Découverte d'une nouvelle super-Terre... au cœur de glace et à l'atmosphère inhospitalière

Publié par Michel le 18/12/2009 à 00:00
Source: © ESO
Illustration: ESO/L. Calçada
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Des astronomes ont découvert la seconde exoplanète de type super-Terre [1] pour laquelle ils ont pu déterminer la masse et le rayon et obtenir ainsi des indications essentielles sur sa structure. Il s'agit également de la première super-Terre connue avec une atmosphère (Le mot atmosphère peut avoir plusieurs significations :). Cette exoplanète (Une exoplanète, ou planète extrasolaire, est une planète orbitant autour d'une...), en orbite autour d'une petite étoile située à seulement 40 années-lumière de la Terre, ouvre ainsi de nouvelles et importantes perspectives dans la quête de mondes habitables. La planète (Une planète est un corps céleste orbitant autour du Soleil ou d'une autre étoile de...) GJ1214b a une masse d'environ six fois celle de la Terre et son cœur est probablement composé en majeure partie de glace d'eau. Sa surface se révèle être très chaude et elle est entourée d'une atmosphère épaisse qui la rend inhospitalière pour la vie telle que nous la connaissons sur Terre.


Vue d'artiste de GJ1214b

Dans l'édition du magazine Nature de cette semaine, une équipe d'astronomes annonce la découverte d'une planète en orbite autour de la très proche étoile de faible masse GJ1214 [2]. Après la récente découverte de la planète CoRoT-7b [3], c'est la deuxième fois que le transit d'une super-Terre (Une super-Terre est une planète extrasolaire plus massive que la Terre, mais...) a pu être détecté. Un transit se produit quand l'orbite de la planète est alignée avec l'observateur de telle sorte que l'on peut voir la planète passer devant son étoile. Par rapport à la Terre, cette nouvelle planète a une masse environ 6 fois supérieure et un rayon 2,7 fois plus grand. Elle a ainsi une taille comprise entre celle de la Terre et celle des planètes géantes glacées du système solaire (Le système solaire est un système planétaire composé d'une étoile, le...), Uranus et Neptune.

Bien que la masse de GJ1214 soit similaire à celle de CoRoT-7b, son rayon est beaucoup plus grand, ce qui laisse supposer que la composition des deux planètes est vraiment différente. Alors que CoRoT-7b a probablement un cœur rocheux couvert de lave, les astronomes pensent que GJ1214b est composée à 75% de glace d'eau et que les 25% restant seraient constitués de fer et de silice.

GJ1214b fait le tour de son étoile en 38 heures à une distance de seulement deux millions de kilomètres – 70 fois plus proche de son étoile que la Terre du Soleil. "Etant si proche de son étoile, sa température (La température est une grandeur physique mesurée à l'aide d'un thermomètre et...) en surface doit être d'environ 200 degrés Celsius, ce qui est trop chaud pour que l'eau soit liquide," déclare David Charbonneau, premier auteur de l'article présentant cette découverte.

En comparant le rayon mesuré pour GJ1214b avec les modèles théoriques de planètes, les astronomes ont trouvé que ce rayon dépasse les prédictions des modèles: il y a quelque chose en plus de la surface solide de la planète qui occulte la lumière de l'étoile – une atmosphère de 200 kilomètres d'épaisseur. "Cette atmosphère est bien plus épaisse que celle de la Terre, aussi la forte pression et l'absence de lumière devraient empêcher toute forme de vie telle que nous la connaissons," précise David Charbonneau, "mais ces conditions restent très intéressantes car elles peuvent permettre le développement d'une chimie complexe."

"GJ1214b est trop chaude pour avoir pu garder une atmosphère pendant longtemps. Elle nous offre donc la première opportunité d'étude d'une atmosphère récemment formée, enveloppant un monde en orbite autour d'une autre étoile," ajoute Xavier Bonfils, un des membres de l'équipe. "De plus, cette planète étant si proche de nous, il sera possible d'étudier son atmosphère, même avec des équipements courants".

Cette planète a été détectée dans un premier temps comme un objet en transit par le projet MEarth qui observe environ 2000 étoiles de faible masse pour détecter des transits d'exoplanètes [4]. Afin de confirmer la nature planétaire (Un planétaire désigne un ensemble mécanique mobile, figurant le système solaire...) de GJ1214b et obtenir sa masse (en se servant de la méthode dite des vitesses radiales qui utilise l'effet Doppler), les astronomes ont eu besoin de la précision du spectrographe HARPS, installé au foyer du télescope (Un télescope, (du grec tele signifiant « loin » et skopein signifiant...) de 3,6 mètres de diamètre (Dans un cercle ou une sphère, le diamètre est un segment de droite passant par le centre...) de l'ESO à La Silla. Cet instrument de grande précision, d'une stabilité inégalée, est le meilleur des chasseurs de petites exoplanètes au monde.

"C'est la seconde super-Terre pour laquelle il a été possible d'obtenir la masse et le rayon, nous permettant ainsi de déterminer sa densité et d'en déduire sa structure interne," ajoute Stéphane Udry, un des co-auteurs de l'article. " Dans les deux cas, les données (Dans les technologies de l'information (TI), une donnée est une description élémentaire, souvent...) obtenues avec HARPS on été essentielles pour caractériser la planète."

"Les différences dans la composition de ces deux planètes sont utiles pour la quête de mondes habitables," conclut David Charbonneau. Si les super-Terres en général sont enveloppées par une atmosphère similaire à celle de GJ1214b, elles pourraient bien ne pas être propices au développement de la vie telle que nous la connaissons sur notre planète.


Notes

[1] Une super-Terre est par définition une planète dont la masse est comprise entre une et dix masses terrestres. Une exoplanète est une planète en orbite autour d'une étoile autre que le Soleil.

[2] L'étoile GJ1214 est cinq fois plus petite que notre Soleil et intrinsèquement trois cents fois moins brillante.

[3] CoRoT-7b est l'exoplanète connue la plus petite et à la vitesse orbitale la plus élevée. Elle a une densité sensiblement similaire à celle de la Terre ce qui laisse penser qu'il s'agit d'une planète rocheuse. Le satellite (Satellite peut faire référence à :) CoRoT du CNES a dans un premier temps détecté son transit ce qui a permis à HARPS de révéler sa véritable nature (ESO 33/09).

[4] Le projet MEarth utilise une armada de huit petits télescopes, ayant tous un diamètre de 40 cm, installés au sommet du Mont Hopkins, en Arizona aux USA. MEarth recherche des étoiles présentant des variations de luminosité (La luminosité désigne la caractéristique de ce qui émet ou réfléchit...). L'objectif est de détecter une planète qui passe devant son étoile (on appelle cela le transit). Pendant ces mini-éclipses, la planète occulte une petite fraction de la lumière de l'étoile, la rendant ainsi moins lumineuse. La mission Kepler de la NASA utilise également la méthode des transits pour rechercher des planètes de la taille de la Terre autour d'étoiles similaires au Soleil. Toutefois, dans de tels systèmes la baisse de l'intensité lumineuse de l'étoile est si infime qu'une très grande précision est nécessaire pour la détecter, ce qui signifie que de tels mondes ne peuvent être découverts que depuis l'espace. Par contre, une super-Terre passant devant une petite naine rouge (En astronomie, les naines rouges sont des étoiles de type spectral K ou M. Ce sont les...) produira une diminution de l'intensité lumineuse proportionnellement plus grande et donc un signal plus fort, détectable depuis la Terre.
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