Coquillages et crustacés de nos côtes n'ont rien à envier aux fantastiques récifs coralliens tropicaux. Une équipe du laboratoire "Adaptation et diversité en milieu marin" de la Station biologique de Roscoff vient en effet de démontrer que les balanes, petits crustacés à la coquille
conique (Les coniques constituent une famille très utilisée de courbes planes algébriques,...) très communs sur les rochers de nos littoraux, sont des usines à
calcaire (Les calcaires sont des roches sédimentaires, troisièmes plus abondantes après les...), tout autant, voire plus, que le
corail (Le corail est un animal de l'embranchement des Cnidaires, vivant généralement en colonies...). Une découverte qui fait dire aux scientifiques qu'à l'instar des coraux, les animaux producteurs de calcaire des
mers (Le terme de mer recouvre plusieurs réalités.) tempérées pourraient eux aussi être menacés par l'augmentation de
dioxyde de carbone (Le dioxyde de carbone, communément appelé gaz carbonique ou anhydride carbonique, est un...) dans l'
atmosphère (Le mot atmosphère peut avoir plusieurs significations :) qui modifie la
chimie (La chimie est une science de la nature divisée en plusieurs spécialités, à...) des
océans (Océans stylisé Ωcéans est un documentaire français réalisé par...).
Il aura fallu une année à l'équipe de Dominique Davoult pour quantifier le calcaire fabriqué par les balanes. Avec près de 1 800 g par m2 et par an pour l'
espèce (Dans les sciences du vivant, l’espèce (du latin species, « type »...) la plus active, cette production se révèle équivalente à celle du corail. "Sans être réellement étonnés par nos résultats, nous ne nous attendions tout de même pas à de tels chiffres !, commente Dominique Davoult.
La calcification – la synthèse du calcaire par ces organismes – n'a jamais été prise en compte dans les
flux (Le mot flux (du latin fluxus, écoulement) désigne en général un ensemble d'éléments...) de CO2 des écosystèmes des mers tempérées. Notre étude prouve qu'elle est pourtant loin d'être anecdotique." Il est vrai que sur nos côtes, la calcification est beaucoup moins apparente car, à la différence des gigantesques récifs coralliens, les coquilles se détachent, se fragmentent et rejoignent les sédiments après la
mort (La mort est l'état définitif d'un organisme biologique qui cesse de vivre (même si...) des animaux.
Pour autant, les animaux de nos régions pourraient eux aussi être menacés de disparition par l'augmentation du CO2 atmosphérique. Il est en effet établi depuis plusieurs années, notamment chez les coraux, que cette augmentation freine la calcification. Car en bouleversant la chimie du carbone des eaux de
surface (Une surface désigne généralement la couche superficielle d'un objet. Le terme a...) océaniques, l'augmentation de CO2 entraîne, entre autres, une diminution du pH et de la concentration en ions carbonate. La production de calcaire n'en devient que plus difficile, alors qu'il apparaît comme indispensable à ces organismes. Les simulations montrent ainsi qu'une
quantité (La quantité est un terme générique de la métrologie (compte, montant) ; un scalaire,...) de dioxyde de carbone de 750 parties par
million (Un million (1 000 000) est l'entier naturel qui suit neuf cent quatre-vingt-dix-neuf...) (ppm), taux attendu pour la fin de ce
siècle (Un siècle est maintenant une période de cent années. Le mot vient du latin saeculum, i, qui...), entraînerait une baisse de la calcification corallienne de 56 %. De même, en milieu tempéré, beaucoup d'autres espèces productrices de calcaire comme les échinodermes, les mollusques, certaines algues et crustacés pourraient subir le même sort et voir, à terme, leur écosystème déséquilibré. Des études expérimentales sont d'ores et déjà en préparation pour tenter d'évaluer cette menace.