Des chercheurs d'AgroParisTech
(1), de l'INRA et du CNRS viennent de publier dans la revue
Science les résultats d'une étude sur la migration des plantes avec le réchauffement climatique. Cette étude a mis en évidence une remontée générale des espèces de l'ordre de 29 mètres en
altitude (L'altitude est l'élévation verticale d'un lieu ou d'un objet par rapport à un niveau...) par
décennie (Une décennie est égale à dix ans. Le terme dérive des mots latins de decem « dix »...). Elle fournit la preuve que les plantes sont en
train (Un train est un véhicule guidé circulant sur des rails. Un train est composé de...) de migrer avec le changement climatique actuel pour conserver les températures nécessaires à leur survie.
En comparant la distribution de 171 espèces forestières au sein des montagnes françaises entre 1905-1985 et 1986-2005, l'étude a mis en évidence une remontée générale des espèces de l'ordre de 29m en altitude par décennie. Dans le contexte actuel de changement climatique, des phénomènes d'
extinction (D'une manière générale, le mot extinction désigne une action consistant à éteindre quelque...) et de colonisation avaient déjà été observés pour les plantes chez quelques espèces en marge de leur distribution en milieu boréal ou de haute
montagne (Une montagne est une structure topographique significative en relief positif, située à la...). Les changements de distribution, peu étudiés chez les plantes de milieux tempérés, ont été analysés à partir des vastes bases de
données (Dans les technologies de l'information (TI), une donnée est une description élémentaire, souvent...) du laboratoire d'accueil et du
CNRS (Le Centre national de la recherche scientifique, plus connu sous son sigle CNRS, est le plus grand...) regroupant des milliers d'inventaires floristiques réalisés dans toutes les forêts des montagnes Françaises depuis le début du 20ème
siècle (Un siècle est maintenant une période de cent années. Le mot vient du latin saeculum, i, qui...). Ces bases de données ont permis de comparer la répartition altitudinale de chacune des 171 espèces étudiées entre les périodes 1905-1985 et 1986-2005 pour une gamme d'altitude de 0 à 2600 m dans les milieux tempérés et méditerranéens représentatifs des montagnes ouest-européennes. La limite de 1985 entre les deux périodes a été choisie car la
température (La température est une grandeur physique mesurée à l'aide d'un thermomètre et...) moyenne (La moyenne est une mesure statistique caractérisant les éléments d'un ensemble de...) annuelle a augmenté de près de 1°C dans la zone étudiée
autour (Autour est le nom que la nomenclature aviaire en langue française (mise à jour) donne...) de cette date pivot.
L'étude montre une montée significative des espèces en altitude qui affecte la majorité des plantes. Cette montée est effective quelle que soit l'altitude étudiée et les préférences thermiques des plantes. Elle met également en évidence que les espèces sont affectées par le réchauffement climatique dans toute leur aire géographique d'existence et non pas seulement aux limites de celle-ci comme cela avait été montré auparavant. Les chercheurs ont en effet montré que les espèces ont déplacé à plus haute altitude leurs habitats préférentiels pour conserver la température qui convient le mieux à leur développement, reproduction, et survie. Toutes les espèces ne migrent pas à la même
vitesse (On distingue :): les espèces végétales à durée de vie courte, comme les herbacées, ont tendance à migrer plus vite en altitude que les espèces végétales dont la durée de vie est plus longue comme les arbres ou les arbustes. Les herbacées ont bénéficié au cours des dernières décades d'un grand
nombre (La notion de nombre en linguistique est traitée à l’article « Nombre...) de générations permettant à leurs graines de se disperser en altitude en réponse au réchauffement climatique. Les arbres au long cycle de vie n'ont bénéficié seulement que d'une ou deux générations pour coloniser de nouveaux milieux.
L'ensemble de ces résultats fournit la preuve que les plantes sont en train de migrer avec le changement climatique actuel pour conserver les températures nécessaires à leur survie. Les différentes vitesses de migration entre arbres et herbacées devraient conduire à un changement de la composition des communautés végétales et de leurs relations avec les espèces animales qui interagissent avec elles.
Note:
(1) Premier auteur, Jonathan Lenoir est étudiant en thèse à AgroParisTech - centre de Nancy, dans le Laboratoire d'étude des ressources Forêt-Bois associant l'INRA et AgroParisTech. Il est titulaire d'une bourse financée par l'INRA.