L'extinction de l'homme de Néanderthal n'est pas due au climat

Publié par Michel le 27/12/2008 à 00:00
Source: CNRS
Illustration: Wikipédia
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Les causes de la disparition des populations vivant en Europe avant l'arrivée des hommes modernes, il y a 40 000 ans environ, sont au cœur de nombreux débats. Une équipe multidisciplinaire franco-américaine, réunissant archéologues, modélisateurs du climat (Le climat correspond à la distribution statistique des conditions atmosphériques dans une...) du passé, paléoclimatologues et écologues, montre que la détérioration climatique ne serait pas responsable de l'extinction (D'une manière générale, le mot extinction désigne une action consistant à éteindre quelque...) de ces populations. Pour le démontrer, les chercheurs ont utilisé un algorithme réservé jusqu'à présent à la prévision de l'impact des changements climatiques sur la biodiversité (La biodiversité est la diversité naturelle des organismes vivants. Elle s'apprécie...). Ces travaux ont été publiés le 24 décembre dans la revue PLoS ONE.


Reconstitution d'un Néandertalien

Quand Homo sapiens arrive en Europe (L’Europe est une région terrestre qui peut être considérée comme un...) il y a 40 000 ans, cela fait longtemps que Homo neanderthalensis y est présent. Les deux populations vont vivre à des chronologies semblables sur les mêmes territoires. Puis Néanderthal disparaît. Comment expliquer cette extinction ? Les hypothèses foisonnent et divisent les scientifiques. Une des causes envisagée est l'inadaptation de Néanderthal aux détériorations climatiques survenues à cette époque.

Les résultats de l'équipe multidisciplinaire franco-américaine écartent cette hypothèse. Ils montrent qu'en dépit de la détérioration climatique, appelée événement Heinrich 4 (H4), les néanderthaliens auraient pu continuer à occuper les mêmes territoires si les hommes anatomiquement modernes ne les avaient pas investis. Ils privilégient donc plutôt la compétition avec les hommes modernes pour expliquer l'extinction des néanderthaliens. Les chercheurs impliqués appartiennent au laboratoire "De la préhistoire à l'actuel: culture, environnement (L'environnement est tout ce qui nous entoure. C'est l'ensemble des éléments naturels et...) et anthropologie" (CNRS/Université Bordeaux 1/Ministère de la culture (La Culture est une civilisation pan-galactique inventée par Iain M. Banks au travers de ses...) et de la communication/INRAP), au "Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement" (CNRS/CEA/Université Versailles St Quentin), au laboratoire "Environnements et paléoenvironnements océaniques" (CNRS/Université Bordeaux 1/Ecole pratique des hautes études) et à l'Université (Une université est un établissement d'enseignement supérieur dont l'objectif est la...) du Kansas.

Pour parvenir à cette conclusion, ils ont reconstitué le climat de cette époque et analysé la dispersion des sites occupés par les derniers néanderthaliens et les premiers hommes modernes avec un algorithme appelé GARP. Ce dernier était utilisé jusqu'à présent pour prévoir l'impact des changements climatiques sur la biodiversité. Son emploi par les archéologues, modélisateurs du climat du passé, paléoclimatologues et écologues a permis de prendre en compte la localisation des sites archéologiques datés par carbone 14 (Le carbone 14 est un isotope radioactif du carbone, noté 14C.), les informations géographiques et les simulations à haute résolution des différents climats en Europe par le passé. La méthode utilise ensuite une combinaison (Une combinaison peut être :) d'algorithmes prédictifs, analyse la relation existante entre les sites archéologiques attribuables par leur culture à chacune de ces humanités (Le terme humanités a longtemps désigné les disciplines traitant des langues et de la...) (néanderthaliens et hommes anatomiquement modernes) et les données paléoenvironnementales contemporaines pour prédire la région dans laquelle ces cultures pouvaient subsister. En répétant ce processus plusieurs centaines de fois et en soumettant les résultats à des analyses statistiques (La statistique est à la fois une science formelle, une méthode et une technique. Elle...) de fiabilité (Un système est fiable lorsque la probabilité de remplir sa mission sur une durée...), la méthode apprend de ses propres erreurs et obtient ainsi une prédiction optimale. Cet outil permet également de projeter la distribution potentielle d'une population à une époque donnée (Dans les technologies de l'information (TI), une donnée est une description élémentaire, souvent...) dans une autre phase climatique de façon à vérifier, après comparaison avec la distribution réelle de sites archéologiques, si la niche originale a subi une contraction ou une expansion.

Grâce à cette méthode originale et performante, les chercheurs ont identifié les territoires occupés par les premiers Homo sapiens arrivant en Europe et les derniers néanderthaliens. Ils ont pu comprendre le rôle de chaque facteur climatique dans leurs distributions respectives.

Selon l'algorithme, les hommes modernes ont occupé des territoires allant jusqu'à une frontière méridionale marquée par la vallée (Une vallée est une dépression géographique généralement de forme...) de l'Ebre pendant la phase froide (H4) puis ont investi le sud de la péninsule ibérique au cours de la phase tempérée suivante (GI8). L'étude conclut que les néanderthaliens du sud de la péninsule ibérique auraient été les derniers à disparaître car ils auraient été préservés de la compétition directe avec les hommes modernes par la phase froide, au cours de laquelle les deux populations auraient exploité des territoires distincts. Pour les auteurs, la disparition de Néanderthal serait donc due à la compétition avec Sapiens sapiens.


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