de grande taille (d'un diamètre de l'ordre du kilomètre) étaient déjà présents au sein des anneaux au moment même de leur formation. Ils renforcent donc la suspicion, encore non prouvée, que les anneaux de Saturne sont le résultat de la fragmentation d'un corps de grande taille dont Pan et Atlas pourraient être les deux plus gros fragments. "Si l'on compare la taille de Pan et Atlas aux tailles connues des particules des anneaux de Saturne, on obtient une courbe particulière, qui rappelle fortement le résultat d'un processus de fragmentation, poursuit Sébastien Charnoz. Cette conclusion ne constitue pas une preuve définitive mais elle renforce la théorie de la formation des anneaux suite à une fragmentation, déjà proposée dans les années 1970." Cette théorie est toujours considérée comme l'une des plus prometteuses, bien que l'origine des anneaux de Saturne soit toujours un mystère.

Les anneaux de Saturne apparaissent donc comme un véritable système solaire en miniature, dont l'évolution a été stoppée par les effets de marées de l'immense planète. Cette fossilisation nous aide donc à comprendre les processus fondamentaux à l'œuvre au moment de la formation du système solaire.

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