L'origine africaine des primates anthropoïdes remise en question

Publié par Michel le 11/09/2009 à 00:00
Source: CNRS
Illustration: © Rodolphe Tabuce, CNRS
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Des restes crâniens et dentaires de deux espèces de primates fossiles ont été découverts sur un site de fouilles algérien. Ils révèlent que le petit primate Algeripithecus âgé de 50 millions d'années, jusque là considéré comme le plus ancien des anthropoïdes africains, appartient en fait à un autre groupe: celui des lémuriformes. Ces recherches ont été menées par une équipe de chercheurs français de l'Institut des sciences de l'évolution (Université de Montpellier / CNRS) avec des paléontologues algériens des universités de Tlemcen, Oran et Jijel. Leur publication, en ligne sur le site de la revue Proceedings of the Royal Society B (Biological Sciences) le 9 septembre 2009, relance le débat sur l'origine africaine des anthropoïdes, auquel l'homme et les grands singes appartiennent.


Vue d'une mandibule d'Algeripithecus, donnant l'échelle du spécimen.

En 1992, le petit primate fossile Algeripithecus a été découvert dans le Sahara algérien. Vieux de 50 millions d'années, pesant à peine 75 g et connu des paléontologues grâce à des restes de deux molaires, ce primate était considéré comme le plus ancien anthropoïde du continent africain. Ainsi, la mise au jour d'Algeripithecus a fortement contribué au fondement de l'hypothèse selon laquelle l'Afrique serait le berceau des primates anthropoïdes, groupe auquel l'homme et les grands singes appartiennent. Un autre primate est connu depuis plus longtemps: Azibius. Il est l'un des plus anciens représentants africains des lémuriformes, un autre groupe de primates, représenté aujourd'hui par les lémuriens de Madagascar, les galagos d'Afrique centrale et les loris d'Asie du Sud.

Sur le site Glib Zegdou au nord-ouest de l'Algérie, une équipe française de l'Institut des sciences de l'évolution de Montpellier (Université de Montpellier / CNRS) en collaboration avec des chercheurs algériens ont exhumé du matériel crânien et dentaire d'Algeripithecus et Azibius. Ils ont trouvé par exemple des mandibules presque complètes. Ces restes ont dévoilé un certain nombre de caractéristiques typiques du groupe des lémuriformes, notamment une adaptation à la vie nocturne et la présence suggérée d'un "peigne dentaire" (1) à l'avant de la mâchoire inférieure. Les paléontologues en ont conclu qu'Algeripithecus, tout comme son proche parent d'Azibius, appartenait non pas à la famille des primates anthropoïdes mais qu'il était très probablement l'un des plus anciens représentants en Afrique des lémuriformes.

En Egypte, plus d'une dizaine de primates anthropoïdes fossiles datant de 30 à 38 millions d'années est connue depuis longtemps. Ainsi, la récente découverte franco-algérienne rajeunit de plus de 15 millions d'années la première véritable apparition des primates anthropoïdes sur le continent africain. Avec de lourdes conséquences sur l'histoire évolutive des primates anthropoïdes en Afrique, ce constat renforce d'autant plus l'hypothèse alternative de l'origine asiatique des anthropoïdes. Par ailleurs, ces recherches paléontologiques dévoilent une diversité insoupçonnée et une très grande ancienneté des premiers lémuriformes en Afrique.

Note:
(1) Présent à l'avant de la dentition, le peigne dentaire est formé des canines et incisives modifiées, plus à l'horizontal. Il sert à la récolte de nourriture, à l'épouillage et au nettoyage du pelage.
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