Montréal: 70 % des écoliers ne marchent pas pour aller à l'école

Publié par Michel le 09/12/2008 à 00:00
Source: Université de Montréal
Restez toujours informé: suivez-nous sur Google Actualités (icone ☆)

L'époque où les écoliers marchaient pour se rendre à l'école du quartier est révolue. Une récente étude d'une équipe de chercheurs dirigée par le professeur d'urbanisme de l'Université de Montréal Paul Lewis démontre que seulement 30 % des enfants fréquentant l'école primaire marchent ou utilisent leur vélo pour s'y rendre.

Cette étude a été effectuée de 2006 à 2008 sur les quartiers centraux et les banlieues de deux régions ciblées: Montréal, la région métropolitaine la plus importante au Québec, et Trois-Rivières, une ville d'importance moyenne. L'essentiel de l'étude a consisté en une enquête auprès des parents de 1495 élèves de 67 écoles. Plusieurs des analyses sont de portée générale et peuvent s'appliquer à l'ensemble du territoire québécois tandis que certaines autres ne valent que pour Montréal.

"Le but premier de l'étude était d'identifier les obstacles à la pratique de la marche et du vélo chez les élèves du primaire puisque nombreux sont les enfants dont le volume d'activité physique recommandé, soit 60 minutes par jour, n'est pas atteint", explique le professeur Lewis, qui a mené cette études avec huit autres collègues du Groupe de recherche Ville et mobilité.

Les chercheurs du groupe ont d'abord consulté d'autres études réalisées sur le sujet. Selon Kino-Québec, en 1971, environ 80 % des enfants canadiens de 7 et 8 ans marchaient pour se rendre à l'école. L'enquête du Groupe Ville et mobilité menée en 2008 a mis en lumière que le nombre d'enfants qui, le matin, se déplacent régulièrement à pied ou à vélo est de l'ordre de 30 %, pour l'ensemble des enfants des régions de Montréal et de Trois-Rivières. De plus, 80 % de ceux qui marchent vers l'école parcourent moins de 600 m.

Pourquoi les enfants marchent de moins en moins ?

"La diminution de la pratique de la marche et du vélo dans les sociétés occidentales est la conséquence d'une sédentarisation globale de nos modes de vie, explique le professeur Lewis. Ce déclin s'explique par nos façons d'occuper le territoire, notamment le phénomène d'étalement urbain, la dispersion des activités et l'augmentation des distances à parcourir, de même que nos horaires marqués par une gestion plus serrée du temps."

L'enquête confirme l'effet fortement dissuasif de la distance domicile-école. Le magasinage scolaire, conséquence de la multiplication des écoles publiques à vocation particulière et la forte présence des écoles privées, est à l'origine d'une plus grande dispersion géographique des élèves. La fréquentation de l'école de quartier n'est plus nécessairement la norme.

Le contrôle parental est aussi l'une des causes fondamentales de ce déclin. Tout d'abord en tant que modèles pour leurs enfants, la grande majorité des parents ne donnent pas le bon exemple, car ils se déplacent essentiellement en automobile. "Même quand l'école est à 300 mètres, certains parents y conduisent leur enfant en auto parce que c'est sur leur chemin ou qu'ils partent à la même heure, remarque Paul Lewis. De plus, ils craignent pour la sécurité de leurs enfants dans les milieux très urbanisés. Au-delà de la santé, c'est la sécurité qui prime."

Comment faire marcher les enfants ?

Bien que le but de l'étude ne fût pas d'établir un plan d'action, l'équipe de chercheurs a tout de même trois recommandations à formuler pour favoriser la pratique de la marche et du vélo chez les écoliers.

Tout d'abord, le réseau scolaire doit s'imposer comme un promoteur de la santé, ce qui signifie notamment que le potentiel de marche devrait être davantage considéré lorsqu'on décide de fermer ou d'ouvrir une école, ou que l'on détermine dans quelles écoles seront offerts les programmes à volet particulier.

Le cadre urbain actuel, qui n'est pas sans danger pour les écoliers, doit être radicalement modifié. Il faut plus que sécuriser les abords des écoles; les mesures d'aménagement doivent porter sur l'ensemble du milieu urbain, de façon à améliorer les conditions de sécurité partout où les enfants (et les adultes) sont susceptibles de circuler. Il est impératif de redonner l'espace aux piétons et cyclistes sacrifiés pour la fluidité automobile. Il faut aussi encourager le transport collectif et surveiller de façon plus serrée le respect des limites de vitesse par les automobilistes.

Finalement, les habitudes de déplacement des enfants étant fortement déterminées par celles des parents, les enfants les plus susceptibles de marcher vers l'école sont ceux dont au moins un des parents marche ou utilise le transport collectif. Si les parents ne sont pas convaincus de l'importance de la marche sur la dépense d'énergie quotidienne et sur l'apprentissage de l'autonomie et s'ils n'acceptent pas de laisser les enfants marcher, seuls ou accompagnés, pour aller à l'école, les enfants ne marcheront pas.

Page générée en 0.261 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales | Partenaire: HD-Numérique
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise